Le calvaire est terminé ! Fini ! Après avoir passé plus d’un mois sur The Elder Scrolls Online, nous avons tourné la page. Oui, c’est un peu brut comme entrée en matière mais honnêtement, peu de MMORPG nous ont autant surpris et déçu à la fois. Ce n’est pourtant pas un mauvais jeu et nous sommes sans doute trop habitués et formatés par les jeux de rôle massivement multijoueur comme WoW (avant Mist of Pandaria), Star Wars, Rift et consorts. Et puis nous n’avions pas arpenté l’univers de Tamriel depuis Daggerfall, Morrowind et un rapide passage sur Oblivion et Skyrim. Le retour a été difficile…
De solides éléments narratifs
Commençons par les bons points. Les créateurs ont fait un excellent travail sur la narration. Elle est omniprésente et la moindre quête donne lieu à un dialogue à réponses multiples avec le commanditaire. Les doublages sont très bien faits, il y a encore quelques soucis de traduction dans les textes de certaines quêtes mais, dans l’ensemble, c’est réussi. Grâce à certaines compétences de persuasion ou d’intimidation, vous pouvez même résoudre certaines missions sans avoir à sortir l’épée ou même avoir à vous déplacer.
Autant vous dire qu’en plus de la kyrielle de quêtes disponibles, des donjons à faire seul ou en groupe de quatre, les lieux avec monstres spéciaux, les évènements ponctuels ou récurrents ayant lieu tout au long de la journée, vous allez avoir un planning chargé et passer du temps dans chacune des quatre régions du mondes. Régions qui vous sont attribuées en fonction de votre allégeance, déterminée à la création de votre personnage.
Des races, des professions et des Alliances
Par le biais d’un très puissant outil de création de personnage, vous pouvez en effet donner vie à votre avatar et le modeler comme de la pâte à sel. Vous avez à votre disposition 9 des races les plus emblématiques de l’univers d’Elder Scrolls : des Elfes Noirs au Rougegarde, en passant par le Bréton, ou Nordique. Côté profession, quatre sont à choisir : Guerrier (Chevalier Dragon), Voleur (Lamenoire), Sorcier et Paladin (Templier). Toutes les races y ont accès mais attention, en fonction de vos compétences raciales, il est plus pertinent d’opter pour tel ou tel type de profession.
La race choisie détermine automatiquement votre rattachement à l’une des trois grandes Factions du jeu, ce qui aura une importance cruciale en PvP (joueur contre joueur), seulement.
La liberté d’un jeu solo
Pour le reste, vous êtes libre, voire un peu trop, même si vous commencez l’aventure dans une prison crasseuse à l’intérieur du domaine du gros méchant du jeu (Molag Bal). Après votre évasion vous vous retrouvez livré à vous-même. Que ce soit dans le choix de vos métiers, de vos orientations martiales ou encore dans l’ordre où vous ferez les quêtes et explorerez les régions où vous mèneront vos pas, vous n’êtes à aucun moment pris par la main et guidé. Vous faites ce que vous voulez comme… dans un jeu de rôle solo de la licence Elder Scrolls. C’est d’ailleurs l’impression que vous aurez sans doute, celle de ne pas être dans un MMO…
Et pourtant… Vous préférez faire du PvP tout le temps et ne vous consacrez à votre quête de personnage que le reste du temps ? Possible. A partir du niveau 10, vous pourrez aller prendre des dérouillés sur les remparts des forts et châteaux à défendre au nom de votre Pacte dans une région où les trois Factions s’entredéchirent dans des campagnes de 60 jours. Vous pouvez donc faire partie des troupes au sol ou en charge de manipuler les armes de siège pour faire tomber les bastions ennemis. Il y a suffisamment de quêtes à faire en PvP et de combats à remporter pour ne vous permettre de faire du PvE que lorsque vous en avez envie. Et l’inverse est également vrai. Vous pouvez très bien vous contenter de faire toutes les quêtes des zones, parcourir les donjons, devenir un tueur de monstres et attaquer le contenu haut niveau du jeu sans jamais mettre un pied dans la région PvP.
