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Tesla : nouveaux modèles, charge inversée, moteur propre… que faut-il retenir de l’Investor Day ?

Annoncée comme un tournant dans l’histoire de Tesla, l’Investor Day n’a pas vu l’arrivée d’un nouveau modèle, mais l’annonce du Master Plan 3. Pourtant, cette mise à place et de la stratégie du constructeur en disent long sur les futures voitures de la marque.

Vous attendiez une nouvelle Tesla ? Elon Musk ne l’entendait pas comme ça. C’est un exercice complexe auxquels se sont livrés le CEO et les cadres de Tesla. Plus de trois heures de prise de parole pour dévoiler la stratégie à long terme du constructeur, sans jamais ou presque évoquer ses futurs modèles. Le patron de la marque a bien sous-entendu l’arrivée d’une prochaine plate-forme ainsi que deux mystérieux modèles, mais sans jamais en donner les détails. Tel n’était pas l’objet de l’Investor Day, et tant pis si depuis des semaines, on annonce l’arrivée d’un Hardware 4, d’une nouvelle plate-forme, d’une Model 3 restylée ou encore d’une Tesla pas chère.

Pour Elon Musk, l’objectif était ailleurs. Il était surtout de dévoiler son « Master Plan 3 », et d’expliquer comment l’entreprise Tesla va évoluer afin de coller à l’idéal d’une société bâtie autour d’une économie électrifiée, l’idée maîtresse de Musk.

Master Plan 3 : vers une société du tout électrique

Nous ne nous attarderons pas outre mesure sur le Master Plan 3, d’Elon Musk, celui-ci étant surtout une vision à long terme d’une société qui aurait opéré une transition énergétique massive, faisant de l’électricité sa principale source d’énergie. Pour Elon Musk, dans quelques années, la totalité des modes de transport (hormis peut-être les fusées) seront électriques. L’utilisation d’énergies renouvelables, la généralisation des pompes à chaleur, des panneaux solaires ou des batteries domestiques de type « Powerwall » devraient permettre de laisser derrière nous une économie basée sur des ressources fossiles, « sale et source de gaspillage ». Car, et c’est l’idée générale du Master Plan 3, « une économie énergétique durable est à portée de main », et elle ne nécessiterait pas de si grands efforts ou investissements. Les spécialistes du climat et de l’énergie apprécieront.

Tesla
© Tesla

Pourquoi ce préambule ? Tout simplement parce qu’il explique les grandes orientations du constructeur et ses choix technologiques futurs. Ainsi, la nouvelle plate-forme que les observateurs espéraient voir lors de cette Investor Day ne s’est pas totalement dévoilée, mais presque toutes les annonces la concernaient. Elles en disent long sur les capacités des futures voitures électriques de Tesla.

Un nouveau moteur sans terres rares

L’une des principales annonces de l’investor Day, qui illustre parfaitement cette volonté de Tesla, est le développement d’un nouveau moteur maison. Il semble déjà particulièrement avancé puisque le constructeur a pu faire une courte démonstration de son fonctionnement. Il s’agit d’un moteur à aimant permanent qui aura la particularité de ne pas utiliser de terres rares.Moteur Tesla
Mais ce nouveau réduirait également son empreinte carbone (dans le processus de sa fabrication), diminuerait de 75 % le carbure de silicium utilisé jusqu’ici et, surtout, coûterait moins de 1 000 dollars à fabriquer, ce qui d’après Tesla serait bien moins cher que tous ses concurrents. Ce nouveau moteur devrait être utilisé sur les prochains modèles de la marque et ne devrait pas concerner les véhicules actuellement commercialisés.Moteur Tesla

Un processus de production optimisé

Tesla a également insisté sur la manière dont ses véhicules étaient fabriqués et sur le processus d’assemblage. Tesla est un exemple en matière de production sur une chaîne robotisée, mais le constructeur prévoit encore d’améliorer ses procédés. En effet, sur une chaîne classique, plusieurs parties du véhicule doivent être montées, puis démontées avant un assemblage final. Tesla a imaginé une autre façon de concevoir ses véhicules. Celle-ci requiert que les quatre principales parties de la voiture soient assemblées séparément avant d’être intégrées à un même ensemble. Selon le constructeur, cette méthode permettrait de gagner un temps considérable et, par conséquent, d’augmenter ses capacités de production.
En revanche, cette nouvelle méthode d’assemblage ne devrait pas être utilisée pour les modèles actuels. Elle sera mise au service de la nouvelle plate-forme de Tesla et, par conséquent, de ses futurs modèles.

