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Télécoms : Le Limousin fait cavalier seul

Délaissé par les opérateurs, le Limousin, région rurale par excellence, a décidé de se doter d’une boucle régionale. L’objectif
: désenclaver le territoire, et créer un véritable environnement concurrentiel.

Le 11 juillet dernier, l’ Autorité de régulation des télécommunications (ART), attribuait cinquante-quatre licences pour l’exploitation de la boucle locale radio, un système qui permet l’accès à l’Internet à haut débit par voie hertzienne, et relie l’abonné au réseau de télécommunication d’un opérateur.Quelques semaines plus tard, surprise : les désistements vont bon train, et certains lauréats refusent purement et simplement de se lancer dans l’aventure, faute de pouvoir rentrer dans leurs frais. Grandes perdantes de cette partie de poker menteur, des régions comme l’Auvergne, la Corse, la Franche-Comté, ou le Limousin, rurales et peu peuplées.Les réactions des élus locaux n’ont pas traîné. Pour Robert Savy, président de la région Limousin, “la plupart des opérateurs entendent seulement couvrir les villes de plus de 30 000 habitants, comme Brive ou Limoges, ce qui laisse à l’écart toutes les entreprises et les particuliers situés en dehors de ces agglomérations. Il est donc clair que les territoires ruraux ou faiblement urbanisés encourent un risque inédit : subir le développement de la société de l’Information, au lieu d’en bénéficier.”

Des infrastructures qui favorisent l’activité des opérateurs

Ce qui s’est passé pour la mise en concurrence de la boucle radio est révélateur du déficit d’image dont souffrent aujourd’hui certaines régions de France. Et le lancement par l’ART de nouveaux appels d’offres n’y change rien. Pour lutter contre le risque de désertification technologique, le Limousin et d’autres régions comme le Tarn, ou bientôt la Corse, n’ont pas attendu pour agir. Concrètement, dans le cas du Limousin, cela passera par la construction d’une boucle régionale. Et ce, dès l’année prochaine.Ce projet, inscrit dans le Contrat de Plan 2006 entre l’Etat et la Région, vise à désenclaver le territoire en aménageant des fourreaux dans le sous-sol. Lesquels foureaux seront loués par la suite aux opérateurs de télécommunications” à des tarifs non-discriminants “. Les opérateurs pourront alors y faire passer des fibres noires, et établir ainsi des interconnexions au-delà du territoire régional, seul véritable moyen d’amortir leur investissement.” Boucle radio ou autres, ce qui compte avant tout ce sont les équipements qui se trouvent aux extrémités des fourreaux “, expliquent Stéphane Vincent, chargé de mission NTIC au Conseil régional. ” Nous n’entendons pas nous substituer aux opérateurs de télécommunication. “ La démarche est similaire à celle adoptée en région parisienne par le syndicat de communes SIPPEREC.Pour être efficace, la future boucle régionale du Limousin devrait relier ensemble les grandes agglomérations et les principaux bassins d’emplois du territoire. Pour un coût initial de 300 millions de francs (répartis entre l’Etat, la Région, l’Europe et un recours à l’emprunt), ce projet changera la physionomie du Limousin en matière de télécommunications. Pour Robert Savy, l’infrastructure de boucle régionale “facilitera l’activité, le déploiement et la venue d’opérateurs sur l’ensemble du territoire limousin.”

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Philippe Crouzillacq