Pas tout à la fois
Revers de la médaille, pour les non-initiés ou les habitués des MMO un peu plus cadrés, tant de liberté est déroutant. Nous avons eu énormément de mal à trouver nos marques. Il nous a fallu persévérer, nous accrocher et y aller à tâtons pour comprendre comment l’univers de TESO fonctionnait. Par exemple, chaque passage de niveau vous permet d’augmenter un attribut (Santé, Vigueur ou Magie) mais aussi de dépenser judicieusement un point de compétence pour améliorer ou acquérir un nouveau pouvoir actif ou passif. Pouvoir qui, d’ailleurs en passant, devient de plus en plus puissant à mesure que vous l’utilisez. Problème, il y en a facilement plus d’une cinquantaine pour chaque personnage (aptitudes de classe, de race, d’armure, d’arme, etc.). « Pas de problème, on les prend tous puisqu’on est libre » nous direz-vous…Libre de les acheter et de les faire évoluer mais pas de les utiliser. En effet, votre barre d’action ne peut accueillir que six pouvoirs dont un « Ultime ». Il faut donc faire des choix, les regretter, essayer de s’en sortir avec ce qu’on a. Choisir, c’est renoncer. Et en parlant de renoncer, Bethesda et ZeniMax baissent eux aussi les bras quand il s’agit de développer une vraie interface pour leur bébé. Attention, spoiler alert, nous allons attendrir la viande de développeurs et concepteurs dans les paragraphes suivants.
Elle est où mon interface de jeu ?
En effet, il ne nous a pas fallu jouer plus d’une heure pour nous poser la question : « Ai-je bien activé l’interface dans les options ? ». Un rapide détour par le menu…et non, nous n’avons rien loupé, pas un mot ou menu au sujet de l’UI. Il faut donc se rendre à l’évidence : l’interface de TESO est aussi épurée qu’inexistante. Analogue à celle de Skyrim. Et cela, « afin de nous immerger totalement dans le jeu ». Eh bien, loupé ! Cela n’a eu d’autres effets que de nous agacer. Et prodigieusement. Ainsi, pour ouvrir les menus des compétences, la fiche de personnage ou encore les outils de recherches de groupe (pour faire des donjons), direction le menu des options de commandes pour trouver les raccourcis. C’est seulement à ce moment-là qu’un semblant d’interface apparaît à l’écran. Impossible de la figer. Le seul élément pouvant l’être est la petite barre d’action dans laquelle vous placez vos sorts.
Pour avoir un semblant d’interface, seule solution, utiliser des extensions développées par d’autres joueurs et disponibles gratuitement sur le web. TESO veut se la jouer WoW…sauf qu’à la différence du jeu de Blizzard, le titre de Bethesda ne possède même pas un semblant de base potable ! Aucun renseignement sur les dégâts fait ou subis, ni même de renseignements sur les sorts bénéfiques ou maléfiques vous affectant ne sont affichables…rien, juste une barre de vie, simple et sans âme. Même la présentation de l’inventaire et de la banque sont à se pendre ! Les objets y sont présentés sous forme de liste et non en grille comme c’est l’usage. On passe son temps à jouer de la molette de la souris pour retrouver ses biens. Heureusement qu’il y a un système de classement par type d’objets mais visuellement ce n’est pas du tout au point. Et si dans l’absence d’interface est remarquée dans les phases d’exploration ou de résolution de quête, elle devient carrément flagrante lorsque vous combattez.
Un système de combat à la mode Elder Scrolls peu adapté au MMO
Comme dans tout bon MMO, vous allez passer votre temps à courir partout et – surtout – à occire des monstres et des humanoïdes à tour de bras. Et l’Art de la Guerre est difficile dans TESO. En effet, pour rester fidèle à la tradition Elder Scrolls, vous pouvez vous battre en vue à la première personne. Mais on repasse vite en vue à la troisième personne, bien plus courante dans les MMO, sans doute parce qu’elle offre une meilleure vue d’ensemble dans les combats.
Vient ensuite le moment où, lame au clair, vous allez devoir vous en servir. Pour ce faire, comme dans un FPS, vous placez votre viseur sur le monstre. Il s’auréole alors de rouge et tant que vous maintenez le viseur sur lui, vous lui envoyez les sorts stockés dans votre barre d’action dans les gencives. Alterner avec des attaques de base demande beaucoup d’entraînement et il faut reconnaître que c’est un challenge intéressant à relever. D’autant plus que vous comprenez rapidement qu’il est possible de faire des combos avec certaines capacités. Toutefois, et bien qu’à force on prenne le coup de main, cela reste difficilement gérable dès qu’il y a trop d’ennemis.
