C’est drôle, je le voyais plus petit cet Odyssey G9. Notre côté geek et cinéphile – amateur de John Carpenter – s’est tout de suite exprimé lorsque nous avons reçu le carton qui contenait le Samsung 49G9. Un écran plus connu sous le nom d’Odyssey G9.
Samsung l’avait présenté au CES 2020, et il ne nous paraissait pas aussi large et imposant sur la photo publiée à l’époque. En fait, ce moniteur est, une fois sorti de son carton, monstrueux, unique en son genre. C’est le premier qui ait une dalle de 49 pouces au format 32:9, courbée (1000R), qui affiche du 5120 par 1440 pixels et soit rafraîchi à 240 Hz. Le décor est planté et impressionne par son… envergure.
Le G9 incarne le vaisseau mère (et c’est peu de le dire) de la gamme d’écrans spécialisés pour le jeu de la marque coréenne. Le 49G9, sachez-le, fait 1,14 mètre de large, 42 cm de profondeur et sa hauteur minimum est de 53,7 cm (et elle est ajustable). Il pèse aussi son poids : 16,7 kilos. Autant dire qu’une fois posé, il ne bouge plus.
Le bureau à la hauteur, mais le PC aussi
Tester ce grand écran demande de la place, et, surtout, des cartes graphiques très puissantes. Pour afficher la définition un peu exotique* de cette dalle VA (Vertical Alignement), rétroéclairée grâce au QLED, il va vous falloir un canon à polygones digne de ce nom.
Si vous avez une malheureuse petite carte graphique entrée ou milieu de gamme, inutile d’acheter le G9 pour jouer. La puce 3D n’encaissera pas la définition de l’écran et vous allez être très frustré.
Vous ne comptiez faire que de la bureautique en mode immersion dans un tableur et être au plus proche de votre présentation PowerPoint ? Pourquoi pas. Mais il y a des solutions bien moins coûteuses et toutes aussi confortables qui existent sur le marché.
*Une définition qui revient, en fait, à accoler deux dalles 1440p et à étaler une image sur toute la surface.
Plus sérieusement, pour profiter du G9, en mode gaming à fond, il vous faut, au minimum, une Nvidia GeForce RTX 2080 Super. Ou mieux, une RTX 3070. Une carte AMD Radeon RX ? Oui, les 6800 XT ou 6900 XT, toutefois. Rien de moins.
La technologie AMD FreeSync Premium Pro et les composants Nvidia G-Sync sont présents derrière la dalle, vous avez d’autant plus le choix de l’écurie.
Vous pourrez changer de crémerie, sans souci. Vous ne serez pas privé d’une partie des technos de l’écran parce que vous aurez troqué votre GeForce contre une Radeon et inversement.
La discrétion et l’immersion vous font face
Posé sur un bureau, le dos orienté contre le mur et avec la dalle éteinte, le 49G9 est assez discret. Si, si, promis. On ne dirait pas mais il se fond assez bien dans masse. Dès que vous l’allumez, l’image projetée par la dalle est tellement bien mise en valeur qu’on en oublie presque l’envergure donnée par la courbure et la taille de son pied en Y.
Trois des quatre rebords de l’écran sont assez fins et disposés derrière le revêtement mat. Le seul bord très visible demeure celui qui se trouve en bas de la dalle. Il fallait bien qu’il y en ait un.
On attrape l’écran des deux mains et peut ajuster la hauteur (12 cm maximum), l’inclinaison (env. -3 à 12°) et l’orientation de la dalle (15° gauche et droite). Impossible de ne pas trouver un bon compromis pour conserver la dalle à bonne hauteur, tout en ayant la possibilité de l’embrasser d’un simple regard, avec du recul bien entendu.
Vous êtes plutôt immersion à 300% ? La courbure 1000R vous offre un grand confort. Lancez la nouvelle édition de Flight Sim’ ou un jeu de course automobile en vue intérieure, vous allez découvrir de nouvelles sensations, avec la sérieuse impression d’être au poste de pilotage ou dans l’habitacle du véhicule. Si vous avez la chance d’avoir un volant ou un dispositif de pilotage digne de ce nom, vous allez encore plus vous y croire.
Que de plastique blanc de vilaine facture !
