Après avoir balayé d’un revers de la main l’intérêt d’un module ultra grand-angle pour sa génération « Pixel 4 », Google a fait machine arrière avec le Pixel 5. Qui profite ainsi d’un 16 mm f/2.2 (en équivalent 24×36 mm) en plus du traditionnel 27 mm qui équipe le module caméra principal.
Un module qui est, depuis la première génération de la famille Pixel, « l’arme fatale » des terminaux de Google en proposant un niveau de performances excellent tant en matière d’AF, de niveau de détails de couleurs, etc. Mais le hic pour Google est que si les premiers Pixel ont marqué l’histoire de la photo sur smartphone, depuis la concurrence s’est sacrément bougé.
Module principal bien maîtrisé
L’équivalent 27 mm f/1.7 du Pixel 5 n’a pas l’optique la plus lumineuse, n’a pas le capteur le plus grand ni le mieux défini, mais Google le maîtrise bien. Extraordinairement bien même. Pour un « simple » module 12 Mpix, le niveau de détails des clichés est excellent.
Quand Samsung et Huawei utilisent des capteurs ultra riches en pixels pour suréchantillonner et récupérer un maximum de détails, Google arrive à le faire avec un capteur conventionnel finalement assez peu défini.
Les algorithmes de Google sont très efficaces dans l’analyse de l’image et sont à même de donner corps aux portes, feuilles, grilles et grillages, ou tout autres structures à motifs complexes.
Dans le domaine du piqué de l’image, c’est-à-dire cette mise en valeur des détails qui donne de la profondeur aux images, les algorithmes de Google sont vraiment excellents. Devant Apple dont les clichés, certes détaillés, n’ont pas le même punch.
Huawei arrive à faire mieux que Google dans ce domaine, mais avec des modules caméra bien plus complexes et avec des capteurs bien plus grands.
Le Pixel 5 dispose d’un impressionnant mode astrophotographie, qui peut fonctionner même en ville. S’il peut parfois être contraignant en matière de stabilité et son usage assez limité, cette fonction est cependant très sympathique
Pour la photo de nuit « de tous les jours », le terminal de Google est moins performant qu’un Huawei P40 Pro/Mate 40 Pro ou qu’un iPhone 12 Pro Max, les résultats restent bons en dépit de son capteur un peu daté.
Ultra grand-angle, épisode 1 : une mise à jour logicielle salvatrice
Avant de vous parler du module ultra grand-angle tel qu’il est, parlons de comment il fut au début du test. Nous avons reçu le Pixel 5 fin octobre. A l’occasion de congés, nous avons réalisé beaucoup de clichés. Au retour, nous avons pris quelques supplémentaires, puis testé l’iPhone 12 Pro Max, et transféré les images sur notre PC pour analyser les photos sur un écran.
Et là, horreur : toutes les photos en ultra grand-angle étaient floues. Toutes ? Non, les toutes dernières étaient certes un peu plus bruitées mais parfaitement nettes.
En examinant les données EXIF, c’est-à-dire les informations de prise de vue intégrées dans tous les clichés, il y avait une seule différence qui allait tout changer : la version de l’application photo.
Le passage de la version HDR+ 1.0.327100404zd à la version HDR+ 1.0.345618096nd réglait ce problème de netteté de l’image. De l’avantage d’attendre un peu les premières mises à jour logicielles (ou d’être en retard…) avant de coucher des conclusions.
Ultra grand-angle, épisode 2 : enfin du large dans un Pixel !
L’ultra grand-angle (UGA) du Pixel 5 est une addition bienvenue et rendra de nombreux services en intérieur comme dans le cas de photos de paysages. Côté couleurs, non seulement c’est bon si on considère le module de manière isolée, mais à l’instar d’Apple, on profite d’une très bonne continuité colorimétrique entre les deux modules caméra. Pas d’écarts de teintes entre deux clichés pris au même moment à des focales différentes, ce qui est loin d’être la norme.
