Les valeurs boursières des opérateurs européens de télécommunications semblent devoir traverser une crise relativement durable. Or la plupart des études tendent à établir qu’il n’existe qu’une corrélation modérée entre la situation macro-économique et le marché des télécommunications. Dans ces conditions, c’est donc bien plutôt sur le secteur lui-même qu’il convient de se pencher. Trois facteurs marquants, de ce point de vue, peuvent être analysés.
Un palier technologique
Tout d’abord, les instances de régulation ont joué un rôle prépondérant pour ouvrir le marché à la concurrence et permettre la croissance du secteur. Le second facteur de croissance a été la technologie. Or nous sommes aujourd’hui parvenus à un palier. Le marché de la téléphonie fixe devra d’abord résorber l’excès de capacités résultant des surinvestissements en fibre optique à la fin des années quatre-vingt-dix. La croissance des abonnements au téléphone mobile est beaucoup moins soutenue ?” voire négative. La croissance du nombre d’internautes continue, elle, d’être vive. Cependant, les modèles économiques du paiement des services sur internet ou du financement des portails par la publicité n’ont pas encore été stabilisés. Il en résulte que, du point de vue d’un opérateur télécoms, la contribution des activités internet repose d’abord sur la fourniture d’accès, un secteur à faibles marges.Enfin, il est difficile aujourd’hui de déterminer quels seront les nouveaux moteurs de croissance à court terme. Le marché de l’UMTS demeure imprécis et devra être recalibré. Le marché d’internet à haut débit ne devrait concerner, à moyen terme, qu’une minorité d’internautes. Le développement des réseaux de boucle locale radio en Europe s’est montré plutôt décevant. Hors UMTS et ADSL, aucune nouvelle technologie ne devrait être opérationnelle à court ou moyen terme.
Des garanties pour l’avenir
Il n’y a cependant aucune raison pour les investisseurs de se détourner durablement de ce secteur, dont les fondamentaux sont extrêmement sains. Il apparaît probable que les cours des opérateurs de télécommunications européens pourront retrouver une croissance durable lorsque trois conditions auront été réunies :?” l’assainissement de la situation des grands opérateurs historiques (les “incumbents”) au regard de leur dette. Les différents ratios d’endettement ont atteint un niveau extrêmement important par rapport au free cash flow (lequel est sans doute un aussi bon critère que l’Ebitda dans ces industries consommatrices en capitaux).?” la consolidation du marché des opérateurs alternatifs : qu’il s’agisse de fourniture de fibre optique ou encore de boucle locale radio, la première phase de déréglementation du secteur des télécommunications en Europe s’achève. Compte tenu de la situation financière de certaines sociétés et de la quasi-impossibilité de se refinancer sur les marchés de capitaux, une restructuration paraît inévitable.?” la remise à plat des potentiels et des objectifs de l’UMTS. Cette réévaluation de la situation impliquera l’ensemble des acteurs. Les pouvoirs publics tout d’abord : la France a pris les bonnes décisions en ce qui concerne le prix des licences ; le Royaume-Uni et lAllemagne devront se poser les mêmes questions. Les industriels ensuite, qui devront donner des dates raisonnables pour la disponibilité des terminaux. Les opérateurs de télécommunications (et leurs banques) enfin, qui devront fournir une analyse plus fine des services (surtout des contenus) et des marchés, et présenter de nouvelles hypothèses de business plan.* Head of Media et Telecoms, BNP-Paribas
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