L’ennui, quand on est premier de la classe, c’est qu’il est difficile de faire mieux. Avec une valeur en progression de 476 % l’année dernière ?” un record, tous secteurs confondus ?” Telemedia a placé la barre très haut. En tentant de transférer sa société du Marché libre au Nouveau Marché, Pierre Guillermo ne s’attend pas forcément à rééditer l’exploit. Encore que…Chef de file de l’Audiotel français (les numéros commençant par 08, permettant d’accéder à des services boursiers, météo etc.) depuis la création des services Kiosque par l’opérateur public, en 1985, Telemedia a décroché un véritable pactole auprès de l’Autorité de régulation des télécoms (ART).Après soumission à appel d’offres, l’ART a attribué au printemps dernier 140 000 numéros Audiotel à Telemedia, derrière France Telecom (200 000), mais devant Bouygues Telecom (70 000). Un événement qui change le statut de l’entreprise. À la fourniture de services s’ajoute maintenant le métier d’opérateur télécom. Jusqu’ici, Telemedia traitait les millions d’appels téléphoniques pour le compte de France Telecom, qui lui reversait une partie du prix de la communication. La dérégulation change la donne.À dater du 1er juillet prochain, Telemedia exploitera cette activité pour son propre compte. L’effet de levier est double : le revenu engrangé sur un appel sera presque multiplié par deux, et la palette des prix facturés au consommateur va s’élargir. La grille tarifaire devrait notamment s’étoffer dans les tranches les plus élevées, la note pouvant atteindre jusqu’à plusieurs centaines de francs par minute pour des services aux entreprises.Les prévisions avancées par Pierre Guillermo sont spectaculaires : de 3,2 millions d’euros (21 millions de francs) en 2000, le chiffre d’affaires devrait bondir à 41,5 millions d’euros en 2001. Le bénéfice de la société passerait ainsi d’un peu moins de 300 000 à 14,6 millions d’euros.Avant de frapper à la porte du Nouveau Marché dans les semaines à venir, Telemedia débute par une augmentation de capital de 20 millions d’euros. La somme servira à financer d’éventuelles acquisitions (banques de données, fournisseurs d’informations) et à muscler la part d’investissement technologique.Pierre Guillermo conserve le contrôle de son groupe. ” Je n’ai pas l’âge de prendre ma retraite, et une cession n’est pas à l’ordre du jour “, affirme le président de Telemedia. Il n’en évoque pas moins, avec gourmandise, le rachat, début février, de la société de services internet Jet Multimédia par 9 Telecom, filiale de Telecom Italia, pour 887 millions d’euros : ” Une opération faite en cash et qui valorise la cible à 100 fois ses bénéfices. Je n’ose imaginer ce que vaudra Telemedia dans un an. “
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