Qu’est-ce qui a changé en photo entre l’iPhone 12 Pro Max, fleuron de la génération précédente, et les iPhone 13 Pro et Pro Max de cette fin d’année 2021 ? Extérieurement, pas grand-chose. Outre le design pérennisant le côté anguleux de la génération « 12 », on retrouve la même organisation du système à trois modules caméra. Cela veut-il dire que rien ne change ? Pas vraiment : outre un léger rallongement de la focale téléobjectif, tous les modules ont été améliorés, que ce soit sur le plan optique ou électronique. Des modifications qui sont perceptibles à l’œil quand on compare le diamètre extérieur des blocs optiques.
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Le premier progrès à souligner est moins technique que marketing. Contrairement à la génération 12, qui imposait le Pro Max pour avoir le plus grand capteur au sein du module principal, les iPhone 13 Pro et Pro Max partagent désormais la même partition photo. Plus besoin d’avoir à souffrir un très gros terminal pour profiter du meilleur d’Apple en photo.
Une très bonne nouvelle pour ceux qui auraient peur des 240 g (sans coque de protection) de l’iPhone 13 Pro Max (+12 grammes par rapport au 12 Pro Max). Avec ses 204 grammes, l’iPhone 13 Pro grossit peut-être plus que son grand frère (+16g), mais reste 15% moins lourd que le Pro Max.
Ultra grand-angle : plus de lumière et proxiphotographie
Si nous n’avons pas encore d’information sur la taille du capteur (vivement que iFixit démonte ça), on sait néanmoins que la couverture angulaire de l’ultra grand-angle est inchangée d’une génération sur l’autre : le module reste un équivalent 13 mm. Mais l’optique a été revue de fond en comble.
D’une part, elle est quasiment deux fois plus lumineuse, passant de f/2.4 à f/1.8. Avec un si petit capteur (sans doute le même 1/3.6’’ de la génération précédente), c’est un progrès théorique notable puisque cela permet de baisser d’un cran la montée en ISO à luminosité équivalente. D’autre part, l’autre progrès annoncé, c’est que le design optique dispose d’une configuration « macro ». Ou plutôt proxiphotographie, puisque le rapport de grossissement est loin du 1:1 mais vous avez compris le principe : l’ultra grand-angle permet de faire la mise au point bien plus près.
Pour ce qui est de la fonction macro, il convient d’abord de mieux la nommer. Il s’agit plus d’un mode de proxiphotographie que de profiter d’un rapport de grandissement intéressant. On a beau être proche des sujets, on ne « rentre » pas autant dans les détails qu’avec une vraie optique macro. Et pour cause : la couverture angulaire est bien trop large !
Si vous allez faire un tour du côté des optiques macros pour « vrais » appareils photo, aucun n’est ultra grand-angle. D’ailleurs, aucune n’est même « grand-angle », il s’agit au mieux de focales dites « standard » (50 mm ou équivalent), voire de téléobjectifs. L’effet que rend cette capacité de proxiphotographie améliorée peut être vraiment agréable selon la nature du sujet et selon le placement de la lumière par rapport à lui.
Côté qualité d’image en usage « normal », la montée en sensibilités est toujours le gros point faible du (trop petit) capteur. En très basses lumières les photos, quoi que parfaitement exposées et dotée d’une grande fidélité des couleurs, affichent un niveau de lissage des détails important. Et en plein jour, si le niveau de détail est plutôt bon (quoi que toujours très lissé), le bruit numérique dans les zones sombres est élevé.
Grand-angle : toujours solide et super rapide
Plus de lumière, c’est aussi le mot d’ordre du capteur de ce module principal. Toujours en 12 Mpix, toujours stabilisé mécaniquement, toujours couplé à une optique équivalent 26 mm, ce nouveau capteur est 25% plus grand que celui de l’iPhone 12 Pro Max (qui était déjà plus grand que ceux des iPhone 12).
A ce supplément de surface, s’ajoute une légère amélioration de la valeur d’ouverture du diaphragme de l’optique. Quand on dit légère, c’est un euphémisme puisqu’on passe de f/1.6 à f/1.5 – mais tout progrès est bon à prendre, la montée en sensibilité n’étant pas le point fort des iPhone 12 (7e de notre Top 10 annuel des smartphones en photo).
En pratique, il s’agit toujours du meilleur module des trois disponibles, ce qui est logique vu sa taille et sa stabilisation mécanique qui garantit un meilleur niveau de netteté (et moins de bruit numérique). Il est toujours aussi rapide à faire la mise au point et les couleurs et l’exposition sont, comme on en parlera plus loin, encore meilleures.
En matière de basses lumières, il y a un peu de progrès, mais il est surtout à mettre au crédit de la qualité d’interprétation des couleurs. Côté bruit numérique, si on sent une amélioration dans certaines zones, le progrès est plus marginal.
