Rebelote pour Huawei : pour la seconde année consécutive, le champion chinois se place sur la première place -ainsi que sur la seconde avec le P40 Pro- de notre top 10 annuel des meilleurs smartphones en photo. Le « king » de l’année est le P40 Pro+, le terminal le plus haut de la gamme de Huawei. Au cœur de sa réussite, des composants sur mesure et des performances supérieures au reste de la compétition. À l’opposé de Google, qui voit tout sous l’angle de hardware générique épaulé par des algorithmes de pointe, Huawei met toujours l’accent sur un matériel de pointe. Et cela paye.
Le triomphe de composants hors normes
Dans la guerre « hardware contre software », le matériel n’a pas dit son dernier mot. Le P40 Pro+ conjugue ainsi les plus grands capteurs – ultra grand-angle et grand-angle – et le téléobjectif le puissant de la compétition. Des pièces électroniques et optomécaniques qui lui sont exclusives – les capteurs développés avec Sony, l’optique sans doute avec un partenaire chinois ou coréen.
Jugez plutôt : le capteur du module ultra grand-angle est x4 à x6 (vous avez bien lu) plus grand que les capteurs des modules concurrents. Celui du module caméra principal est le plus grand de l’industrie (presque x3 plus grand que celui de l’iPhone 11 !) et le téléobjectif maximal est de x2 à x4,5 plus puissant que ceux de la compétition.
Si les différents acteurs arrivent à imposer leurs maîtrises dans différents domaines – Apple et Google pour les couleurs, Google et Sony dans l’autofocus – il n’empêche que l’arsenal de Huawei fait de son P40 Pro+ un vrai tank qui roule sur la compétition.
Toujours le roi des basses lumières
Que ce soit en ultra grand-angle ou en grand-angle, le P40 Pro+ est le « king » des basses lumières. D’un côté, il y a encore la grande taille de ses capteurs qui collectent logiquement plus de lumière que les capteurs plus petits. Mais il y a aussi les partis pris quant à la quantité de photodiodes (improprement appelés « pixels »), leur nature et leur agencement.
En ce qui concerne le capteur de l’ultra grand-angle, ses 40 Mpix sont organisés en groupes de 16 unités, ce qui permet de créer des « super pixels » collectant beaucoup de lumière. Les algorithmes moulinent les informations de ces 2,5 millions de « super pixels » pour créer des images de 10 Mpix dont la qualité écrase tout simplement la concurrence. Alors que les les modules ultra grand-angles classiques font appel à de tout petits capteurs de type 1/4’’, ce capteur géant permet au P40 Pro de produire des clichés plusieurs crans au-dessus de la concurrence, autant en plein jour qu’en en basses lumières.
Il suffit de regarder les images à 100% pour voir que les clichés ultra grand-angles du P40 Pro+ ressemblent à des images sortant d’un vrai appareil photo, tandis que les concurrents ont un niveau de détails équivalent à un (vieux) compact.
Du côté du module principal grand-angle, si le capteur conserve un agencement classique des photosites, les diodes vertes cèdent leur place à des photodiodes jaunes pour récolter encore plus de lumière (le filtre jaune laisse passer plus de photons que le vert). Ce qui permet physiquement de collecter plus de lumière. Même s’il reste à Huawei à peaufiner son traitement des couleurs, certains clichés tirant un peu trop vers le violet, les détails sont là. Même sans passer par le mode nuit.
Ce super capteur principal est d’ailleurs une des raisons principales de la domination des téléobjectifs du P40 Pro+ en basses lumières. En effet, les deux modules téléobjectifs – équivalents 80 et mm et 240 mm – produisent de meilleures images quand les photons se font rares, car ils s’appuient sur une partie des informations collectées par ce capteur géant.
Il défie les compacts experts… et menace les bridges !
Le P40 Pro+ est l’archétype du terminal qui met à mal (à mort ?) les appareils photo. Face à un compact expert de type RX100 Mark VI, le P40 Pro+ dispose de deux capteurs « géants » presque aussi grands que le modèle 1 pouce du champion de Sony. Quant à la puissance de zoom de notre smartphone, elle est plus de 50% supérieure ! L’appareil de Sony conserve l’avantage dans la richesse des détails avec ses 20 Mpix, mais côté rendu d’image, le P40 Pro+ produit souvent des photos qui ont plus de punch.
S’il est certain que ses fichiers RAW (et JPEG a fortiori) ont moins de latitude dans le développement des images a posteriori, le niveau de qualité d’image de 18 à 23 mm est clairement du niveau d’un compact expert – et c’est même meilleur en très basses lumières, grâce à la puissance du processeur d’image (ISP).
Côté puissance de zoom, le terminal de Huawei marque un grand pas dans l’histoire de la smartphotographie en vous mettant un 240 mm qui donne un équivalent zoom x13 dans la poche !
