La planète tech espérait un événement en mars, mais l’épidémie de covid-19 en a décidé autrement. Apple a donc annoncé de nouveaux produits, comme le voulait la rumeur, mais sans keynote ou événement spécifique.
Au cœur d’une des annonces, un nouvel iPad Pro, qui a plus les traits d’une mise à jour à petits pas que d’une refonte en profondeur. Quand on prend la nouvelle tablette en main, on serait bien en peine de la distinguer de son aînée, sortie en novembre 2018.
On retrouve le même design aux bordures réduites, qui met en avant l’écran de 11 pouces ou, en l’occurrence pour notre modèle de test, 12,9 pouces. On le déverrouille facilement avec Face ID et on le recharge en USB-C, toujours un seul port, ce qui peut être un peu court pour une machine de travail. Encore que le cloud et le Bluetooth soient là.
D’ailleurs, vous solliciterez souvent cette connexion sans-fil parce qu’il n’y a pas d’autre moyen (sauf à adopter un adaptateur) pour brancher un casque audio à cet iPad Pro. Comme sur la génération précédente, le port mini-jack est toujours porté disparu.
On précisera juste qu’en ces temps de confinement, on aimerait qu’Apple trouve une solution pour que les AirPods (Pro ou non) changent plus facilement et rapidement de périphérique auquel ils sont connectés. C’est toujours un peu agaçant de rater les premiers mots d’un appel ou d’une conférence vidéo parce qu’il faut activer l’appairage.
Deux objectifs…
Bref, rien n’a changé. Sauf à retourner la tablette et à constater alors que le bloc optique à l’arrière a pris de l’embonpoint. C’est désormais un carré, plutôt réussi esthétiquement parlant. Il comporte deux objectifs : un pour le téléobjectif classique (12 Mpixels, f/1.8), en bas, et un pour un ultra grand-angle (10 Mpixels, f/2.4), en haut. Cela nous donne donc un zoom optique x2, accompagné d’un zoom numérique x5.
En prêtant un peu plus attention, on constate également la présence d’une sorte de troisième objectif, c’est le LIDAR. Il est en charge de renforcer les performances en réalité augmentée de l’iPad.
Nous n’utilisons pas régulièrement l’iPad (quel que soit le modèle) pour prendre des photos. Même si les tablettes offrent un cadre de visée génial avec leur grand écran, il nous semble que les smartphones sont plus faciles à dégainer à l’envi, plus doués également en photo et vidéo, bref mieux adaptés. Autant de points qu’on s’est remis en tête en prenant quelques clichés avec l’iPad Pro.
Les résultats sont corrects, quand la lumière est suffisante, bruités et en grand manque de piqué quand l’obscurité prend le dessus. D’autant qu’on ne retrouve pas le mode nuit des iPhone 11. Cependant, l’arrivée d’un ultra grand-angle est une bonne nouvelle. Cela permettra de faire varier les plans et de cadrer vos photos plus aisément ou artistiquement.
Côté vidéo, l’iPad Pro peut filmer en 4K à 60 i/s (et en 1080p à 240 i/s au ralenti), toujours avec les mêmes limitations qu’en photo, tout dépendra donc de la lumière. On notera que la zoom vidéo numérique n’est que de x3, comme sur la génération précédente.
Quoi qu’il en soit, comme sur les iPhone, la balance des blancs et la fidélité des couleurs quand on passe d’une optique à l’autre est plutôt bonne.
Côté son, Apple a retravaillé ses micros, donnés désormais pour être de qualité « studio ». Difficile sans nos appareils de mesures de le certifier, il nous a semblé qu’en enregistrement vidéo la piste audio était bonne. Pendant nos vidéochats, personne ne s’est plaint de leur qualité. De là à savoir si ce sera assez pour un tournage sérieux ou un podcast…
Par ailleurs, la caméra avant est indubitablement celle dont vous vous servirez le plus souvent, puisque généralement c’est celle qu’on active pour les discussions vidéo en famille ou entre amis. Comment faire autrement à une époque où les apéritifs se dématérialisent…
On se demandera toutefois si Apple va maintenir cette caméra à cet endroit. Car, mis à part quand on utilise la tablette de manière classique, elle se retrouve sur le côté quand on utilise l’iPad Pro avec son Smart Keyboard. Ce qui est moyennement pratique quand on saisit l’iPad pour le déplacer ou réajuster son inclinaison.
… et un LIDAR, en guise de pari sur l’avenir
Mais la grosse nouveauté tient surtout au LIDAR. Là où la taille de l’iPad est un peu handicapante pour la photographie, elle devient un vrai atout quand on parle des usages en réalité augmentée actuels.
Pour l’heure, à grands traits, car il y a toujours des exceptions, la réalité augmentée sert surtout à l’aménagement d’intérieur, aux jeux vidéo, ou encore à l’apprentissage. Autant d’activités qui sont généralement plutôt pratiquées dans un salon qu’au détour d’une rue.
