Le ralentissement des ventes de téléphones mobiles en Europe, dû notamment à la saturation du marché, à l’atterrissage de l’économie américaine et au manque d’innovation dans les services, pourrait se confirmer et ruiner les espoirs de reprise du marché pour la période de Noël.” Certaines personnes vont changer de téléphone à Noël mais, contrairement à l’année dernière, elles ne vont pas en offrir en cadeau. Souvenez-vous que 70 % des Européens possèdent déjà un téléphone portable “, a déclaré Hugh Brogan, directeur général du fabricant britannique d’appareils téléphoniques Sendo, lors du salon IFA de l’électronique grand public à Berlin.” La période de Noël correspondra au début de la reprise du secteur […], mais nous avons clairement revu nos chiffres à la baisse parce que les renouvellements ne se sont pas faits aussi vite que dans le passé “, a pour sa part déclaré Thijs Linthorst, directeur marketing chez Philips Consumer Communications.Avec 408 millions d’unités vendues l’année dernière ?” contre 283 millions en 1999 ?”, le marché de la téléphonie mobile est le premier secteur de l’électronique grand public. Cette année, les prévisions avancent le chiffre de 400 millions d’unités vendues, mais on pourrait descendre encore en dessous si la reprise n’a pas lieu à Noël. “Une telle croissance ne reviendra jamais. C’est comme ce qui s’est produit aux débuts de la télévision couleur ou du disque compact”, a déclaré Thijs Linthorst, alors que Philips dévoilait ses derniers gadgets.
Les mobiles au second plan
Au salon IFA (Internationale FunkAusstelle, exposition internationale des communications), qui a lieu tous les deux ans à Berlin, la téléphonie mobile n’a pas focalisé cette année toute l’attention que justifierait son poids dans le secteur. Plusieurs des grands fabricants de portables comme Motorola, Siemens et Ericsson étaient d’ailleurs absents et les habitués, comme Philips, Samsung ou Sony, qui y disposent de stands très spacieux, ont relégué leurs gammes de combinés dans un coin.Les marques avaient plutôt choisi de mettre en valeur les lecteurs MP3, les consoles de jeux, les caméras numériques, les enregistreurs de disques DVD et les téléviseurs à écran plat. Cette discrétion de la téléphonie a de quoi inquiéter, surtout lorsque l’on sait que c’était la dernière grande occasion, cette année, pour les fabricants de matériels d’appâter les consommateurs et les opérateurs avec de nouveaux produits pour Noël.
L’échec de l’Internet mobile
L’absence d’annonce importante de la part des fabricants de téléphones signifie que des technologies comme le GPRS (General Packet Radio Service), qui autorise une connexion à Internet permanente, ne vont pas faire l’objet d’offres irrésistibles.Le premier fabricant mondial de téléphones portables, Nokia, a fréquemment répété qu’il comptait vendre à Noël des millions d’appareils donnant accès à Internet grâce à la technologie GPRS. Mais, faute d’une offre abondante de services attractifs de la part des opérateurs et des fournisseurs de contenu en Europe, et étant donné la difficulté d’accès à Internet par les portables, certains professionnels craignent que les consommateurs hésitent à investir dans cette nouvelle technologie.” L’industrie a fait trop de promesses. C’est ce qui c’est passé avec le WAP [Wireless Application Protocol] et pourrait arriver de nouveau, affirme Thijs Linthorst. Il y a eu une fixation sur ce que les consommateurs ne veulent pas, plutôt que sur ce qu’ils souhaitent. “Philips a expliqué son choix de produire des téléphones qui peuvent télécharger facilement des jeux ou d’autres services simples sur les réseaux existants, notamment parce qu’il estime que le GPRS n’est pas encore prêt.Le britannique Sendo a dit s’attendre à une période de Noël difficile parce qu’il n’y a pas vraiment de service capable de convaincre les possesseurs d’un mobile d’en acheter un nouveau. Les opérateurs sont réticents à passer d’importantes commandes de combinés pour Noël à cause du grand nombre d’appareils invendus encore en stock, ont reconnu plusieurs fabricants de mobiles. “Si le secteur ne fait pas attention, il pourrait y avoir un autre fiasco, comme pour le WAP”, avertit Hugh Brogan.
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