Téléobjectif : un peu plus de zoom (mais pas encore assez)
Sur le papier, Apple a fait un pari un peu osé avec le téléobjectif. A contrepied des autres modules, le téléobjectif perd de la luminosité à tous les étages. D’une part, sa puissance de grandissement passe d’un équivalent 65 mm (iPhone 12 Pro Max) à 77 mm – couverture angulaire plus étroite implique moins de lumière collectée. D’autre part, la valeur d’ouverture baisse de 2/3 de stop en passant de f/2.2 à f/2.8 – en français, ça veut dire que l’optique collecte 66% de lumière en moins.
Sur le terrain, le supplément de zoom permet effectivement de resserrer un peu les visages. Mais c’est trop peu pour faire une vraie différence par rapport à la génération précédente – sans même parler d’Android.
Il manque clairement un module dont la focale serait comprise entre un équivalent 150 mm, voire 240 mm, comme on en trouve ailleurs. Le manque est prégnant quand on se place du point de vue du touriste qui veut capturer des paysages, des détails d’architecture, ou du point de vue du parent qui veut immortaliser une action sportive de son marmot. Dans ces deux domaines, l’équivalent 77 mm est un peu trop juste.
Apple, le roi des couleurs… et de l’exposition
Tous modules confondus, l’iPhone 13 Pro (Max) est, encore plus que son aïeul le 12 Pro Max, le roi incontesté de la fidélité des couleurs. Et désormais aussi de la qualité d’exposition : ses algorithmes couplés et son processeur d’image produisent des clichés idéalement exposés quasiment à chaque fois. Véritable cas d’école, Apple progresse encore d’un cran en matière de rendu en éliminant totalement le côté parfois exagéré (ou tout du moins pas 100% naturel) du rendu HDR. Les zones difficiles – sous ou surexposées – sont désormais ajustées de manière optimale.
Mieux encore : la fonction Styles photographiques est un bijou de peaufinage logiciel. Loin de présenter de simples filtres de couleurs, cette fonction (qui s’active en balayant l’image vers le haut et en sélectionnant l’icône avec trois carrés superposés) offre plusieurs bases de départ pour des rendus réalistes, mais pré-interprétés – standard, contraste riche, vibrant, chaud et froid. Des rendus sur lesquels le photographe peut influer grâce à deux molettes (tons et chaleur).
Les maniaques du contrôle de la nature de l’image pourront reprocher qu’il n’y a que deux éléments paramétrables, mais cette limite permet d’éviter d’être perdu dans les fonctions. Seul regret : les Styles photographiques n’ont pas (encore ?) été portés pour les iPhone 12.
Mais aussi le roi du lissage des détails !
Avec des clichés aux couleurs et à l’exposition impeccable, l’iPhone 13 a de quoi séduire… quand on se contente d’une consommation et d’une appréciation de cette qualité sur un petit écran. Car, comme pour la génération précédente – et la précédente, et la précédente, etc. – une fois l’image examinée, le lissage des détails est fort. Beaucoup trop fort.
Oui, de bons photograveurs sont à même de réaliser de très grands tirages sur la base des clichés de l’iPhone. Mais sans leurs logiciels et leurs connaissances, les fichiers restent désespérément plats – manque de modelé et de piqué – et bien trop lissés.
Si le lissage est moins marqué sur le module principal, même lui ne supporte pas la comparaison par rapport à la concurrence qui fait appel à des capteurs plus riches en photodiodes au moment de la capture.
Les limites du capteur 12 Mpix natif
Pour une définition de sortie fixée à 12 Mpix, il y a deux écoles en matière de choix de capteurs.
D’un côté les américains d’Apple et Google tablent sur des capteurs dont la définition est de 12 Mpix, privilégiant des photodiodes moins nombreuses, mais plus grandes.
De l’autre, il y a les asiatiques de Samsung, Huawei, Xiaomi et autres qui sélectionnent des capteurs allant de 48 Mpix à 108 Mpix, qui combinent les informations de 4 à 9 photodiodes pour rendre un unique pixel.
Alors que son processeur d’image (ISP) est super performant et même en s’appuyant sur l’excellente science des couleurs d’Apple, les iPhone 13 Pro n’arrivent pas à rendre des images avec un modelé, un piqué, une profondeur aussi bonne que celles produites par des terminaux type Mate 40 Pro ou Xiaomi Mi 11 Ultra. Même constat en matière de basses lumières : la réduction du bruit numérique est largement meilleure chez les constructeurs asiatiques.
S’il se pose évidemment des questions quant à la qualité intrinsèque des optiques d’Apple – notamment face aux joyaux de piqué et de précision de Huawei – il nous semble cependant que la messe est bien dite en matière de densité de pixels. Dans le domaine des smartphones, les capteurs très denses en pixels utilisant le sur-échantillonnage sont plus efficaces que des capteurs moins définis aux photodiodes plus grandes.
