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Test : le Samsung Galaxy S9 réinvente-t-il vraiment la photo sur smartphone ?

Ultra rapide à faire le point, capable de produire des couleurs très justes et offrant une plage dynamique très large, le Galaxy S9 est sans aucun doute le meilleur smartphone actuel pour la photographie. Est-ce pour autant une révolution ?

« L’appareil photo. Réinventé. » : à chaque appareil majeur d’Apple, de Huawei ou ici de Samsung, les troupes de la division marketing se sentent obligés de « réinventer » ou « révolutionner » la photo. Manque de chance, ce n’est pas tous les jours qu’un appareil vient « disrupter » (désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher) une catégorie. Ce langage de marketeux est une erreur : à force de lire continuellement les mêmes slogans, on se lasse. Il aurait suffi aux équipes de Samsung de dire que le Galaxy S9 est « le meilleur appareil photo du monde ». Car si on s’en tient aux smartphones, c’est bien le cas : à défaut de révolutionner le genre, le S9 – et a fortiori le S9 Plus qui ajoute un mode portrait grâce à son double module photo – est tout simplement un tueur. Et ça, c’est vendeur.

Galaxy S9 Plus, deux modules valent mieux qu’un

Le Galaxy S9 existe en deux versions et c’est la version « + » que nous avons testée, un modèle plus grand (écran de 6.2 pouces contre 5.8 pouces pour le « normal ») mais surtout plus intéressant photographiquement puisque ce S9+ embarque un second module caméra, le même que celui du Galaxy Note 8 testé l’an dernier – et premier de notre top 10 des meilleurs photophones. Précisons toutefois, que le S9 offre les mêmes prestations que son grand frère (hors mode portrait, lié au second module photo).

Techinsights – Techinsights a démonté les modules caméra du Samsung Galaxy S9 Plus pour mettre en lumière les différences de taille des deux unités.
Techinsights.com – Le capteur principal qui propulse le module grand angle 26 mm offre une surface deux fois supérieure à l’équivalent 52 mm f/2.4.

Source des images : Techinsights.com

Le premier module commun aux deux versions intègre une optique grand angle équivalente à un 26 mm à ouverture variable f/1.5 ou f/f2.4 ainsi qu’un capteur CMOS Dual Pixel de 12 Mpix mesurant 5.88 mm x 7.68 mm (45.2 mm²).

Obturateur 01
JerryRigEverything – Le module caméra grand angle 26 mm intègre un obturateur avec deux positions : ici il est grand ouvert à f/1.5.
Obturateur 02
JerryRigEverything – Dans sa seconde position, l’obturateur du module caméra principal ferme à f/2.4.

Source des images : JerryRigEverything

Le second module caméra profite d’un capteur à la surface deux fois inférieure (4.21 mm x 5.61 mm soit 23.6 mm2) afin de pouvoir intégrer un petit téléobjectif, une focale fixe équivalente à un 52 mm f/2.4. C’est ce second module caméra qui est à privilégier pour les portraits notamment.

À lire : MWC 2018 : les promesses photographiques du Galaxy S9 à la loupe

Notre regret technique est que Samsung n’ait pas voulu intégrer le module caméra dans le plus petit des deux appareils, forçant les amateurs de photographie à se trimbaler le plus cher et le plus encombrant des deux terminaux. Avec son iPhone X, Apple a bien compris que les photographes apprécient la compacité. Espérons que Samsung en prendra conscience pour les prochains modèles.

Autofocus : fulgurant en plein jour, performant de nuit

À lire : Top 10 : les meilleurs smartphones en photo (2021)

Il serait vain de dire qu’on attendait les Galaxy S9 dans le domaine de l’AF : depuis le lancement du Galaxy S7 en 2016 et de son capteur à technologie Dual Pixel, Samsung est le champion incontesté de l’exercice de la mise au point, en plein jour comme en basses lumières. Les Galaxy S9 n’ont pas failli à leur mission et, à l’usage, nous avons vraiment eu l’impression qu’ils étaient effectivement un petit cran au-dessus de leurs prédécesseurs le Galaxy S8 et le S8 Plus, que nous avons utilisés en même temps pour des shoots comparatifs.

Que signifie « plus rapide que le Galaxy S8 » ? Tout simplement qu’il s’agit du smartphone le plus rapide et réactif du moment. Oui, devant l’iPhone X, bien devant l’iPhone X. Voilà qui devrait parler à ceux qui rêvent de photos d’enfants ou de bébés chiens (c’est un peu pareil) bien nettes. Et aussi de vidéos puisque l’AF est aussi efficace dans les deux modes. Cette rapidité de mise au point est en phase avec son électronique : couplé à 2 Go de RAM, le capteur ultra rapide de ce Galaxy S9 peut capturer des vidéos au ralenti impressionnantes.