De dos, les choses se gâtent. Là, le plastique blanc bien brillant et qui ternit clairement le côté premium de l’écran est omniprésent. Pour les besoins de la photo ci-dessus, nous avons enlevé le grand et long morceau de plastique qui cache les entrées vidéos, la prise casque (absence d’enceintes intégrées) et les prises USB d’un côté (ci-dessous) et l’alimentation de l’autre.
C’est bien qu’il y en ait un car, si d’aventures votre bureau est au milieu de votre pièce de vie et l’écran, visible sous toutes les coutures, aucun câble disgracieux ne se verra.
Vous verrez toutefois le support et l’énorme halo coloré, produit par les LED qui se trouvent à la jonction du pied et de l’écran. Vous pouvez en choisir la teinte, le comportement (fixe, clignotant, etc.)… ou les désactiver. C’est bien aussi.
Mais, revenons à notre cache en plastique un moment. Pour brancher notre PC à l’une des deux prises DisplayPort 1.4a et notre console à la prise HDMI 2.0b de l’écran, il a bien fallu se résoudre à le déloger gentiment, tout en essayant de ne rien casser. Il s’en est fallu de peu, ou c’est en tout cas ce qu’on a pu craindre, car, non seulement les ergots tiennent bien, mais, en plus, leurs craquements sont alarmants.
Samsung conseille d’ailleurs de procéder à tous les ajustements relatifs au passage des câbles avant de monter l’écran sur son pied. Cela permet d’éviter d’enlever et de remettre le cache de multiples fois et de se faire des frayeurs.
Pour passer les câbles proprement dans le pied, il faut ôter, à nouveau, un beau morceau de plastique blanc. Il est creux, et protège la structure en métal lourde du 49G9. Cet élément en plastique est aussi attaché par de petits ergots qui craquent et hurlent dès que vous agissez dessus. Sueurs froides garanties.
De plus, sachez que vous ne pourrez pas faire passer plus de trois câbles un peu épais dans le pied. Les goulottes de passage taillées dans le métal de la structure et l’ouverture située à la base du pied ne sont pas très profondes, ni très larges (voir ci-dessous).
Difficile de comprendre pourquoi Samsung a ressenti le besoin de positionner le repose-casque à l’arrière de l’écran. Un endroit où peu de gamers se rendent d’ordinaire. Et pas vraiment à portée de main non plus surtout vu la taille de la bête. Un choix bizarre. Nous, nous nous en servirions plus comme d’un support pour maintenir en place des câbles préalablement enroulés.
Allumage et paramétrage du G9 : un doigt suffit
Pour mettre en route cette magnifique dalle de 49 pouces courbée, il suffit de venir appuyer sur le petit joystick situé sous l’écran, du côté droit. Une petite LED bleue très discrète s’allume alors.
C’est aussi grâce à ce petit joystick que, rapidement, vous aurez accès à quelques réglages sommaires comme le changement de profils ou le passage d’une source à une autre. Mais c’est avant tout pour accéder au menu que vous allez le solliciter.
Le menu complet de l’écran propose une interface riche mais claire. Si vous ne savez pas à quoi sert telle ou telle fonction, le manuel en ligne de Samsung pourra vous être d’une bonne aide.
Dans le menu, les traductions ont été faites au mot-à-mot. On sent que les routes empruntées pour le passage du coréen vers l’anglais puis vers le français ont été un peu compliquées à pratiquer.
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Toujours dans le menu OSD et en jouant du joystick, vous pourrez ajuster tous les réglages habituels de luminosité, contraste, température de couleur mais, aussi activer ou non le HDR (HDR1000). Vous pourrez aussi allumer l’overdrive de la dalle mais n’en abusez pas, sinon le reverse ghosting s’invitera à la fête rapidement.
Vous aurez aussi la possibilité de bien paramétrer les ajustements de fenêtre lorsque vous faites varier ou que vous combinez l’affichage de plusieurs sources à l’écran (Picture-in-Picture et Picture-by-Picture disponibles).
Chose appréciable : on peut restreindre la zone d’affichage à une taille d’écran particulière prédéfinie par Samsung. Le menu permet de simuler un affichage de dalles comprises entre 17 et 29 pouces, en 4:3, 16:10, 16:9, ou en 21:9.