L’architecture 48 V, pour quoi faire ?

Cette future plate-forme disposera également d’une architecture secondaire en 48 V. Le circuit en basse tension des Tesla (et de la majorité de ses concurrents) est actuellement de 12 V. Ce choix qui avait été fait pour le Cybertruck sera donc généralisé à l’ensemble des nouveaux véhicules. Son principal intérêt n’est pas à chercher du côté des performances, mais en amont. En effet, une telle solution permettrait de réduire le nombre et le volume de câbles dans la voiture et par conséquent de diminuer son impact écologique et son prix. D’ailleurs, Tesla indique que sur sa prochaine plate-forme, il sera capable de fabriquer 100 % des contrôleurs nécessaires à son fonctionnement.

Le logiciel et la conduite autonome, toujours au cœur de la voiture

Que serait une conférence Tesla sans un moment consacré à la conduite autonome ? Mais cette fois, pas de vidéo truquée ou d’annonce tonitruante sur l’arrivée d’une version définitive du FSD en un temps record.
Tesla a souhaité communiquer sur la façon dont il utilisait les données anonymisées de ses véhicules en circulation afin d’améliorer son logiciel et même certaines fonctionnalités de ses voitures. En effet, le constructeur californien explique que c’est en analysant l’utilisation qui était faite de ses Model 3 et autres Model Y qu’il s’est aperçu, par exemple, que les propriétaires de ces véhicules n’utilisaient que rarement les pare-soleil. C’est ce qui explique qu’il les a retirés. Mais parfois les observations sont moins anecdotiques et aboutissent à des changements plus importants. Ainsi, les données récoltées lors des accidents survenus en Tesla ont donné lieu à une adaptation du système de freinage d’urgence ainsi qu’à une modification du comportement de la ceinture de sécurité.

Bien entendu, ces données sont utilisées pour mettre à l’épreuve l’IA de l’Autopilot. Tesla n’a donc pas abandonné son idée de proposer, un jour, des voitures 100 % autonomes, bien au contraire. Elon Musk a rappelé son objectif de mettre en place un réseau de robotaxis et de faire rouler les Tesla « même en votre absence ».

Une nouvelle plate-forme, mais pour quels nouveaux modèles ?

Toutes ces nouveautés ont pour objectif de donner un aperçu de la prochaine plate-forme de développement de Tesla. Celle-ci a un objectif connu. Elle doit permettre au constructeur de réduire de moitié le prix de vente de ses véhicules afin d’aboutir à une production de 20 millions de voitures par an. À titre de comparaison, Tesla sort d’une année record où il a produit 1,3 millions de véhicules.

Pour parvenir à ce total hallucinant, Tesla mise sur deux nouveaux modèles qui viendraient compléter le catalogue actuel qui en compte quatre (plus le Semi), ainsi que le futur Cybertruck, dont l’arrivée a été confirmée pour 2023. Ainsi, à plusieurs reprises dans ses illustrations, Tesla a évoqué l’arrivée de deux nouveaux véhicules, qui apparaissent cachés sous un drap.
Or ces deux nouveaux modèles ne sont pas anodins, surtout lorsqu’on regarde la production attendue de la part de Tesla. Le premier d’entre eux qui apparaît dans la même colonne que le Cybertruck vise 300 millions immatriculations. Il est bien difficile de dire à quoi il ressemblera. Certains y voient un plus petit pick-up destiné au marché américain, sur le modèle d’une Jeep, d’autres veulent croire à un SUV compact. Le second véhicule drapé est nettement plus compact et n’est associé à aucun autre modèle existant. Selon toute vraisemblance, il pourrait s’agir de la fameuse « Model 2 », le véhicule à 25 000 dollars de la marque. Cette hypothèse est corroborée par les chiffres de ventes attendus sur ce modèle puisque Tesla espère en faire sa voiture la plus vendue au monde. Avec une production estimée à 700 millions d’unités au global et sur sa durée de vie, elle s’écoulerait deux fois plus qu’une Model 3, la voiture électrique la plus vendue au monde actuellement. Enfin, il est intéressant de remarquer que le Tesla Roadster, pourtant annoncé de longue date, est absent de ce visuel. Compte tenu de son prix, ses ventes seront évidemment anecdotiques par rapport aux modèles grand public, mais son absence ne pouvait passer inaperçue.

