Les ondes émises et reçues par les antennes-relais et les téléphones mobiles sont-elles dangereuses pour la santé ? Le seuil d’exposition du public à ces ondes doit-il être révisé ? Les enfants, dont le cerveau n’est pas encore entièrement formé, doivent-ils se tenir à l’écart des téléphones portables ?
C’est pour répondre à ces questions, et en tout cas pour tenter de faire le point sur les connaissances disponibles sur ces sujets, que des élus, des associations, des syndicats, des opérateurs et des « personnalités qualifiées » étaient réunis ce matin à Paris autour de trois ministres : Roselyne Bachelot (Santé) Nathalie Kosciusko-Morizet (Economie numérique) et Chantal Jouanno (Environnement). Les conclusions de ces entretiens seront rendues publiques au plus tôt le 25 mai.
Cette initiative intervient alors que le débat agite aujourd’hui fortement l’opinion publique, les effets sanitaires de la téléphonie mobile (d’une part les terminaux et d’autre part les antennes-relais) n’étant pas encore clairement connus. En février dernier, la justice avait condamné l’opérateur Bouygues Telecom à démonter une antenne relais à Tassin-la-Demi-Lune. SFR a aussi été condamné à démonter une antenne à Châteauneuf-du-Pape. Quant à Orange, l’opérateur s’est vu signifier en mars l’interdiction d’installer trois antennes-relais. Depuis, les procédures, souvent appuyées par des associations comme Robin des toits, se multiplient.
Dans un entretien accordé au Figaro, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, soulignait ce matin qu’« il faut que les débats judiciaires soient étayés par des données scientifiques solides ». Et la jurisprudence qui semble aujourd’hui se dessiner pour une remise en cause de certaines implantations d’antennes-relais n’est pas, loin s’en faut, étrangère à la tenue de cette concertation sur les ondes.
Entente cordiale de façade
Cette « table ronde », organisée autour de trois « ateliers » qui se dérouleront les 6, 14 et 15 mai prochain, devrait permettre d’en savoir un peu plus, voire d’aplanir certains différends existant aujourd’hui entre les associations de défense des riverains et de l’environnement d’un côté et les opérateurs de téléphonie mobile de l’autre.
Officiellement, les débats se sont ouverts dans un climat de « transparence » et d’« ouverture ». Mais, en coulisse, des approches parfois antagonistes subsistent jusque dans les rangs du gouvernement.
Ainsi, s’agissant de l’impact des ondes électromagnétiques émises par les antennes-relais, quand la ministre de la Santé rappelle que, selon les expertises de l’Afsset*, « l’hypothèse d’un risque pour la santé des populations vivant à proximité des antennes mobiles ne peut être retenue », sa collègue Nathalie Kosciusko-Morizet semble se démarquer quelque peu. « Je suis convaincue depuis longtemps que la réglementation actuelle a besoin d’être mise à jour. Il y a plusieurs façons de la modifier : sur les seuils [d’exposition, NDLR], en agissant sur la question de la distance par rapport aux lieux sensibles. Et il y a aussi la question de savoir si l’on doit avoir la même norme en zone dense et en zone peu dense », explique la ministre à 01net.
Une position qui a le mérite de la constance, puisque NKM avait cosigné en 2005 une proposition de loi préconisant un abaissement du seuil d’exposition au public à 0,6 V/m, contre une réglementation qui la fixe aujourd’hui à 41 volts/mètre.
Les associations estiment-elles que ces échanges sont partis sur de bonnes bases ? Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, voudrait bien en être convaincu. Mais pour le moment, explique-t-il, « nous ne sommes pas sûrs que l’on se donne tous les moyens de réussir. Le calendrier est extrêmement contraint ». De plus, ajoute le responsable associatif, qui souhaite aboutir in fine à une réglementation sur le déploiement des antennes-relais, « on ne sait pas encore si l’on va réussir à faire venir les scientifiques, qui devraient alimenter ce débat, car les budgets ne sont apparemment pas encore définis. Et pour l’instant le dialogue avec les ministres porte non sur le fond mais sur la méthode pour organiser ce débat ». Rendez-vous le 25 mai.
* Association française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail.
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