De quoi oublier les compacts voire les vieux bridges à petit capteur. Seul l’honneur des bridges Sony (RX10 Mark I, Mark II, Mark III et Mark IV) et Panasonic (FZ1000, FZ2000 et FZ1000 Mark II) est sauf, la grâce soit rendue à leur grand capteur 1 pouce et leurs optiques haut de gamme. Mais ils pèsent jusqu’à 1 kilogramme quand le P40 Pro+, lui, tient dans votre poche…
Encore des progrès à faire dans la gestion des couleurs
Depuis le P20 Pro, Huawei a bien amélioré sa gestion des couleurs… ce qui ne veut pas dire que la partition est parfaite.
Du bon côté de la Force, on note une réduction drastique des clichés aux couleurs aberrantes comme cela a été le cas avec le premier capteur à matrice RYYB du P30 Pro. De jour, les couleurs sont généralement belles et plutôt fidèles.
En intérieur, le P40 Pro+ gère beaucoup mieux la balance des blancs avec deux températures de couleur différentes, ce qui est un très beau progrès.
Du côté obscur de la Force, on reproche encore au chinois des couleurs parfois trop variables entre deux clichés pris avec le même module à deux secondes d’intervalle. En cause : la moulinette colorimétrique qui met parfois une ou deux secondes à se « caler » sur la bonne température (et la bonne teinte) de couleurs.
Un biais qui conduit au second défaut, moins prégnant que par le passé, mais toujours présent, à savoir la continuité colorimétrique aléatoire entre les différents modules caméra. Même en plein jour, les algorithmes peuvent se prendre les pieds dans le tapis et interpréter différemment les couleurs de la même scène. Même sur un ciel bleu !
Huawei travaille et progresse, mais Google et surtout Apple (qui gère jusqu’à trois focales) sont toujours bien devant en matière de couleurs. Le bon point pour Huawei étant qu’ici, tout est logiciel et donc plus facile à corriger que la réactivité ou le bruit numérique intrinsèques d’un capteur. On attend donc de belles mises à jour de la part de Huawei…
Objectif 2021 : autofocus
Sans être lent, le P40 Pro+ n’est pas non plus le terminal le plus véloce de la compétition. C’est ici encore une affaire d’ISP. Le processeur d’image des Snapdragon et des puces Ax d’Apple sont (vraiment) très rapides et le déclenchement est souvent instantané.
À cela s’ajoute un temps interimage bien plus lent que chez Google par exemple, où la capture des clichés se fait instantanément, sans ralentissement ni perte d’affichage de l’image actuelle. Si ce n’est pas un veau, le P40 Pro+ n’est pas un grand nerveux.
Espérons que Huawei améliore son ISP pour la génération 2021 de son SoC afin de coller aux performances de Qualcomm et Apple. Enfin, si Huawei trouve des usines pour faire fabriquer ses futures puces, TSMC ayant en effet cédé au gouvernement américain en coupant les points avec le mastodonte chinois…
Huawei or not Huawei ? That is the Google
Avant de tester le P40 Pro+ et de choisir de l’intégrer – ou non – dans notre édition 2020 de notre top 10 des meilleurs smartphones en photo, nous nous sommes posé cette question : le fait qu’il soit privé des services de Google le condamne-t-il à être écarté ? La réponse fut assez rapidement « non », car on parle ici uniquement de photo, de qualité d’image.
De plus, si la cible est désormais réduite – difficile de conseiller à un néophyte un terminal qui demande de passer par des téléchargements d’APK, logiquement plus à risque que le Google Play –, le fait est que votre serviteur a pu installer de nombreux programmes d’importance (Office, Evernote, OneDrive, Komoot, etc.). À quelques exceptions près : point de Strava par exemple. Quant aux programmes de Google, les Gmail et autres Google Maps restent accessibles via des raccourcis web. Et des alternatives crédibles sont là – Here est un très bon service de cartographie par exemple.
Finalement, nous ne pouvons pas passer tout notre temps à inviter nos lecteurs à se questionner sur la domination de Google et inciter le public à chercher des alternatives à ses services, tout en poussant des cris d’orfraie quand un tel terminal impose cette démarche.
BILAN
Le P40 Pro+ est la Rolls des photophones du moment et il restera dans l’histoire comme celui qui aura explosé tous les records en matière de puissance – et de qualité – de téléobjectif. Sa puissance de zoom optique x13 est du jamais vu dans le domaine, son module ultra grand-angle produit des images à des éons de la concurrence, son module principal reste très bon, il progresse dans la gestion des couleurs, est très bien stabilisé, et le noir ne lui fait pas peur.
En matière d’image, ses seules limites sont un autofocus dans la moyenne et une gestion des couleurs pas encore au niveau d’Apple. Mais ses vraies faiblesses sont le prix, élevé, et l’absence de services Google. Sans nul doute le plus sérieux frein à l’achat sous nos latitudes occidentales.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.