L’artisanat, le grand bazar
Au cours de vos périples, vous découvrirez toutes les matières premières nécessaires à l’artisanat. Des plantes, au minerai en passant par le bois, les insectes, les pierres d’enchantement, vous allez passer du temps à récolter tout le matériel nécessaire et celui-ci se fera une joie de s’amonceler dans votre banque et votre inventaire. Heureusement qu’il est possible d’acheter contre beaucoup (trop) de pièces d’or de la place en plus dans l’un comme dans l’autre.
Mais pour comprendre et bien assimiler le système de création d’objets de TESO, là aussi, il faut s’accrocher. Si vous avez joué à Skyrim, vous êtes en terrain connu. Pour les autres, les développeurs ont quand même eu la gentillesse de vous laisser des livres juste à côté des établis. Il vous faudra les lire (vraiment, hein) pour comprendre toutes les ficelles des différents artisanats disponibles et faire vos choix. Il faudra ensuite être patient puisque certaines améliorations pour vos fabrications peuvent demander jusqu’à deux jours pour opérer.
Et, pour ajouter un peu de fun à tout cela, certains métiers sont basés sur le coup de bol comme l’Alchimie, par exemple. Vous cueillez des plantes et vous trouvez de l’eau. Arrivé à l’établi, vous les associez pour d’une part trouver les propriétés de chaque herbage et d’autre part, espérer que tout cela fasse une potion. Si vous avez fait le bon mariage, vous aurez une fiole. Vous vous êtes loupé ? Vous perdez tous les composants engagés dans la fabrication.
TESO : une science économique mais pas sociale
Si vous avez été attentif, rares sont les fois où nous avons parlé des interactions avec les autres joueurs dans les paragraphes précédents. Déjà, il faut avoir conscience que vous jouez sur un Mégaserveur européen. Donc l’anglais sera de rigueur pour communiquer la plupart du temps. Un facteur limitant pour certains. Heureusement qu’il y a un canal spécialement pensé pour les chauvins que nous sommes. Une fois que vous aurez pris en main le système de chat (un bonheur aussi ça), vous pourrez commencer à baragouiner avec vos semblables. Mais autant vous dire que les échanges entre joueurs sont relativement limités dans le jeu. Annonce de ventes, de recherche de groupe, une petite prise de bec et c’est tout.
La plupart des joueurs actuels délaissent les systèmes de dialogues écrits au profit de TeamSpeak ou Mumble, me direz-vous. Certes, mais l’activité sociale n’est pas débordante sur les serveurs. Pourtant avec autant de peuple, ça devrait jacter non-stop. Seule solution pour se faire des copains : intégrer une guilde. Et, comme vous pouvez être membre de plusieurs en même temps, vous commencerez à rencontrer du monde. Et, surtout, commercer intensément. Car, dans TESO, contrairement à StarWars ou WoW, il n’y a pas du tout d’Hôtel des Ventes, un lieu fait pour écouler vos trouvailles, ou vos fabrications aux autres. Des guildes de marchands se sont donc spécialement créées, qui mettent leur banque et boutique de Guilde à disposition de tous les membres, favorisant ainsi le commerce.
Graphiquement plat mais une bonne IA
Terminons enfin par la réalisation du jeu. Globalement, c’est lisse, froid et parfois même austère. Les développeurs n’ont pas pris beaucoup de risque avec le moteur, c’est le même que celui de Skyrim à peu de choses près. La modélisation des personnages est au demeurant assez bien faite.
Les monstres sont eux aussi globalement bien faits mais souffrent de certains mouvements très raides. En revanche, à la différence d’un WoW, il n’est pas rare que les mignons contrôlés par l’intelligence artificielle fassent preuve d’initiative ou de malice. Ils vous passent dans le dos pour vous refaire les vertèbres, font une cabriole au-dessus de votre tête alors que vous vous apprêtiez à leur faire sauter leur dernier plombage, ou essaient de combiner leur pouvoir avec ceux de leurs alliés pour vous faire passer l’arme à gauche. Ils arrivent également qu’ils se soignent ou pansent leur semblable alors que vous êtes entrain de les cogner. Il faut alors tout recommencer et espérer ne pas mourir à nouveau. Une activité à laquelle vous vous adonnerez très souvent pendant les 25 premiers niveaux (sur 50). Avouons qu’il y a meilleur moyen de passer son temps qu’en n’en finissant pas de mourir…
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.