Une nouvelle génération d’appareils à encre électronique commence à se développer : les terminaux à dalle 10 pouces, à laquelle appartient la nouvelle Kobo Elipsa.
L’initiateur technologique de ces « liseuses » grand format est le producteur d’écrans E-Ink, et sa gamme Carta. C’est justement une dalle monochrome de type Carta 1200, qui est au cœur de l’Elipsa, un bel écran de 1404 x 1872 pixels proposant une résolution de 227 points par pouce.
Pourquoi parler de « nouvelle génération » ? Parce que loin de se cantonner à un rôle de simple liseuse grand format, l’Elipsa ambitionne, à l’instar de la reMarkable 2, de jouer aussi le rôle de carnet de notes. L’appareil est en effet livré non seulement avec une coque à rabat de protection, façon carnet de reporter, mais aussi avec un stylet. Une invitation non seulement à annoter des livres et documents PDF, mais également à prendre des notes manuscrites avec un système de création de carnets.
Une grande liseuse confortable, mais à l’éclairage daté
Tout détenteur d’une liseuse Kobo sera chez lui avec l’Elipsa. Le système propriétaire est peu ou prou le même, de l’agencement des blocs de la « Une » en passant par les menus systèmes, ou encore le positionnement des fonctions.
Cette filiation à l’ADN « liseuse » de Kobo est aussi perceptible du côté de la conception matérielle, avec le design asymétrique (pour une prise à une main), le revêtement d’écran qui recouvre toute la face avant, ou encore le toucher des matériaux plastiques.
Dans sa configuration « liseuse », sans la coque de protection, l’Elipsa est une bonne élève. Pour qui a lu des livres sur des appareils à écran 6 pouces, la grande diagonale de 10 pouces offre un confort vraiment plaisant. Plus besoin de tourner les pages toutes les 10 secondes ou de se pulvériser la rétine sur des caractères taille 6.
Ses 383 grammes en font un modèle assez lourd, mais plus léger que certains livres offrant une telle surface. Elle est surtout bien en dessous des iPad (490 g) et autre iPad Air (458 g). Rares sont les utilisateurs qui trouveront à y redire, à part peut-être les personnes âgées et autres utilisateurs aux poignets fragiles.
Si le système d’exploitation n’est pas des plus véloces, on reste sur un bon niveau de vitesse en matière de changement de page, ce qui est le principal en matière de lecture – mais pas assez pour d’autres usages, comme nous le verrons.
Le seul regret en matière de lecture que nous ayons à formuler est à chercher du côté du rétroéclairage, bien trop froid. On se demande pourquoi Kobo n’a pas pu intégrer sa technologie ComfortLight Pro, dont le rendu est bien plus chaud et agréable que ce qu’offre l’Elipsa.
Ergonomie et design médiocres
Tel un chevalier du zodiaque, c’est une fois affublée de son armure que l’Elipsa se révèle. Une coque en plastique rigide revêtue de cuir à l’arrière, ainsi que sur son rabat détachable, qui comporte un emplacement pour le stylet.
Le premier grief qui vient à l’esprit une fois la « transformation » effectuée est le poids. On passe de 383 grammes à 752 grammes avec coque, rabat et stylet. Si cela ne gêne pas quand l’appareil est posé sur une table en mode prise de notes, l’équation n’est plus la même dans le sac à dos ou en mode lecture. Même avec le rabat détaché (et donc le stylet retiré), le duo liseuse + coque pèse tout de même 564 g, ce qui commence à faire beaucoup pour certaines morphologies ou certains âges.
Malheureusement pour Kobo, ce faux pas ergonomique est prolongé par deux erreurs notables une fois la coque enfilée. Le premier étant qu’il devient vraiment très dur de presser le bouton de mise en veille. Le second est qu’il est malaisé de retirer rapidement la coque quand on veut simplement lire.
Le coup de grâce ergonomique est porté par le couple processeur et logiciel. Ainsi, la navigation est désespérément lente (jusqu’à trois secondes pour changer de mode). Tandis que la partie tactile connaît de nombreux ratés – il nous a fallu parfois presser trois fois un bouton tactile pour revenir au menu ! Kobo a soit mal optimisé le logiciel, soit mal choisi sa partition électronique (processeur et/ou mémoire vive). Dans tous les cas, c’est lent et décevant.
Prise de notes : une expérience imparfaite
Si on se cantonne à juger la précision d’écriture, l’Elipsa fait un job décent, même s’il y a tout de même une certaine latence entre la pression et l’apparition des lettres. Mais, le principale problème de la liseur de Kobo est que la reMarkable 2 est passée par là. Et disons-le franchement : l’Elipsa est très (très !) loin de l’écriture naturelle de sa concurrente.
Lire aussi : Test de la reMarkable 2
Primo, la surface de l’Elipsa n’a pas ce « toucher » papier que l’on retrouve chez la reMarkable 2 lors de l’écriture. Si elle a comme défaut d’abîmer les mines des stylets (interchangeables) plus vite chez la reMarkable, c’est justement cette rugosité qui permet de ressentir un tracé papier.
Deuxio, le stylet de l’Elipsa nécessite une pile, et il ne dispose pas d’un côté gomme. Pour effacer, il faut soit presser un bouton placé près de la pointe, soit sélectionner l’outil de manière logicielle.
La gestion de la pression est plutôt bien rendue avec certaines mines, comme le « Stylo calligraphique ». Mais Kobo ne gère pas très bien la rémanence de la dalle e-ink : il faut souffrir un rafraîchissement de la dalle à chaque usage de la gomme, et des traces fantômes peuvent rester après le premier passage.
Quant aux paramétrages des carnets il en existe deux : un libre (carnet de base) et un compatible avec le système d’OCR. Il ne faudra donc pas vous tromper au moment de le créer. Et vous pourrez toujours saliver sur les plusieurs dizaines de modèles de mise en page de reMarkable (partitions, lignés, carreaux, etc.).
OCR de grande qualité… grâce à MyScript
L’Elipsa marque un point technologique dans le domaine de la reconnaissance de caractères. Malheureusement pour l’égo des équipes de Kobo, il ne s’agit pas d’une prouesse interne, mais de l’incroyable travail des Nantais de MyScript dont la technologie est ici intégrée.
Même avec une écriture médiocre – certaines de mes lettres ne sont pas complètement fermées, les barres de mes T sont assez exagérées, etc. – la reconnaissance est stupéfiante de rapidité et de précision.
Une qualité qui rattrape un peu le raté « organique » de la tablette, prisonnière de son identité de liseuse, et pas assez léchée par rapport à la reMarkable 2.
La Kobo Elipsa est une liseuse onéreuse, mais très confortable. Son grand écran de 10 pouces permet d’afficher beaucoup de caractères à la fois, limitant le nombre de « pages » virtuelles à tourner, la définition est bonne, le rétro-éclairage, quoi que pas au top de la technologie, est bel est bien présent.
Malheureusement pour les scribes, Kobo n’a envisagé l’écriture manuscrite que comme un simple ajout technique, et non comme une fonction majeure. Si l’OCR très performant plaira pour de la prise de note et de la transcription occasionnelle, on est loin, très loin de l’expérience d’écriture de la reMarkable 2. L’Elipsa est une liseuse améliorée, par un vrai cahier numérique.
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