Resserrons le débat rapidement : s’il existe une multitude de jeux de foot sur le marché, les accros du pixel-foot ne le savent que trop bien : il n’en existe en réalité que deux. Et pour les apôtres de chacun d’eux, un seul : PES (Pro Evolution Soccer) OU FIFA. À la rédaction, jouons cartes sur tables, nous sommes plutôt des adeptes du Père Fifa, surtout depuis que les liturgies post-PES 6 nous ont poussés à déserter la Chapelle de Sainte Konami. Ce que nous avons fait sans aucun mal ni regret tant la licence a perdu son âme après avoir atteint, pourtant, un véritable sommet. D’un jeu de simulation ultra réaliste, au rythme équilibré et techniquement quasi parfait, Pro Evolution Soccer est devenu tout l’inverse et a payé au prix fort sa volonté de plaire à tout prix aux joueurs plus « Arcade » de FIFA. Mais ces derniers avaient déjà leurs marques chez Electronic Arts, et ont préféré garder leur idole originale plutôt que de passer à sa copie imparfaite. C’était en 2007. Dans le même temps, FIFA faisait intelligemment le chemin inverse : une refonte complète du gameplay qui mena alors la licence à un niveau de simulation jamais atteint… tout en gardant les forces historiques du jeu : les animations, l’ambiance extra-match et la diversité des modes de jeu. Depuis ce fameux FIFA 08 lancé à la rentrée 2007, Pro Evolution Soccer n’a jamais refait son retard. Mais PES 2014 lancé l’an dernier laissait déjà entrevoir de gros efforts du côté de Konami, même si l’éditeur a fait le choix de zapper les consoles Next Gen (PS4 et Xbox One). Un mal pour un bien, puisque ce premier retour encourageant allait servir de fondations au véritable come back que constitue PES 2015. Au point de semer le trouble dans la foi des plus pratiquants ?
Graphismes : FIFA
Le bond en avant graphique de ce PES 2015 est notable, et ce grâce au nouveau moteur de jeu Fox Engine introduit avec la version 2014 (sur Xbox 360 et PS3 uniquement). Les ambiances visuelles globales gagnent en réalisme et en richesse, notamment en ce qui concerne les plans larges des stades, mais ce sont surtout les joueurs qui en profitent : des mouvements plus naturels, des textures plus détaillées et surtout une modélisation particulièrement soignée des visages. Si l’approche visuelle est différente de celle de FIFA sur ce plan, comme le montrent nos face-à-face, le niveau de modélisation est égal entre les deux licences.
Enfin, surtout pour les visages connus. Les joueurs du second cercle, dont Pastore faisait partie avant d’élever son niveau de jeu récemment, sont beaucoup moins soignés :
Electronic Arts suit la même logique, mais il faut bien avouer que son premier cercle est bien plus large. De même, FIFA reste devant sur d’autres aspects graphiques, comme le rendu de la pelouse, par exemple, ou encore la souplesse des shorts et des maillots. Konami a aussi des efforts à faire sur le rendu du public. La cinématique d’avant-match montre un stade vide derrière les joueurs, alors qu’il est bel et bien rempli sur les autres plans.
Parmi les détails un peu gênants repérés ça et là : des filets encore trop rigides, l’apparition d’une étrange protubérance au niveau des hanches sur certains plans, ou encore une gestion pas assez fine (visuellement) du contact de la balle avec les chaussures (voir ci-dessous).
Mais quoi qu’il en soit, ce PES 2015 est indéniablement sur la bonne voie, et les équipes de Konami planchent déjà depuis quelques mois sur ces détails qui placeront à coup sûr PES 2016 un cran encore au-dessus. Pour le moment FIFA garde la tête.
Gameplay : égalité
Après s’est (re)familiarisé avec les contrôles de PES et laissé de côté les réflexes de FIFA, il faut bien avouer que manier ce PES est un vrai plaisir. Plus tactique, plus lent, plus réfléchi, ce cru 2015 marque enfin le retour des PES comme on les aime. Notamment en défense, où clairement, il passe devant FIFA selon nous. Alors que la tâche est à la fois aléatoire et pénible sur FIFA, d’autant plus face à certains attaquants inarrêtables, elle est jouissive sur PES : le bloc défensif est souvent bien en place, et l’adversaire doit redoubler de passes et construire intelligemment pour en venir à bout. De même, un simple crochet n’ouvre pas forcément un boulevard comme c’est trop souvent le cas dans FIFA (avec certains attaquants). En phase offensive, là aussi, PES a travaillé dur et met à l’honneur le jeu construit, à tel point que les matchs de 10 minutes s’imposent (au lieu des 6 minutes habituelles). Exit les rushs solitaires ou les passes automatiques qui trouvent toujours preneurs. PES a réintroduit la gestion fine de la jauge de passe, et c’est un plaisir de maîtriser à ce point le rythme de la construction. Pour autant le gameplay n’est pas sans défaut. Les gardiens s’emploient très justement de différentes façons selon l’intensité des frappes, mais ils font souvent preuve d’immobilisme sur certains types de tirs. On regrette aussi le manque de réalisme dans le jugement de l’arbitre, qui reste de marbre face à une agression en bonne et due forme avant de sanctionner par la suite d’un jaune une légère obstruction sans enjeu. Dommage aussi que les passes en profondeur, une fois bien maîtrisées, trouvent preneur dans 95% des cas. Globalement, Konami met ici une énorme pression sur EA, et il nous tarde de voir comment ils vont faire évoluer leurs titres respectifs l’an prochain.