En matière de qualité d’image et de niveau de détails, le module ultra grand-angle n’est pas au niveau du module principal, loin de là. En regardant de près les coins et bords de l’image, on sent que les algorithmes de correction optique sont à l’œuvre. Les défauts sont contenus, mais pas effacés : les images y sont un peu étirées et déformées et les branches nues de l’hiver laissent apparaître une teinte résiduelle de correction d’aberration chromatique.
On est loin de la quasi rectilinéairité du module UGA d’un Mate 40 Pro… et de son niveau de détails. Et pour cause : face au capteur géant de Huawei, Google réplique avec un petit capteur classique de petites dimensions. Heureusement que les algorithmes font une partie du travail dans le monde nuit, car sa montée native en hautes sensibilités est plus que réduite !
Mais ne faisons pas trop la fine bouche : dans sa gamme de prix, la qualité de ses couleurs et son autofocus suffisamment rapide en font un très bon module. Le seul vrai reproche qu’on peut lui faire au fond, c’est qu’il a chassé le module téléobjectif. Limitant ainsi (grandement) la puissance de zoom.
Un zoom numérique x2 qui dépanne tout juste
En gagnant un ultra grand-angle, le Pixel 5 a perdu le module téléobjectif des Pixel 4/Pixel 4XL. Le seul zoom disponible par défaut au-delà du 27mm est un zoom numérique x2, ce qui donne un modeste 54 mm numérique. C’est très inférieur à ce que propose la compétition.
Et c’est surtout un module médiocre dont la qualité est bien inférieure à un module assez similaire tel que le téléobjectif équivalent 65 mm de l’iPhone 12 Pro Max. Le téléobjectif d’Apple est plus précis, ses images plus propres et mieux exposées. Tandis que celui du Mate 40 Pro, de Huawei, lui met une belle déculottée.
Pour aller plus loin que cet équivalent 54 mm, et si vous êtes amateurs de purée de pixels, vous pouvez pincer/zoomer pour obtenir un zoom jusqu’à x7 (équivalent 189 mm).
Mais le résultat tient plus de l’expérience artistique façon Thomas Ruff que de la « vraie » photographie. N’en déplaise aux aficionados du « tout algorithmique », les vrais téléobjectifs et l’optique n’ont pas (encore) dit leur dernier mot.
Traitement d’image un peu trop agressif
Si les couleurs sont bonnes sur les deux modules caméra et le niveau de détails très bon sur le module principal, les clichés du Pixel 5 souffrent d’une petite faiblesse. Analysée sur un écran de PC, les photos font montre d’un niveau de bruit numérique assez fort, voire très fort dans les zones d’ombres.
En cause, la numérique logicielle qui élargie la plage dynamique des clichés. Les algorithmes HDR (high dynamic range) en combinant plusieurs prises de vue pour produire l’image finale produisent un fourmillement qui peut s’avérer assez fort dans les zones d’ombres.
Du côté des portraits, si la nature du flou d’arrière-plan est bonne, même sur des cheveux lisses et dans une situation favorable (ici pas de motif traître, une bonne distance entre le sujet et le fond de l’image), le détourage est loin d’être impeccable. Là encore, à vouloir tout faire à partir de seulement deux modules caméra et sans aide de module tiers (AF laser, capteur ToF, etc.), Google ne peut rivaliser avec Huawei, Oppo ou Apple.
Si l’ajout d’un module ultra grand-angle est appréciable, le Pixel 5 ne compte toujours que sur la qualité de ses algorithmes pour séduire. S’il faut reconnaître la maitrise de Google en matière de couleurs et les très bonnes images produites par son module caméra principal, le Pixel 5 n’est pas un photophone de pointe. Pas de super zoom, pas de qualité d’image « ultra » façon Huawei à cause de trop petits capteurs, pas d’autofocus de la mort, un petit temps de traitement d’image pour chaque cliché, etc.
S’il s’agit d’un excellent appareil photo milieu de gamme pour le grand public, il ne peut prétendre concurrencer les photophones sérieux d’Apple, Samsung, Oppo ou Huawei.
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