Il y aura donc, au moins, deux nouvelles Tesla dans les mois ou les années à venir. C’est sans doute l’une des annonces les plus importantes de cet Investor Day, même si pour l’instant, ces deux véhicules restent hypothétiques.

Les autres annonces à retenir

Au cours de cette conférence, le constructeur californien a annoncé d’autres nouveautés qui ne concerneront pas directement le marché français, mais qui méritent tout de même d’être mentionnées.

  • Giga Mexico : l’annonce était attendue, Elon Musk l’a confirmé, il y aura bien une Goga Factory de l’autre côté de la frontière texane, au Mexique. La prochaine usine de Tesla sera donc la Giga Factory Mexico et elle devrait aider à alimenter le marché américain.
  • Forfait de recharge de nuit : Tesla lancera prochainement une nouvelle offre réservée à ses clients américains. Il s’agit d’un forfait de recharge électrique de nuit. D’abord déployé au Texas, il permettra aux clients du constructeur de recharger leur Model 3 ou Model S la nuit moyennant un abonnement mensuel de 30 $.
  • La charge bidirectionnelle : ce n’est pas une promesse d’Elon Musk, mais de son vice-président chez Tesla, Drew Baglino. Le n°2 du constructeur a annoncé l’arrivée de la fonction V2L (vehicle to load) sur les Tesla d’ici à deux ans. Cette annonce, faite dans la session de questions/réponses, peut surprendre, ce genre de fonctionnalités étant généralement prévu lors de la phase de développement du véhicule.

Surtout, ce qui pourrait mettre rapidement un terme à cette promesse, c’est le manque d’engouement dont Elon Musk a fait preuve lorsqu’il a été questionné sur le sujet. Le CEO de Tesla a tempéré les propos de son employé, expliquant que cette option n’intéresse pas beaucoup de monde, à moins de posséder un powerwall à la maison ».

La nouvelle Tesla attendra

Malgré de nombreuses nouveautés, cet Investor Day aura sans doute déçu les suiveurs de Tesla qui espéraient y voir l’annonce d’un nouveau modèle. Alors que l’arrivée du Hardware 4 ou de la Model 3 restylée semblent imminentes, elles n’ont pas fait l’objet d’une annonce lors de cette journée consacrée, il est vrai, aux investisseurs. Pour autant, ces annonces distillées au cours de trois longues heures de conférence ne manquent pas de cohérence. Elles dessinent un avenir dans lequel Tesla, fort de son modèle économique et de ses choix technologiques, s’appuiera sur une économie massivement électrifiée pour s’imposer comme le premier constructeur auto dans le monde.

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Votre opinion
  1. Euh, concernant la production, il semble y avoir une petite confusion entre les milliers et les millions… Il semble peu probable que Tesla vende un jour 200 millions de véhicules par an, ni que le future modèle d’entrée de gamme s’écoule à 700 millions d’exemplaires ! D’autre part, les livraisons de Tesla ont atteint 1,3 millions de véhicules en 2022 et non 2 millions comme indiqué.

  2. Relisez-vous SVP et corrigez les chiffres fantaisistes du genre 300 millions d’immatriculations pour le Cybertruck, ou 700 millions pour une petite berline.

    Tesla est déjà suffisamment menteur sur à peu près tout sans en rajouter 😉

    1. Menteur?
      Non, ils sont mauvais sur les délais, mais pour le reste, ils ont tout juste. J’en atteste après plus de 50.000km au compteur (et voire beaucoup plus dans mon entourage)…

      Mais c’est bien connu: Tesla, ce sont ceux qui ne connaissent pas qui en parlent le mieux!

Les commentaires sont fermés.