Le fait de pouvoir émuler des tailles d’écran et d’y ajuster une définition d’image peut être pratique pour l’utiliser comme second écran pour s’en servir comme de second moniteur avec un PC portable par exemple. L’image est bien centrée, face à vous et la lisibilité, excellente.
Le G9 ne fait pas le plein de technos
Bonne nouvelle pour les joueurs sensibles : pas de scintillement avec le 49G9. La dalle est dépourvue de système de modulation de luminosité qui, normalement, doit réduire la fatigue oculaire en harmonisant l’intensité du rétroéclairage sur l’ambiance lumineuse de la pièce. C’est un parti-pris très gaming. Si toutefois vous êtes un peu sensible au trop-plein de luminosité, vous pourrez toujours enclencher le mode Protection (lumière bleue).
Cependant, le panneau QLED et la dalle VA sont si réactifs aux réglages de luminosité que mieux vaut jouer dessus plutôt que d’appliquer un filtre jaune logiciel au rendu assez décevant sur les belles images affichées par l’écran.
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Pour épauler au mieux le G-Sync et le FreeSync Premium Pro, Samsung a eu la bonne idée d’implanter le Low Framerate Compensation (LFC). Il surveille le nombre d’images générées par le GPU du PC et envoyées à l’écran. Si ce nombre chute plus bas que la limite minimum tolérée par la dalle (48 Hz ici), le LFC entre en action.
Il fait alors croire à la dalle qu’il y a davantage d’images à afficher. Celle-ci remonte sa fréquence jusqu’à un certain palier, variable, pour maintenir l’impression de fluidité. Et c’est très efficace.
Le LFC peut ainsi multiplier les informations par deux, trois ou quatre suivant le palier d’images que la carte graphique adresse au G-Sync ou au FreeSync et ne se déclenche que si vous passez sous la barre des 53 Hz (53 ips).
Pour le prix demandé, Samsung fait toutefois l’impasse sur une technologie essentielle à nos yeux : le ELMB (Extreme Low Motion Blur). Elle est censée ajouter des images noires entre deux images colorées, et ainsi accroître encore un peu plus l’impression de netteté et de fluidité de l’affichage à l’écran. Nous sommes habitués à l’avoir activée en permanence sur notre TUF VG279QM personnel et elle manque ici.
L’Odyssey G9 est bon mais loin d’être excellent
Comme sur tous les écrans gaming présents sur le marché, faire varier la qualité de l’image selon plusieurs profils préenregistrés par Samsung est possible. Ils sont de qualité inégale, le mieux est de créer le vôtre, en triturant les menus et les jauges.
Sur le plan technique, voici tous les lourds secrets que le G9 dissimule sous sa grande dalle. Nous avons coupé le HDR pour les mesures.
- La luminosité chaotique
Nous avons mesuré une luminosité maximale de 656 cd/m2 en moyenne, avec un pic à 701 au centre et un autre, juste au dessus, à 729. Mais la plus basse valeur relevée est de 576 cd/m2 et, sur les côtés, l’intensité lumineuse ne dépasse pas les 684 cd/m2 au mieux (avec une moyenne à 633 cd/m2 à gauche et 667 cd/m2 à droite.
- Un taux de contraste excellent
De fait, le taux de contraste est excellent – 2661:1 – mais aurait dû être bien meilleur. Surtout avec du VA et du QLED. Les zones les plus noires de la dalle se trouvent au centre de l’écran ; les plus claires, en bas à gauche et à droite et c’est à cause de fuites de lumière assez importantes. On ne les perçoit que lorsqu’on est plongé dans le noir. Et pour ce prix, pardon mais c’est moche.
- L’homogénéité déçoit
Une luminosité qui fait du yo-yo, un taux de contraste élevé mais dont les valeurs ne sont pas harmonieuses auxquels s’ajoutent les taches lumineuses qui viennent – paradoxalement – ternir le panorama, la messe est dite. L’homogénéité est mauvaise. Nous l’avons calculée à 0,041, elle est dont très loin du 0 absolu.
- Le temps de réponse décoiffe
L’Odyssey G9 offre un temps de réponse noir/blanc de 4 millisecondes, ce qui est très bien. Pour le jeu vidéo, allié au 240 Hz, ce chrono technique risque bien de vous aider à être plus précis et réactif.
