Un an après vous avoir présenté le premier prototype, nous avons enfin pu mettre la main et tester pleinement la GPD Win Max, ce mini PC portable qui se la joue console de jeu avec sa manette intégrée. Un drôle d’engin qui mélange l’esprit du netbook avec son écran 8 pouces (1280 x 800) et Nintendo Switch pour le caractère portable.
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Précisons tout de suite que nous avons testé la version dite 2020 de l’appareil, intégrant un Intel Core i5 1035G7 de 10e génération et que la version 2021 apporte un gros plus de puissance 3D (lire plus loin). Dans tous les cas, ce petit PC portable de 830 grammes – à la fois léger et lourd selon les usages – est un ovni total dans l’offre informatique actuelle. Mais qui pourrait bien, d’une manière ou d’une autre, préfigurer du futur des appareils PC/gaming, comme le montre les projets de Dell/Alienware ou encore le Steam Deck.
La troisième fois est la bonne !
Rappelez-vous : en 2018 nous avions testé le tout premier GPD Win, un PC minipouce sous Wndows doté d’un écran tactile 5,5 pouces de smartphone. Depuis, les hongkongais de GPD ont peaufiné leur savoir-faire avec un GPD Win 2 et de nombreux autres appareils parfois très exotiques (machines sous Android, PC portable avec écran glissant sur le clavier, etc.).
Et ont accouché d’une partition matérielle parfaitement aboutie avec ce Win Max. La qualité de fabrication, le choix des matériaux, le choix des composants tant électroniques (Core i5 de 10e gen) que mécaniques (sticks sourcés chez les Japonais ALPS, qui fournissent Sony et Nintendo) sont excellents. Il ne s’agit pas là d’un produit cheap et qui fleure bon l’amateurisme, mais bel et bien d’une machine bien finie et propre. La progression de la petite équipe de GPD est assez impressionnante. Une équipe que l’on imagine non pas remplie de spécialistes du marché informatique mondial à la recherche de volumes ou de marges, mais plutôt d’ingénieurs un peu fous et passionnés par leur projet.
Un vrai PC… mieux équipé que bien des laptops
Quand on regarde la taille de ce petit PC sous Windows 10, le nombre de prises et équipements est assez impressionnant. Outre la totalité des commandes liées à la manette de type Xbox 360, on a droit à deux ports USB 3.0 de type A (l’USB « normal »), deux prises USB C de norme USB 3.0 dont une compatible Thunderbolt 3, une prise HDMI plein format, une prise réseau RJ45 gigabit, un emplacement pour carte Micro SD A2 (très rapide) ainsi qu’une prise jack. En clair : on y branche clavier, souris, écran, boîtier eGPU et on étend la mémoire de stockage sans utiliser le moins adaptateur ni ouvrir la machine.
Seuls vrais absents de la fiche technique : la webcam et le rétroéclairage des touches. Sacrifiés, l’un comme l’autre, pour des critères tels que le coût des pièces, le coût d’intégration, l’espace disponible et la consommation énergétique. Mais il est déjà ahurissant que l’appareil dispose de plus de prises que la plupart des PC portables classiques !
Les performances peuvent être améliorées grâce au port Thunderbolt, qui permet de brancher un boîtier eGPU. S’il est évident que la « perte » de puissance pure est importante (on perd de 15% à 40% des perfs intrinsèques de la carte graphique dédiée), la combinaison GPD Win Max et boîtier eGPU permet d’envisager l’appareil comme votre seule machine. Une « console » en mode vadrouille et un vrai PC « desktop » (c’est quand même un Core i5 avec 16 Go de RAM et 512 de SSD !) en mode sédentaire. Attention cependant : son petit clavier, sa faible définition d’image et sa batterie modeste n’en font pas un vrai PC portable, tenez-le-vous pour dit.
Tous les jeux (ou presque) sont jouables
Si la première GPD et son petit Atom Z7850 avec 4 pauvres de RAM pouvait lancer les vieux jeux 3D, son usage étant clairement réduit aux jeux 2D et aux émulateurs – en encore, pas PS2 ! Le Core i5 de la GPD Win Max est d’une toute autre tenue : son GPU Iris Plus 940 exécute quasiment tous les jeux à plus de 30 images par seconde dans la définition native de 1280 x 800 pixels (en y allant parfois mollo côté niveau de détails sur les gros titres).
De Dishonored à Civilization V, de Fortnite à Skyrim, en passant par Trine 4, Yooka-Laylee, Hades, Deep Rock Galactic ou Final Fantasy X/X-2 Remaster, nous avons pu jouer de manière confortable à tous ces titres. Même si, à titre personnel, les titres conçus pour être joués à la manette nous paraissent tout de même les plus adaptés.
Il peut y avoir quelques embuches. D’un côté, citons de possibles incompatibilités de circuit graphique, qui apparaissent avec certains titres 3D moyennement anciens qui n’avaient pas pris la peine de regarder du côté d’Intel. Le seul cas que nous ayons rencontré est Street Fighter X Tekken – et le sagouin fait même planter la machine. Ensuite, en usage nomade, les jeux à textes peuvent pâtir de trop petites polices de caractères. Mais des titres récents comme Pillars of Eternity sont lisibles et agréables (fenêtres du tutoriel mises à part).
Finalement, il y quand même des jeux « monstres » qui demandent un maximum de puissance et/ou au moins 30 i/s pour être confortables. Ils sont rares et nous pensons surtout à Cyberpunk 2077 qui, quoi que jouable, traine trop la patte pour les « vrais » joueurs PC qui attendent au moins 30 i/s. Mais en 800p, même Doom 2016 est parfaitement jouable à +45 i/s.