Qualité d’image : face à l’iPhone 12 Pro Max
Par rapport à son aïeul, l’iPhone 13 Pro (et Pro Max) apporte le mode macro en ultra grand-angle, quelques progrès en basses lumières, un petit supplément de puissance de zoom et surtout les styles photographiques. Est-ce suffisant pour justifier le changement de terminal ? Si vous shootez énormément avec votre smartphone et que c’est votre appareil photo principal, vous apprécierez ces améliorations – ainsi que les avancées vidéos, volontairement non abordées dans ce test photo.
Mais si vous voulez sentir un grand bond en avant ou que la photo n’est qu’une fonction parmi toutes les autres, alors le saut de qualité n’est pas suffisant pour justifier de faire sauter la banque.
Qualité d’image : face au Samsung Galaxy S21 Ultra 5G
Marque symbole d’Android, Samsung est non seulement le numéro 1 mondial des smartphones, mais aussi l’un des champions de la photo du segment. Sa position de leader de l’image, il la doit notamment à sa division semi-conducteurs dont sortent des centaines de millions de capteurs tous les ans – derrière Sony, Samsung est le numéro 2 mondial des capteurs CMOS. Troisième de notre classement des meilleurs smartphones en photo (derrière Huawei et le « coup » de Xiaomi, le Mi 11 Ultra) le Galaxy S21 Ultra 5G est un des fleurons de l’équipe Android, et se place frontalement face à Apple. Avec une partition très différente, puisque Samsung met des modules caméra à la pelle : avec des équivalents 13 mm, 24 mm, 72 mm et 240 mm, en plus d’un module dédié à l’AF, le Galaxy S21 Ultra est plus fourni. Côté couleurs et réactivité, l’avantage est plutôt du côté d’Apple – mais pas de beaucoup. En matière de bruit numérique, les résultats varient selon les focales.
Mais du côté des téléobjectifs, le Galaxy S21 Ultra 5G l’avantage, tant sur le mode portrait du 72 mm que sur la portée de son équivalent 240 mm – aussi utilisable en portrait, mais avec beaucoup de lumière.
Qualité d’image : face au Huawei Mate 40 Pro
Privé des services Google et de puces de dernière génération, Huawei est désormais dans les cordes – ses parts de marché s’érodent massivement, même dans son marché domestique. Un revers qui ne doit pas faire oublier que le Chinois est le maître de la photo sur smartphone : depuis le P30 Pro en 2019, Huawei s’est toujours placé 1er de notre top 10 photo. Et le Mate 40 Pro a enfoncé le clou cette année avec une plus grande maîtrise des couleurs et un niveau de détails et de qualité optique qui laisse tout le monde derrière – son seul vrai talon d’Achille étant l’autofocus.
Côté exposition et autofocus, l’avantage est à Apple : l’iPhone 13 Pro (Max) est plus rapide et se fait moins trahir par les lumières – mais on peut compenser à la main en sous ou surexposant. En revanche, en matière de qualité d’image pure, de niveau de détails, de bruit en basses lumières et de précision optique, Huawei est toujours loin devant.
Sans oublier que son capteur géant en ultra grand-angle, quoique doté d’une vision moins large, est tout bonnement le meilleur du monde. Et que sa puissance de zoom est, là encore, supérieure.
Domination logicielle évidente, capteurs à renouveler
L’iPhone 13 Pro (Max) reste un terminal qui offre une partition photographique solide. Son autofocus est une référence, ses couleurs et la qualité de la mesure d’exposition itou et l’intégration logicielle est excellente. L’arrivée des « Styles photographiques » est une addition bienvenue à l’application « Photo », et on regrette qu’Apple ne l’ait pas encore déployé sur les terminaux de la génération précédente – même si on doute que cela arrive. Les progrès par rapport à la génération précédente sont cependant uniquement décelables par les utilisateurs qui auront un usage intensif de leur terminal.
Mais face à la concurrence Android, l’iPhone souffre toujours d’une faible puissance de zoom. Et surtout d’un manque de modelé, de profondeur et de richesse des détails et d’un niveau de bruit bien supérieur.
Selon nous, le talon d’Achille d’Apple est à chercher du côté du conservatisme de l’entreprise dans ses modules caméra : ses capteurs restent trop petits (notamment en ultra grand-angle) et bloqués à 12 Mpix, ce alors même que plusieurs années de compétition en 48 Mpix, 50 Mpix, 64 Mpix et 108 Mpix ont prouvé qu’il vaut mieux sur-échantillonner pour obtenir de meilleurs clichés à 12 Mpix.
Avec sa maîtrise logicielle, Apple pourrait prendre la tête de la compétition l’an prochain si ses ingénieurs décident de basculer sur des capteurs plus denses. En attendant, l’iPhone 13 Pro (Max) reste un excellent terminal, mais la concurrence Android en face est rude. Sauf en matière de vidéo, où Apple domine outrageusement, là encore pour des raisons logicielles. Mais c’est une autre histoire, un autre test !
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