La victoire des couleurs justes

Que de chemin parcouru depuis les couleurs pétantes des premiers Galaxy ! En intégrant feu sa division photo dans sa branche téléphonie mobile, Samsung a bien amélioré sa gestion des couleurs. Exit les verts fluo ou les rouges dignes de feux de signalisation, le Galaxy S9 ne fait pas dans le sensationnel. Sans parler de rendu « plat » façon captation vidéo, on note que Samsung s’est bien assagi. Et cherche moins à rendre des couleurs ou des contrastes pétants que de reproduire fidèlement une scène.

Le niveau de détails est excellent et améliore la partition du Galaxy S8 en grand angle : le lissage est bien moins fort que par le passé et participe du rendu naturel sans nuire au piqué. Piqué qui réunit précision d’image et impression de profondeur jusqu’à s’approcher dangereusement du HTC U11+, notre référence du genre.

Une somme de petits détails dans le traitement numérique de l’image qui signifie pour vous que les images sont plus belles et plus naturelles. Et pour nous que Samsung a vraiment beaucoup travaillé.

HDR tons riches : qui peut le plus, peut le moins

Nous avons tenu à utiliser le terminal de Samsung dans son mode par défaut, c’est-à-dire avec l’option « HDR Tons riches : activé ».  HDR pour « haute plage dynamique » (high dynamic range en english), ce qui signifie que l’appareil récupère plus d’informations dans les hautes et basses lumières que dans un mode normal. Ce que cela signifie pour vous ? Que les détails des nuages sont préservés en même temps que ceux des ombres des arbres.

Jadis exagéré à outrance, le HDR a depuis bien murî et sert aujourd’hui à reproduire la perception de l’œil humain. Mais si les couleurs sursaturées et les détails suraccentués des premières heures du HDR ont disparu, le HDR fait toutefois montre d’un défaut : un manque de contrastes. Outre le fait que le HDR se désactive si vous souhaitez des images plus contrastées, le mode HDR du Galaxy S9/S9+ a un avantage : il offre plus de latitude de développement dans les logiciels tiers, tels Instagram ou Snapseed. On dispose ainsi de plus de matière pour utiliser les filtres créatifs et produire des images plus riches, plus intéressantes, en couleur comme en noir & blanc.

Ouverture f/1.5 et préservation des couleurs en basses lumières

Avec ses terminaux précédents (S7, S8), Samsung a déjà relevé les défis de l’AF et du bruit numérique dans les basses lumières. Mais il restait un chantier à finir : la cohérence des couleurs quand les photons se font rares. Un point doublement important pour Samsung car son capteur Dual Pixel, si efficace pour faire la mise au point, est un peu moins performant dans les hautes sensibilités (1). Pour limiter cette montée en ISO et la granulosité des clichés qu’elle implique, Samsung a eu recours à une première mondiale : un diaphragme paramétrable à f/2.4 ou à f/1.5 – une valeur minimale record chez les smartphones.

Outre la moulinette logicielle produisant des couleurs plus justes, la plus grande ouverture disponible sur le module grand angle (S9 et S9+) permet au Galaxy S9 de limiter sensiblement la montée en sensibilités : les trois clichés d’illustration ici représentés ont respectivement été capturés à 320 et 400 ISO. Loin des 500-800 voire 1000 ISO auxquels des terminaux concurrents auraient été obligés d’être poussés pour produire des images correctement exposées.

Samsung évite l’un des écueils majeurs de la montée en ISO qu’est le bruit numérique, mais aussi les dérives colorées des hautes sensibilités. Voici pourquoi les images produites en basses lumières par le Galaxy S9 sont les plus justes que nous ayons vues.

(1) La particularité des photosites – improprement appelés pixels – des capteurs Dual Pixel de Samsung (et Canon !) est que chacun d’entre eux intervient dans la mise au point. Coupés en deux, ces photosites captent la lumière ainsi qu’une couleur sur un côté, et sont responsables de la mise à point sur l’autre moitié. L’autofocus se montre plus précis et plus rapide, mais cette rapidité se fait au prix de la perte d’information lumineuse, une faiblesse que Samsung a contourné avec le Galaxy S7 en baissant la définition d’image de 16 Mpix (du Galaxy S6) à 12 Mpix. Une définition d’image toujours à l’ordre du jour avec le Galaxy S9/S9+.

Second module caméra du S9+ : portrait et flou d’arrière-plan

Comme les iPhone 7 Plus, 8 Plus et X chez Apple et le Galaxy Note 8 de l’an dernier, le Galaxy S9+ intègre un second module caméra, une seconde focale équivalente à un 52 mm f/2.4. Assez proche du 56 mm f/2.4 de l’iPhone X donc, un poil moins resserrée. La cohérence de couleurs avec le module est respectée – il n’y a pas de différences notables entre deux images prises au même moment avec l’un et l’autre des modules. Quant au niveau de détails, il est assez bon compte tenu de la plus petite taille de ce capteur secondaire par rapport au capteur du module principal.

