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Test : PES 2011, meilleur épisode de la génération HD

Quatre ans après PES 6, la série de Konami renoue avec ses valeurs : du spectacle, du challenge, et de la technicité. Mais elle garde un côté vieille école.

Cela ressemble à un moment d’égarement, de nostalgie, de sympathie. Un murmure pas très rationnel, dans un coin de la tête : « quand même, c’était bien, PES ». Cela fait désormais plusieurs saisons, quatre, exactement, que la série de Konami n’est plus considérée comme la référence. Mais un peu comme l’Ajax des années 90, ou l’Arsenal des années 2000, même quand elle perd de sa superbe, ses supporters y restent attachés.
On aura beau dire, un PES n’est pas une simulation de football. C’est un PES, un sous-genre à lui tout seul et une jolie histoire d’amour et de haine passionnelle qui s’est tissée, avec le temps, entre les joueurs et lui. Et si l’on peut accorder une chose à cette édition 2011, c’est de savoir réveiller de bons souvenirs.

Une modélisation des joueurs travaillée, des équipes bien en place, un dosage savant entre risque, chance et maîtrise, et voilà qu’en deux-trois réglages, PES fait renaître de vieilles sensations oubliées. Avant de se compromettre en 2008 et 2009 dans deux épisodes mal réglés, aux défenses catastrophiques et au rendu visuel un peu honteux, la série de Konami avait su développer un style unique, un équilibre fascinant entre spectacle et réalisme, un authentique feeling, reconnaissable entre tous, et après un épisode 2010 de transition, c’est un peu de ce même feeling que l’on retrouve aujourd’hui.

L’art subtil de la passe

Face à des défenses regroupées, la technique et le collectif retrouvent de leur importance. Finis les débordements faciles sur les ailes, PES 2011 insiste sur la circulation de balle, le jeu dans les interstices, les ballons en profondeur dans le dos des défenseurs.

Le retour en grâce de PES, c'est cette année
Le retour en grâce de PES, c’est cette année – Le retour en grâce de PES, c’est cette année

Le système de passe a été revu, et surprend par sa simplicité. Une jauge de puissance, une direction à donner : sur le papier, rien d’original. Mais au contraire des épisodes précédents, les passes ne sont plus automatisées, et il faut apprendre à savamment doser et viser pour produire l’effet espéré.

Dans un premier temps, les déchets sont nombreux, jouer collectif se révèle stressant, il devient tentant de jouer petit bras. Puis le système dévoile peu à peu son intérêt : créer le service parfait, inventer des diagonales, surprendre la défense adverse en trouvant l’angle ou le dosage imprévu. Surtout que la physique de balle un peu curieuse favorise la prise de risque. En effet, le moindre coup de pied dans la balle part dans une détonation impressionnante, et on s’imagine le boulet de canon perdu. Mais en vérité, le cuir freine assez rapidement, subitement, en fin de course, et de nombreux ballons qui sortiraient directement en touche ou en six-mètre dans FIFA 11 deviennent d’infernales passes décisives dans PES 2011.

Jérôme Rothen on ice

Tout en dosage, ce système de passes permet de créer du chaos dans un jeu de football dans l’ensemble encore assez statique, surtout comparé à la série d’Electronic Arts. Si cette année, les équipiers dans PES ont regagné en discipline ce qu’ils avaient perdu les années précédentes, il leur manque encore cet esprit d’initiative qui donne tant de vie aux matchs dans FIFA. Les contres favorables et les rebonds sont également moins chaotiques qu’avant, mais pour tout dire, assez discrets, surtout comparés au moteur physique d’une hallucinante précision de FIFA 11.

Un détail témoigne de la distance qui sépare les deux séries : les déplacements. Du côté d’Electronic Arts, ils sont souples, tandis que dans PES 2011, les joueurs donnent toujours cette impression curieuse de piloter le ballon, d’attaquer des virages, et de se mouvoir par à-coups. Ce mode de déplacement assez typique de la série donne l’impression de ne jouer que des Jérôme Rothen, sentiment étrange s’il en est. Il participe à la fois de l’impression un peu rétro que laisse le jeu, et du charme indéfinissable qui en émane.

Pas de Guardiola sans du peps

En fait, PES 2011 reste en dessous de FIFA sur de nombreux points – la réalisation technique, l’innovation, la richesse de la base de données. Mais il conserve un feeling très particulier, inimitable, qui mérite à lui seul de s’y (re)plonger.

Refonte visuelle et feeling carré, les arguments de PES 2011.
Refonte visuelle et feeling carré, les arguments de PES 2011. – Refonte visuelle et feeling carré, les arguments de PES 2011.

Au contraire de FIFA, ici, les passes sont appuyées, les frappes pêchues, les joueurs réactifs. Les parties sont animées d’un peps, d’un tonus qui tend à se perdre, et pour irréaliste qu’il puisse passer, il donne aux matchs une vigueur des plus plaisantes à jouer. Certes, il arrive parfois de marquer des lucarnes d’un improbable tacle glissé des 20 mètres. Mais le plaisir d’allumer une « patate dans la lulu », ça ne se remplace pas.

Dommage que PES pêche sur des détails tout bêtes. A quoi sert d’avoir la licence de la Ligue des champions, si la compétition ne commence pas avec les groupes réels ? A quoi sert d’afficher l’écusson de l’équipe de France sur l’arrière de la jaquette, si c’est pour placer Gallas le retraité en défense centrale, et Anelka en pointe ? Même les transferts de cet été ne sont pas intégrés, Gourcuff joue encore à Bordeaux et Nênê à Monaco. Certes, un petit tour dans l’éditeur permet de remettre les choses en place, mais les joueurs auraient apprécié de démarrer d’office avec des effectifs à jour. 

Votre ex vous reveut

Au final ? PES 2011 est le meilleur de la série depuis le passage aux consoles HD, et haut la main. Ce n’est peut-être pas suffisant pour concurrencer totalement EA. En l’état, PES 2011 peut concurrencer FIFA 08, mais pas FIFA 11, dont les nouveautés sont suffisamment nombreuses pour garder l’avance conquise ces trois dernières années. Mais le jeu de Konami n’en mérite pas moins le coup d’oeil.

Vous vous rappelez la fois où vous avez croisé votre ex dans la rue, celle que vous aviez délaissée pour tomber dans les bras d’une autre ? PES 2011, c’est un peu la même chose. La série de Konami a retrouvé son charme, et même si aujourd’hui, chacun de ses gestes les plus séducteurs vous est déjà très familier, trop peut-être, il y a toujours la tentation de céder à ses avances, comme ça, petit plaisir facile et coupable, retourner quelques heures durant dans les bras d’une autre.

Ne quittez pas votre nouvel amour pour autant, inutile de trahir EA, offrez-vous juste un essai, en douce. Après tout, ils sont si différents, et vous savez bien que d’un point de vue rationnel, FIFA 11 est indétrônable. Mais tentez quand même. Juste pour le plaisir de retrouver de vieux réflexes oubliés, et de murmurer, dans un petit râle de jouissance qui vient de loin : « Quand même, c’était bien, PES ».

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William Audureau