Garmin sait tirer ses montres vers le haut. Référence pour nombre de triathlètes depuis des années, la série 900 du fabricant américain entre dans une nouvelle phase de son développement. Après avoir comblé son retard en termes de fonctionnalités sur la gamme Fenix, elle emprunte désormais à la famille Epix ce qu’elle a de mieux : un écran Amoled et une lunette en titane. Plus complète que jamais, la Forerunner 965 a tout, sur le papier, pour devenir une icône. À moins que le passage à l’OLED n’ait des conséquences néfastes sur son autonomie. Pour le savoir, nous avons testé la Garmin Forerunner 965 en long, en large et en travers au cours de trois mois d’activités physiques variées.
Design : coucou Fénix !
Esthétiquement, cette nouvelle Forerunner lorgne beaucoup du côté de la gamme Fenix. L’ajout d’une partie en titane (une première pour la gamme) y est pour beaucoup, mais ce n’est pas le seul élément esthétique qui permet de la différencier de sa « grande sœur », la 955. Garmin a également affiné son boîtier d’1 mm, ce qui donne une montre quelque peu plus « discrète », même si cet adjectif convient assez mal à la tocante américaine.
La 965 opte également pour un nouveau bracelet solide et agréable au toucher. Celui-ci vient se fixer au boîtier de 47 mm de diamètre, grâce à un système classique d’horlogerie. Garmin n’a pas souhaité intégrer sur ce modèle une attache « Quick-fix » et pour cause, certains départs en triathlon, notamment dans l’eau, peuvent être assez musclés. Il s’agit d’opter pour la solution de fixation la plus sécurisée.
Mais ce qui donne son identité à cette Forerunner 965, c’est bien sur son bel écran AMOLED qui se termine sur des bordures assez fines, ce qui constitue sa principale différence avec l’Epix 2.
L’écran : l’apport immense de l’OLED
L’argument massue de cette nouvelle Forerunner, c’est donc cet écran AMOLED de 1,4 pouce (454 x 454) qui remplace le traditionnel affichage MIP translectif. Il est légèrement plus grand (1,4 pouce contre 1,3 pouce) que celui de l’Epix 2, sortie l’an dernier, mais la plus grande finesse de la montre ainsi que ses bordures maîtrisées donnent l’impression d’un affichage nettement plus grand.
À l’usage, l’écran de la 965 est très plaisant, lisible même en plein soleil et particulièrement réactif qui plus est. Comme pour l’Epix 2 qui avait inauguré l’Amoled chez Garmin, la différence saute aux yeux pour quiconque avait l’habitude d’utiliser un écran translectif. Et, de fait, nous avons ressenti la même sensation que lorsque nous sommes passés de la Fénix à l’Epix 2. Une impression d’avoir fait un saut dans le temps, habitués que nous étions à considérer que les véritables montres de sport ne pouvaient prétendre à un écran OLED comme toute montre connectée qui se respecte. Même si la différence d’expérience se note au moindre coup d’œil, c’est sur l’affichage des cartes qu’elle est la plus sensible. De fait, avoir un plus bel écran pour afficher ses informations de course, c’est agréable, mais pouvoir naviguer avec plus de précision dans une carte, c’est plus utile.
Garmin permet également de choisir non seulement les informations affichées à l’écran (choix du cadran, personnalisation des menus, etc.), mais aussi la durée d’affichage et la manière dont la montre s’active. En effet, il est possible de choisir entre écran toujours allumé (always on) ou réactif au mouvement. Cette dernière option n’est pas aussi bien maîtrisée que chez Apple, par exemple, obligeant parfois à toucher son écran pour le réveiller. Ce choix, outre l’aspect qu’il donnera à votre montre au poignet, aura de grandes conséquences sur l’autonomie. Nous y reviendrons dans la partie consacrée à la batterie de la montre. Enfin, le propre de l’écran Amoled, c’est qu’il offre une alternative tactile à la navigation via les boutons. Indispensable au quotidien, plus difficile à appréhender en pleine activité, celle-ci peut être complètement paramétrée ou même désactivée en fonction des goûts de l’utilisateur.
Le contrecoup de cette sensation particulièrement plaisante de changer de dimension avec un écran moderne, c’est qu’il est presque impossible de revenir à un écran classique une fois que l’on a gouté à l’Amoled. Qu’importe, nous direz-vous, la Forerunner 965 fait tout ou presque. Elle devient donc une véritable concurrente de la Fénix 7 et surtout de l’Epix 2 dotées du même écran Amoled, tout en étant plus accessible que ces deux-là.
Le plein de nouvelles fonctionnalités
C’est sans doute ainsi qu’il faut analyser le positionnement de la dernière Forerunner. Elle est une alternative plus que crédible aux montres les plus haut de gamme du fabricant. Et si jusqu’ici, elle pouvait être limitée dans certaines fonctionnalités, ce n’est presque plus le cas.