Richesse du contenu : FIFA, de peu
FIFA est historiquement plus garni que PES en termes de licences officielles, et c’est un plus indéniable. Konami n’a en réalité qu’une poignée de licences : Ligue 1 et Ligue 2 françaises, premières divisions italienne, hollandaise et argentine, première et deuxième divisions espagnoles, et des dizaines de clubs isolés. Par exemple, s’il est bien possible de jouer avec les équipes des 2 premières divisions anglaises, seul Manchester United y figure sous ses couleurs et son nom officiels. Les fans d’Arsenal devront ainsi composer avec North London… Question immersion, on a connu mieux. À côté, FIFA faire figure de Linkedin du foot. Mais. Oui, il y a un mais non négligeable. PES a l’exclusivité de la coupe aux grandes oreilles, le Saint-Graal de toutes les paroisses, la Ligue des Champions. Et toute la panoplie qui va avec : musique officielle, habillage TV, codes visuels, etc. Bref, c’est le grand frisson assuré pour ceux qui, nombreux, consacrent de nombreux mardis et mercredis de l’année à la plus grande des compétitions de clubs européennes. D’ailleurs, PES reprend même les sponsors officiels de la Ligue des Champions (contrat oblige), ce qui peut amener des situations assez comiques. Les encarts dynamiques des stades affichent des pubs pour la Playstation au coeur d’une partie jouée… sur Xbox One. Microsoft appréciera. Du côté de FIFA, il faudra se contenter d’une bien pâle « Coupe Champions ». Malgré tout, sur le plan des contenus, et en toute objectivité, Konami est encore loin derrière la licence d’Electronic Arts.
Réalisation : FIFA
Tout japonais qu’il est, Konami a fait l’impasse sur les codes visuels locaux. Point d’excentricité ou de mille-feuilles de couleurs dans les différents menus de navigation, place à la sobriété. Alors certes, on ne choisit pas un jeu sur le look de son interface, mais question fun, le compte n’y est pas vraiment.
Sauf peut-être au niveau de l’écran d’accueil en tuiles, plutôt réussi.
Plus gênant en revanche, il est difficile de visualiser rapidement l’état de forme des joueurs en cours de match une fois dans le menu de gestion d’équipe. Très agaçant lorsqu’il s’agit d’effectuer des changements en conséquence, par exemple. Mais à l’inverse, avant chaque match, le système propose de faciliter la fastidieuse tâche de la composition d’équipe en sélectionnant automatiquement les joueurs selon des critères de notre choix : par état de forme ou de capacité. Très pratique ! Question réalisation, on regrette que les ralentis ne soient pas systématiques après les cartons jaunes, et à l’inverse, on ne peut que saluer l’absence de cinématiques lors des changements de joueurs, qui se font du coup bien plus rapidement. Mais globalement, Konami a encore des efforts à faire pour rendre son titre plus convivial et instinctif. FIFA est encore devant sur ce critère.
Verdict
Fans de FIFA ? Ouvrez vos chakras et tentez l’aventure, ne serait-ce qu’en téléchargeant la démo de PES 2015. Jouez plusieurs matches et laissez-vous imprégner par son gameplay avant d’émettre tout jugement hâtif. Vous n’accrochez pas ? Au pire vous aurez fait preuve de curiosité (ce qu’il faut toujours saluer), et au mieux, vous pourrez souffler à votre éditeur favori quelques atouts de PES dont il devrait bien s’inspirer. Pour l’instant, FIFA reste selon nous un cran au-dessus, vous pouvez fanfaronner sans crainte ces 12 prochains mois. Fans de PES ? Gardez la foi, il semblerait que Konami ait ravivé la sienne. En 2016, les ringards du ballon rond seront peut-être ceux d’en face.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.