- La colorimétrie est à revoir
Nous avons aussi fait des mesures de colorimétrie dans différents modes : Cinema, Luminosité élevée, le profil sRGB et un autre, de notre composition.
Le Delta E varie de 3,70 en mode sRGB à 4,13 en Luminosité élevée. Les couleurs sont donc fausses par défaut, peu importe le profil. Il faudra recalibrer l’écran pour avoir des teintes plus justes. Il n’y a que dans le mode sRGB (couvert à 99%) que les dégâts au niveau des gris et des couleurs primaires sont moins importants. Le mode Cinema force beaucoup trop sur le niveau de netteté et, avec si vous avez le malheur d’activer le HDR, le blooming s’invite à la projection.
Dans notre mode personnalisé, nous sommes parvenus à obtenir un bon compromis entre toutes les teintes bien que les verts et les rouges soient les premiers à se déformer même en essayant de les régler petit à petit. Pour un écran de ce prix, équipé d’une telle dalle, ne pas être pré-calibré à la perfection en usine est un point négatif de taille.
- La consommation maîtrisée
Complètement éteint, l’Odyssey G9 ne consomme rien du tout. En veille, moins de 10 Watts. Et, à plein, avec la luminosité poussée à fond et le HDR activé, seulement 134 Watts. Plus qu’un PC portable classique ? Oui, largement. Mais pour un écran de ce type, c’est très impressionnant et vraiment bien, Samsung a bien travaillé sa copie ici.
Des défauts qui n’altèrent que peu le plaisir ressenti
Nous avons adoré profiter de l’Odyssey G9 pendant de longues semaines. Nous nous en sommes servis pour tout : faire tourner des tests de cartes graphiques, jouer, travailler et retoucher des photos. Nous l’utilisions comme second moniteur, relié à notre PC portable pour ces deux derniers usages. Il fut un allié de poids et de choc.
Pour le jeu, avec G-Sync, précisons que nous avons été obligé de flasher le microprogramme de l’écran pour que tout soit stable à 240 Hz, avec une RTX 3080. Mais pouvoir jouer à Sekiro, Flight Sim ou même se faire une petite session de WoW, un petit tour dans Star Wars Squadrons en 49 pouces, reste un plaisir exceptionnel qu’on savoure.
Beaucoup de jeux ont eu toutefois du mal à reconnaître la définition exotique de la dalle. Notamment les titres e-Sports et, en grande majorité, les jeux de tir compétitifs. C’est là que nous avons apprécié de pouvoir simuler une taille d’écran et un format approprié, mieux digérés par les options graphiques des titres.
C’est d’autant plus plaisant que la qualité de l’image ne se dégrade pas. Les descentes en nombre de pixels sont extrêmement bien gérées par la dalle, un vrai bonheur et une faculté assez rare pour être portée au crédit de cet écran.
Une compétence et un outil de dimensionnement dont nous avons abusé à nouveau lorsque la PlayStation 5 ou les Xbox Series se sont connectées à l’écran. Ici, impossible d’exploiter pleinement la définition de l’écran.
C’est d’autant plus difficile que la console de Sony ne prend pas en charge d’autres définitions que la Full HD ou la 4K. Pas le choix, le 1080p s’est imposé mais cela n’a pas empêché la console de jouer avec ses moteurs et technologies de résolutions dynamiques pour augmenter la finesse ou l’affichage des jeux en temps réel. Aucune perte de qualité d’image n’était à déplorer, comme sur PC.
Avec les consoles Series, qu’elles soient de taille S ou X, le 1440p est pris en charge en plus du 1080p et du 2160p. Donc la console a accepté de jouer le jeu et d’afficher les titres dans cette définition native lorsque cela était possible. Là encore, les pixels ne bavent pas, les effets sont bien gérés et affichés. On en redemande.
Dernière utilisation vraiment top de notre point de vue : le Picture-by-Picture (PbP). À droite la console, à gauche, le PC et hop en avant pour le streaming tout en ayant deux sources différentes affichées côte-à-côte sur la dalle. Même pour travailler, le fait de pouvoir afficher deux sources simultanément a été super pratique.
Le PbP est génial, aussi, pour regarder un stream ou un film en même temps que de travailler. On l’a tous fait au moins une fois, qu’on soit gamer ou non. Avec l’Odyssey G9, on y prend rapidement goût. Méfiez-vous.
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