La différence avec le duo Epix/Fénix se situera sur l’accès à certains types d’activité, notamment les sports d’eau (kite surf, Wind surf entre autres) réservés aux deux montres outdoor premium. Le reste, ce sont des différences d’ordre matériel (robustesse, poids, type de verre) ou au niveau de l’autonomie. En définitive, Garmin a considérablement réduit l’écart de performance entre sa série 900 et ses Fénix, ce qui fait de la 965 une montre de sport qui n’a pas tant à envier à l’Epix 2. Cette approche ultra-complète en matière de sport, on la retrouve dans la très longue liste de types d’activités recensées par la montre, mais aussi dans le type de mesures et la façon dont la Forerunner est capable de les interpréter.
En effet, on retrouve sur cette 965 toutes les fonctionnalités logicielles de l’Epix 2 et notamment les données agglomérées qui sont à l’origine des métriques poussées de Garmin. Ainsi, la montre type du triathlète dispose des fonctions Stamina et body battery. Pour la première, nous n’allons pas ici refaire notre analyse de l’une des fonctionnalités les plus ambitieuses de Garmin depuis des années, mais nous vous invitons à vous replonger dans notre test de l’Epix 2, dans lequel Stamina a été testé en profondeur. Quant au body battery, là encore, c’est l’algorithme de Garmin qui se met au service de l’utilisateur en analysant plusieurs données telles que le sommeil, la fréquence cardiaque, la charge d’entrainement ou les temps de repos, pour définir un score de forme global qui évolue au fil de la journée.
La 965 affiche également la VFC (variation de la fréquence cardiaque). Comme pour Stamina, ces données plus poussées nécessitent de porter la montre en continu (y compris la nuit) pendant plusieurs semaines, mais l’interprétation que Garmin fait de ces mesures est intéressante, notamment pour un utilisateur qui ne sait pas « écouter » son corps. Enfin, la dernière Forerunner dispose de la même cartographie très complète que l’Epix 2, soit ce fait de mieux sur le marché.
La Garmin Forerunner 965 est-elle une bonne montre pour le sport ?
La Garmin Forerunner 965 ne se contente pas d’être complète, elle est aussi très efficace. Le fabricant l’a doté de ce qu’il avait de mieux en stock en matière de capteurs et cela se voit dans les résultats de test.Au niveau de l’analyse de la fréquence cardiaque, la montre de triathlon ne sera dépassée que par l’Epix Pro ou par l’utilisation d’un accessoire dédié tel qu’une ceinture cardiaque. Pour le reste, elle offre les mêmes limites que ce que nous avions pu constater lors de nos tests des Fénix 6 Solar et de l’Epix, à savoir une mesure juste, mais qui peine à retranscrire les variations de FC soudaines. Autrement dit, la montre conviendra à tous les types d’entrainement à l’exception sans doute des exercices de fractionné. Mais cela s’entend pour les coureurs les plus exigeants. Le commun des mortels se contentera aisément d’un capteur largement au niveau.
En revanche, le bilan est parfait sur la précision du GPS. La puce GNSS double fréquence de la montre fait des merveilles sans impacter l’autonomie outre mesure. Comme toujours, Garmin laisse le choix à l’utilisateur pour la manière dont il sera localisé. Pour notre part, nous avons été convaincus par les apports du mode multi GNSS qui offre selon nous le meilleur compromis entre précision des données et autonomie. Autre possibilité : opter pour le mode SatIQ qui bascule sur le GPS le plus performant en fonction de la situation, mais le gain nous parait substantiel pour une autonomie moins maîtrisée.
En étant sans doute le fabricant qui sait le mieux capter et interpréter les données géographiques et physiques, Garmin réussi avec cette Forerunner 965 à proposer une montre ultra-complète qui répond à la fois aux exigences élevées des athlètes, tout en proposant une lecture simplifiée des données pour les sportifs qui ne seraient pas fous de statistiques ou particulièrement au point sur la physique du sport. Grâce à ce subtil mélange, la Forerunner 965 est sans doute l’une des meilleures montre de sport du moment.
La Garmin Forerunner 965 est-elle une bonne montre connectée ?
Sans surprise, notre avis en matière de connectivité sera le même que pour les précédentes montres haut de gamme de Garmin, la marque ayant assez peu fait évoluer ses montres sur ce point. Concrètement quel est-il ?