Ce LIDAR permet de créer une sorte de maillage de l’environnement, une carte en 3D extrêmement précise. Il renforce la précision des mesures, affine l’intégration des éléments virtuels dans l’environnement réel, etc. Il a notamment un effet bénéfique immédiat sur l’occlusion (quand un objet virtuel est caché par une personne, par exemple). La détection de l’environnement avant l’application des objets virtuels est également bien plus rapide.
On a également un petit aperçu de son apport avec l’application Mesures, intégrée dans iPadOS, où la détection de plans (horizontaux et verticaux) et de bordures semble meilleure, même si tout n’est pas encore parfait. Certaines surfaces sont encore trop petites pour être bien prises en compte.
Une bonne part du potentiel de ce LIDAR se conjugue encore au futur. Il va falloir que les applications en tirent parti pour que nous puissions voir ce que tout cela va donner. C’est donc une promesse que fait Apple et qu’il va falloir croire sur parole, pour l’instant.
Un écran pour tous les usages
Parlons brièvement de l’écran de l’iPad Pro. Sa dalle Liquid Retina embarque toutes les technologies d’Apple, tout son savoir-faire.
Dès l’allumage, l’œil est séduit, les couleurs sont chaudes, nuancées, contrastées. Nos mesures lui ont trouvé un meilleur taux de contraste que son aîné, avec un résultat de 1865:1 contre 1548:1 pour le modèle équivalent en 2018. La luminosité aussi est légèrement renforcée sur cette nouvelle génération d’iPad Pro avec un score de 634 cd/m2, contre 619 précédemment.
Enfin, pour en terminer avec les mesures, son DeltaE est en progression lui aussi. Nos mesures lui attribuent un 2, contre 2,19 sur le modèle 2018. Les couleurs produites et affichées par ce nouvel iPad Pro se rapprochent donc de la réalité.
Vous pouvez jouer avec l’option TrueTone pour renforcer le confort visuel en fonction de l’éclairage environnant, profiter de la technologie P3 pour regarder un film en bénéficiant d’un gamut de couleurs extrêmement large ou encore apprécier, sans forcément vous apercevoir de sa présence, l’effet assuré par la technologie ProMotion.
Elle fait en sorte que le taux de rafraîchissement de la dalle varie automatiquement en fonction de ce que vous faites, du contenu visualisé. Un film ? Le rafraîchissement passe à 24 images par seconde. Un jeu, au contraire, vous avez besoin de fluidité et l’iPad Pro pousse son écran jusqu’à 120 images par seconde. Des petits détails, mais qui apportent un grand confort.
Génération Z…
Plongeons maintenant au cœur de cet iPad Pro 2020. Une des nouveautés à l’intérieur de l’iPad Pro, c’est son processeur. Apple aurait pu, comme il l’a fait jusqu’à présent, accoler un X au nom de la puce qui équipe les iPhone de dernière génération. Nous aurions donc eu entre les mains une Apple A13X. En l’espèce, et sans qu’il y ait d’explications fournies, c’est une puce Apple A12Z qu’on trouve, une évolution de la puce présente dans les iPad Pro introduits fin 2018, l’A12X.
Partant du principe alphanumérique que Z est plus grand que X, on imagine que cette nouvelle puce aura de la puissance à revendre. De fait, l’A12X avait déjà de quoi mettre à l’amende pas mal de PC présents sur le marché.
Si on veut aller plus loin et rapidement comparer les deux puces, en théorie, les différences semblent minimes. On trouve le même nombre de cœurs côté CPU (huit, pour être exact), cadencés à une fréquence proche pour ne pas dire identique (2,49 GHz).
En revanche, pour la première fois, le processeur graphique du SoC d’Apple comporte lui aussi huit cœurs graphiques. Il en avait seulement sept sur les générations précédentes.
Autant dire que la puce de l’iPad Pro 2020 devrait apporter un petit sursaut de puissance, mais elle ne provoquera pas une révolution. Pour la petite anecdote d’ailleurs, certains des logiciels de bench confondent l’Apple A12X et A12Z tant elles sont similaires. C’est d’ailleurs ce qu’on observe en faisant tourner quelques outils de mesures habituels, comme Geekbench.
Les différences de score pour les mesures de performances du processeur (Single Core et Multi Core) ne sont pas vraiment significatives et confirment la similitude des deux puces.
En revanche, la partie graphique de l’A12Z s’avère logiquement meilleure. Le cœur supplémentaire tient son rôle et justifie sa présence en apportant presque 9% de performances en plus. Pas une révolution, on vous avait prévenu, mais tout gain est bon à prendre.
Avec AnTuTu 8, les différences relevées grâce à Geekbench 5 se confirment. Sans surprise les deux iPad Pro marchent de front sauf quand il s’agit de mesurer les performances graphiques.
L’iPad Pro 2020 est donc bel et bien plus performant que toutes les tablettes pro de générations précédentes, même si elle ne l’est que de peu par rapport à son aînée directe. Mais face à ce manque de gain considérable, on avancera deux remarques.
