Après presque 10 ans d’errements et de solutions plus ou moins à la hauteur de ses ambitions, AMD revient sur le marché des processeurs haut de gamme. Son ambition est claire : déstabiliser Intel et les processeurs Core i7 du haut du panier. Comment ? En dégainant les Ryzen 7 1800X, 1700X et 1700, des processeurs 8 cœurs vendus à des prix compris entre 370 et 560 euros !
Pour comparaison, chez Intel, dans cette gamme de prix, on trouve plutôt de « classiques » processeurs à 4 cœurs comme les Core i7-7700K (410 euros environ) ou i7-6700K (390 euros). Le Core i5-7600K, pour sa part, est à 280 euros et ne joue donc pas dans la même cour.
Pour trouver des puces 6 ou 8 cœurs du côté de la firme de Santa Clara, il faut débourser entre 420 et… 1200 euros suivant les générations.
Sur le papier, AMD propose donc un rapport prix/performance par cœur beaucoup plus intéressant qu’Intel. Mais de prime abord, les Ryzen 7 sont plutôt à même de séduire les consommateurs pros, utilisateurs d’applications d’encodage, de compression ou encore de modélisation 3D. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces logiciels sont bien mieux optimisés que leur pendants grand public pour profiter de tous ces coeurs en simultané.
Les Ryzen 7 et les jeux vidéo
De notre côté, nous avons volontairement choisi de ne pas nous lancer dans ces tests-ci pour éprouver Ryzen. Nous avons plutôt pris le parti de nous placer dans la peau d’autres grands amateurs de puissance devant l’éternel : les joueurs, qui pourraient bien être alléchés par ces nouveaux processeurs aussi puissants qu’accessibles.
En optant pour un Ryzen 7, notre joueur espère ainsi gagner en fluidité dans les jeux mais aussi dispose d’une puce capable d’envoyer de grosses quantités d’informations à sa carte graphique haut de gamme afin que celle-ci affiche encore plus d’images par seconde sur l’écran.
Pour mesurer l’efficacité des Ryzen 7, nous avons sélectionné un panel d’applications et de jeux que nous utilisons dans nos procédures habituelles (PC, carte graphique, etc.). Les graphiques ci-après ne sont que des morceaux choisis et représentatifs des tendances de nos tests, comme toujours.
Pour notre plateforme AM4 Ryzen, nous avons utilisé une carte mère Asus ROG CrossHair Hero VI envoyée par AMD, les trois nouveaux processeurs, 16 Go de mémoire DDR4 de marque G.Skill (la même que celle que nous utilisons sur notre plateforme Intel de référence) ainsi que des SSD Sandisk. Pour exploiter au mieux la puissance de feu de tous les cœurs et ne pas connaître (trop) de limitation GPU/CPU, nous avons fait appel à la dernière GeForce GTX 1080 Ti de NVIDIA. Nous avons mené nos tests en Full HD, 1440p et 4K.
Bien entendu, nous avons réglé les options graphiques des jeux de façon réaliste, comme le feraient les joueurs les plus exigeants. Précisons toutefois que nous nous sommes servis de Total War : Warhammer, avec des niveaux de graphismes « Bas », pour mesurer l’efficacité brute des cœurs en minimisant l’impact de la carte graphique. Pourquoi un jeu de stratégie plus qu’un FPS ? Simplement parce que les unités et leurs mouvements à l’écran sont tous gérés par le processeur et demandent donc une bonne puissance de calcul. Des résultats à retrouver dans le second onglet du premier graphique.
Avantage Intel, AMD se défend bien
Les scores parlent d’eux-même. Le 6700K fait bien mieux que l’ensemble des Ryzen dans nos titres. Cependant, les processeurs AMD sont loin d’être ridicules, surtout si on les compare aux prestations des puces 8 cœurs de génération FX (les anciens haut de gamme AMD) -non reportées ici faute de plateforme ad hoc. Celles-ci n’avaient pas du tout la fibre du jeu et se faisaient pulvériser sans ménagement par les Core i7.
Dans le détail, on remarque qu’entre le 1700X et le 1800X, les différences de score (4% maximum) dans les jeux sont minimes et s’expliquent tous par les écarts de fréquences constatées entre les deux puces.
Entre le 1700X et le 1700, même constat. La cadence des cœurs joue ici aussi et nous nous attendions à ce que la consommation (TDP) moins élevée du 1700 se fasse plus ressentir. En effet, l’enveloppe thermique du 1700 est moins importante (65 watts) que celle que ses deux grands frères (95 w sur le papier, voir notre encadré ci-après).
Ainsi, si le 1700 consomme un peu moins et est presque au niveau des autres processeurs AMD, pourquoi dépenser plus ? C’est sans doute ce dernier que nous adopterions dans une machine qui aurait pour vocation la production et l’encodage massifs… sans oublier les jeux occasionnels.
Pour du jeu pur et dur, Intel garde l’avantage, peu importe la définition d’écran. Aussi bien avec ses Skylake qu’avec –par déduction- les Kaby Lake, vraiment très proches de leurs petits frères.
Les Ryzen font jeu égal avec notre Core i7 en 4K… mais ce dernier possède deux fois moins de cœurs et de threads que les processeurs AMD. En outre, en 4K, les limitations sont ici imposées par les jeux mal multithreadés. Quant à la carte graphique, elle ne parvient pas non plus à être pleinement exploitée.
L’architecture Zen, la force tranquille est sur la bonne voie
Quoi qu’il en soit, l’architecture Zen en a dans les transistors et les cœurs. C’est indéniable et c’est une bonne nouvelle. Il faut toutefois qu’AMD affine encore pas quelques “petites” choses.
En pur calcul multithreadé, les Ryzen peuvent égaler les solutions les plus chères d’Intel. Mais la tendance peut toutefois s’inverser dès que l’application fait appel de façon répétée au contrôleur mémoire des processeurs AMD. Ce dernier a parfois du mal à gérer certaines sollicitations des applications, un petit handicap à imputer à son architecture intrasec (organisation des modules CCX contenant les cœurs). Illustrons notre propos simplement en mentionnant qu’étonnamment, un Ryzen 7 gère mieux quatre barrettes mémoire DDR4 que deux. Un fait devenu assez inhabituel dans le monde du PC grand public.
Autre axe d’amélioration à ne surtout pas négliger : les jeux vidéo. Domaine dans lequel AMD a longtemps été à la traîne avec ses processeurs. Le contrôleur mémoire peut, là aussi, être incriminé, mais pas seulement. Il faut surtout qu’AMD réussisse à peser suffisamment sur les développeurs pour que ces derniers conçoivent des patches pour que les puces multicoeurs comme Ryzen soient mieux exploitées par leurs titres. Une amélioration qui pourrait, aussi, faire le bonheur d’Intel, c’est certain.
Enfin, si le potentiel des Ryzen est avéré, difficile de ne pas tenir rigueur à AMD d’avoir crié victoire un peu trop tôt. Car la marque n’a eu de cesse de claironner que ses solutions étaient meilleures que celles d’Intel, peu importe le domaine d’application et pour des prix moitié moins élevés. Nous aurions préféré qu’AMD nous laisse découvrir les possibilités des puces par nous-mêmes. Nous aurions été très surpris et, sans doute, plus enthousiastes encore.
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