Attention cependant, qui dit jeux 3D dit consommation électrique, donc ventilation derrière. Configuré à 25W de TDP max (lire plus bas), l’appareil ventile sérieusement avec les jeux les plus gourmands.
Ergonomie bâtarde
Attardons-nous sur l’ergonomie de l’engin qui pâtit un peu de sa volonté d’être à la fois un PC et une console portable. Si on met de côté l’absence de clavier Azerty, la partie centrale du clavier, quoi que servie par des touches confortables, est desservie par les trop petits boutons supérieurs (ligne de Fx et ligne des chiffres). Sans même parler de l’écran 8 pouces en 1280 x 800, l’usage PC sans écran ni clavier/souris externe est possible, mais pas pour une journée de travail
Du côté confort de jeu, il faut rappeler que l’appareil pèse plus de 800 grammes. Aussi, la physique nous invite rapidement à poser la tranche inférieure de l’appareil sur une surface. Que ce soit notre ventre (position de la patate avachie sur le canapé) ou sur la tablette de l’avion/train. Voire sur le bureau ou les genoux pour les jeux qui nécessitent le pad tactile (Civilization, Pillars of Eternity, etc.)
Les ingénieurs de GPD on vraiment bien travaillé l’équilibre de l’engin que l’on attrape finalement par la charnière de l’écran, mais 800 grammes, ça reste 800 grammes. Attention aussi aux oreilles si vous décidez de jouer à des jeux 3D gourmands. En position 25W, ça ventile sévère. De quoi prendre un bon coup d’oreiller par votre moitié. Donc si vous jouez dans le lit, c’est à des jeux peu gourmands et en coupant le ventilateur (touches Fn + F).
Version 2021 graphiquement x2 plus performante
Comme nous vous le précisions en introduction, le test parle ici de la version 2020, avec une puce Intel Core i5 1035G7 de 10e génération (Icelake). Depuis, GPD a relancé un IndieGogo pour une version améliorée intégrant, au choix, un Core i7 1195G7 ou un Ryzen 4800U. Si ces deux puces apportent quelques améliorations de puissance côté CPU, c’est surtout du côté de la carte graphique que l’écart avec le Core i5 1035G7 est énorme. Tant le GPU Xe de la puce Intel que la Radeon Vega de la version AMD doublent purement et simplement les débits de trames par rapport à l’Iris Plus 940 de notre version.
Les très exhaustifs tests de GPD et de sa communauté montrent même un avantage graphique à Intel, damant pour la première fois à AMD en matière de GPU intégré. Et pour les fans de bidouille (assez fortunés) qui avaient déjà acheté une version 2020, GPD vend même des cartes-mère (intégrant processeur et RAM soudés) pour mettre à jour leur machine.
Pour ceux d’entre vous qui sont assez riches et aventureux pour commander une telle machine, la génération 2021 est à privilégier. Tous les jeux deviennent alors parfaitement jouables. Alors que nous plafonnons à 15-20 i/s sous Cyberpunk 2077, la puce Xe du Core i7 11e gen ne tombe jamais en dessous de 30 i/s, permettant une vraie expérience « console ». Mieux : une fois reliée à un écran externe, certains jeux peuvent passer confortablement en 1080p30 voire 1080p60 dès lors que l’on baisse le niveau de détails. Et en mode nomade, la plupart des titres tournent sans soucis à plus de 60 i/s. D’une certaine manière, on peut dire que la 11e génération de Core d’Intel ainsi que le Ryzen 7 4800U représente le vrai début de l’histoire des machines de type GPD.
Une machine développée par nerds pour des nerds
L’arrivée dans les prochains moins du Steam Deck montre le niveau de maturité des SoC d’AMD et ici d’Intel. Ces puces qui intègrent CPU et GPU commencent à offrir de belles performances dès 15W et permettent d’imaginer des machines nomades vraiment puissantes. Avec un SoC x86 en leur cœur, le Steam Deck et cette GPD Win Max sont pourtant très différents dans leur approche et leur public. Si tous les deux ont peu ou prou le même objectif – vous faire profiter de votre ludothèque PC de manière nomade – la future machine de Steam sera avant tout une console. Alors que le GPD Win Max reste un PC. Avec les éventuelles bidouilles voulues (changer la carte mère pour la version 2021 par exemple !) comme subies. On pense ici aux configurations graphiques à faire « à la mano », aux éventuels soucis de Windows (compatibilités de titres, de périphériques).
Sur les différents canaux de discussion autour de GPD – ils tiennent un Discord officiel et de petites communautés locales – on sent bien que tout ce beau monde est très « nerd ». D’où la possibilité pour chaque utilisateur d’accéder à des réglages de TDP dans le bios (15W, 20W ou 25W) pour choisir entre puissance et endurance/silence. Ou la compatibilité ergonomique avec tous les titres PC, puisque le pavé tactile permet de ne pas avoir à souffrir des jeux à bascule clavier/souris vers manette (tels Final Fantasy X/X-2 Remaster ou Skyrim, et leur boîte de dialogue.
Dans tous les cas, la GPD Win Max, qui coûte tout de même aux alentours de 900 euros, n’est pas le concurrent d’un futur produit grand public de type Steam Deck. Il s’agit d’une machine qui cible les passionnés prêts à commander en Chine et résoudre leurs problèmes avec l’aide d’une communauté de passionnés. Du produit nerd, pour les nerds.
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