Embryonnaire en 1998, le marché des produits utilisés pour mettre en place une infrastructure de téléphonie sur IP (ou de voix sur IP) se précise. Mais il reste difficile à cerner compte tenu de la multiplicité et de la diversité des produits concernés. La démonstration d’interopérabilité organisée lors du salon Networld+Interop Paris illustre cette complexité.Le protocole H.323, malgré sa lourdeur, est utilisé pour faire preuve de la compatibilité entre les systèmes de visiophonie et pour traiter la téléphonie simple à partir des PC équipés de Netmeeting ou des téléphones IP dédiés. Ce test permet à des sociétés de diverses origines, comme Clarent (passerelles RTC vers IP), Enterasys Networks (commutateurs Ethernet), NetCentrex (serveurs gatekeeper), PictureTel (visiophonie), CosmoCom (serveurs ACD et centres d’appels Web) ou Agilent Technologies (analyse de réseau), de dévoiler leurs solutions pour le transport de la voix sur IP (VoIP).Aucun PABX-IP n’y figure. C’est pourtant l’une des briques essentielles dans un contexte d’entreprise. Faut-il y voir un signe de l’immaturité de cette catégorie de produits ?
Des utilisateurs prudents
Dans ce domaine, la seule véritable annonce du salon est celle de Nortel qui présente la version 1.2 de sa solution Succession Communications Server for Enterprise (CSE) et qui conforte ainsi son leadership dans la téléphonie sur IP. Succession Communications Server for Enterprise (CSE) a été choisi pour équiper le réseau de transmission de données et les applications de téléphonie sur IP du salon.Les principaux constructeurs présents à la manifestation ne se sont pas pour autant déplacés les mains vides. Ainsi, Avaya présente ses tout nouveaux téléphones IP. Alcatel démontre le virage vers IP pris par sa famille Alcatel Office issue de la gamme 4200 destinée aux PME et de son déjà ancien OmniPCX 4400 pour les grandes entreprises. 3Com n’aura pas mieux, pour séduire, que son NBX 100 qui n’est pas vraiment nouveau.Cisco lance en Europe l’ICS 7750, annoncé aux Etats-Unis en mai dernier et destiné aux succursales d’entreprise ou aux PME. Châssis à tout faire, ce LAN-PABX est doté de fonctions de sécurité, de routage et de commutation. En configuration classique, il dessert cent cinquante utilisateurs. “Tout ce que nous allons montrer reposera sur les applications de voix sur IP, afin de prouver que cette technologie n’est pas là que pour réaliser des économies sur les communications, mais est aussi un grand vecteur de services innovants”, explique Olivier Seznec, directeur technique de Cisco France.Si les produits sont là, il reste encore à convaincre les entreprises utilisatrices. Certes, la téléphonie sur IP laisse augurer de belles économies et de nouveaux services comme la messagerie unifiée. Elle apporte la promesse d’une souplesse pour changer aisément de postes, puisqu’il suffira de brancher un téléphone IP sur Ethernet pour que la nouvelle ligne soit affectée.Mais les entreprises sont-elles prêtes à jeter leur PABX en faveur d’une technologie qui n’a pas encore fait ses preuves en matière de qualité de service ? Sont-elles prêtes à se débarrasser de plusieurs centaines de téléphones numériques pour s’offrir des postes IP facturés de 3 500 à 5 000 francs pièce ? Sont-elles seulement prêtes à acquérir des boîtiers permettant de transformer un poste traditionnel en poste IP ?
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