Le risque d’image floue en basse lumière est un peu plus fort du fait de la moindre luminosité de l’optique (f/2.4 contre un f/1.5 potentiel pour le module principal) mais la vitesse de mise au point est suffisamment rapide et confortable pour permettre de doubler la prise de vue et avoir une image nette dans la boîte.

Moins mis en avant par Samsung que par Apple, la fonction portrait est tout aussi efficace, si on met de côté les rendus « Eclairage » des iPhone 8 et X qui, de toute façon, fonctionnent de manière assez aléatoire. La précision optique est bonne et la focale façon « 50 mm » permet de bien mettre en valeur le sujet. La génération de flou fonctionne non seulement sur les humains mais aussi sur les objets ou ici, les plantes.

Un gros regret : il n’y a pas de mode portrait signalé clairement dans l’interface logicielle de l’application. En effet, il faut choisir « MISE PT DIRECT » pour accéder à un mode qui génère des arrière-plans flous et ainsi shooter dans un mode portrait façon iPhone. C’est bien dommage, car en l’état, le mode portrait avec simulation de bokeh sera sans doute ignoré par les utilisateurs. La faute à une application photo à la ramasse.

C’est l’ergonomie logicielle qu’il faut « réinventer ». Et vite.

Que veut dire « MISE PT DIRECT » ? Et « EMOJI RA » ? Pourquoi avoir fait de la fonction « Alimentation » une fonction photo majeure ? Pourquoi avoir appelé la fonction photo principale « Automatique » plutôt que « Photo » ? Autant de questions qui ont bien sûr leurs réponses – Emoji RA est la traduction bancale de la non moins bancale fonction « AR Emojis », le clone raté de la fonction Animoji d’Apple – mais qui prouvent surtout que Samsung doit revoir l’interface de son application photo par défaut. Et vite.

La tête de chien débile, l’application ratée et parfaitement inutile de la réalité augmentée.

Copiant Apple jusque dans l’usage de la couleur jaune pour les texte, le coréen le fait à moitié. Et mal, ce qui donne un certain goût d’inachevé voire d’amateurisme. Une impression tout à fait fausse, à des kilomètres de l’incroyable maîtrise matérielle et logicielle des ingénieurs de la division photo. Sans être complètement ratée, l’interface de l’app photo n’est pas digne de ce terminal, une interface sauvée par un accès rapide aux menus profonds (qualité d’encodage des photos et vidéos, ratios, etc.), contrairement à ces pauvres iPhone – il faut aller loin dans les menus système d’iOS pour basculer de la Full HD à la 4K par exemple.

Le tiroir à applications occupe non seulement un peu d’espace, mais en plus il peut gêner les manipulations et les cadrages.

Dernier grief : une interface parfois trop sensible. Combien de fois avons-nous changé de mode ou basculé de l’un à l’autre (avant/arrière) à cause d’un simple effleurement de l’écran ! Combien de fois avons-nous pesté contre ce satané tiroir latéral de raccourcis d’applications qui trône à droite (mode vertical) ou en haut (mode horizontal) et qui nous fait quitter l’interface photo de manière inopiné. Sans même parler de cette horreur de panneau Bixby…
Ces problèmes sont de simple erreurs logicielles, faciles à corriger… pourvu que Samsung l’accepte.

Panorama 360° de 47 mégapixels : un déluge de détails

Nous avons quand même tenu à tester le mode panorama, anecdotique la plupart du temps. Et nous n’avons pas été déçus : sans rien en attendre d’exceptionnel, nous nous sommes retrouvés avec un fichier de 47 Mpix pesant pas moins de 45 Mo. Une photo extra large (26272 x 1792 pix !) qui offre un excellent niveau de détails et des couleurs là encore bien maîtrisées. Une fonction peut-être anecdotique pour certains mais qui pourrait devenir incontournable pour de nombreux touristes, agents immobiliers, etc. d’autant que le stitching (l’assemblage automatique de l’image finale) se fait en temps réel. Le Galaxy S9 en a sous la pédale en termes de rapidité de calcul !

Pas si novateur.. mais c’est quand même le meilleur !

Qu’apporte le Galaxy S9 Plus au genre photographique ? Rien : il n’ajoute pas une troisième focale genre super télé, n’amène pas la vidéo 8K, n’intègre pas de fonction « disruptive » (quel terme horrible), etc. Bref, il ne réinvente pas la roue. Et ce n’est pas grave car s’il échoue à « Réinventer la photo », il est l’appareil le plus rapide à faire la mise au point dans toutes les situations, il offre l’une des meilleures plages dynamiques de l’industrie, profite des couleurs les plus justes du segment, de fonctionnalités avancées très abouties (hyperlapse, vidéo 4K, panorama, etc.). Et écrase ainsi la concurrence sur son passage.

La révolution n’a pas eu lieu, mais la victoire est là : au 16 mars 2018, le Galaxy S9 Plus est le meilleur photophone du moment. Et ça vaut tous les bla-bla marketing.

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