La première tient à une inquiétude qu’on aurait pu avoir sur l’autonomie. L’iPad Pro 2020 nous accompagne à peu près toute une journée de travail, entre 8 et 11 heures, selon les usages et besoins. Plus de puissance aurait pu vouloir dire moins d’endurance.
En l’occurrence, nos tests d’autonomie nous ont rassuré et prouvé le contraire. L’A12Z (et la batterie de 9720 mAh) lui permettent de tenir plus longtemps que le modèle que cet iPad Pro remplace. En autonomie polyvalente, qui simule des usages du quotidien de manière soutenue, il a tenu 11h49. C’est à la fois plus que les 10h17 du modèle sorti fin 2018 mais aussi le meilleur score des iPad actuellement vendus.
En autonomie vidéo, où un fichier est streamé jusqu’à ce que la batterie rende les armes, l’iPad Pro 2020 a tenu 11h39, là où son homologue de 2018 réalisait une contre-performance à 8h06.
Nous voilà rassuré, le gain de puissance n’a pas été réalisé au détriment de l’autonomie.
La seconde remarque tient en une question : mis à part peut-être quelques utilisateurs ultra-exigeants, qui a déjà manqué de puissance avec l’iPad Pro 2018 ?
D’ailleurs, dans sa communication, Apple ne donne jamais de comparaison chiffrée entre ces deux modèles. Les gains affichés le sont par rapport à l’A10X, sortie en 2017 et embarquée par la deuxième génération d’iPad Pro 12,9 pouces.
De facto, la puissance est là. Les jeux les plus exigeants tournent sans le moindre hoquet, les différentes applications professionnelles se lancent rapidement et s’exécutent sans ralentissement. L’iPad Pro 2020 a la puissance qu’il faut pour tous les usages que lui permettent le million d’applications dédiées à iPadOS.
« Votre prochain ordinateur n’est pas un ordinateur »
Et justement, dans la grande quête de l’iPad Pro pour remplacer nos PC portables, son système d’exploitation était jusqu’à présent son maillon faible. Avec cette nouvelle tablette est arrivé iPadOS 13.4, et avec lui le support de la souris, qui implique quelques évolutions logicielles, ergonomiques.
Notamment l’apparition d’un curseur rond, qui adapte son apparence au contexte.
En l’espèce, le support du trackpad/souris ne corrige pas les manques ergonomiques profonds mais fluidifie largement les usages et permet de ne pas avoir à systématiquement délaisser le clavier et lever la main vers l’écran quand on travaille. On retrouve en partie la gestuelle quotidienne qu’on est habituée à réaliser sur le pavé tactile de nos Mac (et de certains PC). On n’est donc pas perdu.
Néanmoins, certaines interactions sont encore un peu compliquées, il faut dire que les superpositions de gestes introduits au fil du temps et notamment avec iPadOS 13 sont parfois assez peu intuitives.
Pour autant, on gagne en fluidité et se rapproche de ce qu’on connaît sur les ordinateurs portables. Avec un Magic Trackpad, on prend plaisir à utiliser cette nouvelle fonction sans avoir à activer de réglages spécifiques. Mais on pourrait tout aussi bien utiliser une souris Bluetooth. Notre vieille Magic Mouse n’avait toutefois pas l’air d’être la bienvenue.
Pour autant, si le support de la souris est un gain de temps et qu’on arrive à toucher l’écran de l’iPad Pro uniquement quand c’est le plus pertinent – un peu comme sur un PC à dalle tactile sous Windows 10 en fait -, il nous semble qu’il manque encore un point important pour qu’iPadOS soit parfait.
Il faut désormais qu’Apple assouplisse son système de fenêtrage et trouve une solution pour offrir des espaces de travail plus ouverts. Des espaces où on pourra bénéficier d’un semblant de bureau et d’un accès plus rapide à un Finder – avoir la fenêtre Fichiers en accès rapide sur le côté n’est pas suffisant. En définitive, est-ce le signe qu’il nous faut encore nous adapter ou qu’au contraire le modèle qu’on connaît depuis longtemps est le meilleur ? Difficile à dire, mais il nous semble qu’Apple doit « réinventer macOS » pour l’iPad en mode PC.
En pleine page de son site, Apple clame que notre « prochain ordinateur n’est pas un ordinateur ». C’est vrai. L’iPad Pro ne permet toujours pas d’être aussi efficace quand on travaille qu’un Mac le fait. Mais les bases sont de plus en plus solides et les outils à disposition de plus en plus convaincants.
Par ailleurs, matériellement parlant, cette quatrième génération d’iPad Pro est (toujours) une des incarnations les plus abouties et convaincantes d’une troisième voie entre tablette et PC portable. Cette année, plus encore que les précédentes, on est impatient de voir ce que nous réserve iPadOS – le 14, pour commencer. Les attentes sont encore énormes, espérons que les promesses le soient également.
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