Selon nous, bien que Garmin ait légèrement amélioré l’interface et même si la navigation à travers les différents menus est fluide et agréable, il manque au fabricant américain un certain savoir-faire en matière d’interface pour faire de ses montres des alternatives crédibles aux montres connectées de référence. Certes, Garmin dispose d’une panoplie impressionnante de fonctionnalités sur sa montre, qu’il s’agisse de fonctions basiques telles que l’affichage des notifications, ou d’options plus poussées à l’image de Garmin Pay qui débloque le paiement sans contact. La montre dispose également de 32 Go de mémoire (soit davantage que l’Epix 2 de base) qui sont utilisés en partie pour stocker la cartographie, mais qui permettent surtout d’écouter de la musique en Bluetooth. Inutile en revanche de chercher une intégration Spotify, Deezer ou Apple Music, nous touchons là à l’une des limites de la 965, et des montres Garmin par extension.
En plus de manquer de certaines fonctionnalités qui font le sel des montres connectées de référence, la Forerunner souffre aussi sur le plan de la navigation. L’interface a beau s’être amélioré, elle n’en demeure pas moins obscure pour quiconque n’aurait pas un Master en produits Garmin. Là encore, le fabricant américain paye le fait de n’avoir pas pris la peine de remettre à plat sa couche logicielle, empilant au gré des nouveaux produits des fonctions supplémentaires.
Interface et application : deux rares points faibles
Le constat est encore plus accablant lorsqu’on délaisse la montre pour s’essayer à l’application ou au site Garmin Connect. Véritables usines à gaz l’un et l’autre, ils gagneraient à être simplifiés et mieux agencés. Ce labyrinthe logiciel est d’autant plus regrettable que les possibilités sont immenses pour tout utilisateur aguerri. Du suivi de ses statistiques de santé au cours de la dernière année, à la préparation de plans d’entrainements détaillés en passant par la suggestion d’itinéraires cartographiés, Garmin ne manque pas d’atouts pour accompagner les porteurs de ses montres, quels que soient leurs sports de prédilection.
Mais comme le reste de la gamme Garmin, la 965 dispose de nombreuses fonctions qu’il faut aller chercher en creusant à mains nues, en plus des options classiques. En conséquence, sa connectivité peut être jugée comme suffisante, mais elle reste inférieure aux Apple Watch et autres Galaxy Watch.
Autonomie : Garmin reste la référence
Depuis quelques années, Garmin est considéré comme la référence absolue en matière d’autonomie sur les montres de sport. L’arrivée de l’Epix 2, l’an dernier, avait pu confirmer que le passage à l’écran Amoled était plutôt maîtrisé en termes de consommation et qu’un bel écran n’était pas nécessairement synonyme de performances dégradées en matière de batterie. Précisons également, et c’est assez rare, que l’américain est un des rares fabricants à communiquer des chiffres d’autonomie exacts, voire même légèrement sous-évalués, ce qui est fort appréciable. Sur cette Forerunner 965, les estimations du constructeur se révèlent exactes une fois de plus. Mais, une fois que l’on a dit cela, il convient immédiatement d’expliquer ce qui peut faire varier l’autonomie d’une montre de sport.
Deux facteurs ont un rôle prépondérant sur la batterie : l’écran et le GPS. L’avantage de la 965 en comparaison d’autres produits, c’est qu’il est possible d’agir sur ces deux aspects afin de prolonger au maximum l’autonomie. Ainsi, les variations seront très importantes selon qu’on opte pour un écran éteint ou le mode always on. Idem en fonction du type de GPS sollicité et du nombre d’heures pendant lequel la puce GPS travaille. Pour autant, même avec l’écran toujours actif et avec quatre à cinq activités d’une heure par semaine, nous sommes parvenus à dépasser une semaine d’autonomie, ce qui est remarquable en comparaison des montes connectées classiques qu’il faut recharger au mieux toutes les 48 h.
L’autonomie peut passer à plusieurs semaines si l’écran et/ou le GPS sont moins sollicités, mais de manière générale le constructeur communique sur 31 heures de batterie en mode enregistrement GPS. En conséquence, à moins de partir pour un ultra trail particulièrement exigeant, vous pourrez profiter des capacités maximales de la montre sur un large éventail d’activités et relativement longtemps avant de repasser par la case recharge. C’est aussi ce qui fait de la 965 une alternative crédible à l’Epix 2.
Il ne manque finalement à la montre que le gestionnaire de batterie qui permet, sur l’Epix ou la Fénix 7, d’appliquer un profil d’autonomie en fonction du sport pratiqué. Comprenez que si elle est bien réglée, la montre utilisera moins de ressources sur les activités sportives les plus longues. Cette absence est difficilement explicable à moins de chercher volontairement à créer des disparités pour justifier une gamme.
Les performances de la Forerunner 965 en matière d’autonomie sont tout simplement excellentes, au niveau des standards de Garmin en la matière. Sa batterie suffira à accompagner son porteur sur toutes ses activités, même longues et ne l’obligera à recharger qu’occasionnellement. Sur ce point, Garmin reste toujours bien au-dessus de la mêlée.
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