La « consommation illicite d’œuvre culturelles dématérialisées », autrement dit le piratage, est une activité très répandue dans nos contrées, mais clairement pas sans risque. C’est en tous cas ce qui ressort d’une double étude que vient de présenter la Hadopi. Entre décembre 2016 et janvier 2017, la haute autorité a analysé directement le caractère malveillant de 62 sites manifestement illicites. Dans la foulée, elle a fait réaliser par l’Ifop une étude quantitative sur la perception du risque en ligne sur un échantillon national représentatif de 1021 internautes, interrogés en ligne entre le 25 janvier et le 2 février.
Au niveau des sites, la conclusion est sans appel : les sites de téléchargement et de streaming illicites sont des lieux à éviter. 79 % d’entre eux présentaient un risque pour la sécurité informatique, soit sous le forme d’un téléchargement intempestif d’un code malveillant (drive-by download) ou par l’incitation d’installation de logiciels ou d’extensions potentiellement indésirables. Celle-ci se présente souvent sous la forme d’une mise à jour de lecteur médias (Flash) ou d’une mise à jour Java. Le risque pour la sécurité informatique est nettement plus important que l’année dernière, où le taux de sites vérolés n’était « que » de 60 %.
Mais ce n’est pas tout. 71 % des sites analysés intégraient également des messages trompeurs (souscription caché d’abonnement, iPhone à 1 euro, gain d’argent rapide, fausse alerte de sécurité). Enfin, la quasi-totalité des sites observés (95 %) présentait des publicités pouvant être considérées comme intrusives.
Les gros téléchargeurs n’ont pas peur du risque informatique
Comment se comportent les internautes qui piratent ou ont piraté des œuvres culturelles face à ce risque ? Trois catégories d’usagers se distinguent dans l’étude Ifop : les anciens consommateurs (13 % de l’échantillon), les consommateurs réguliers (18 %) et les consommateurs occasionnels (10 %).
Les premiers ont visiblement tourné le dos à la consommation illégale à cause du risque informatique. En effet, presque deux tiers d’entre eux ont subi un préjudice sur internet (souscription d’un abonnement, piratage de boîte email, perte d’argent, etc.). En réaction à ces mauvaises expériences, ils se sont donc massivement tourné vers une offre légale. C’est également la sous-population qui s’est le plus équipée d’un antivirus payant, forcément.
Les consommateurs réguliers, à l’inverse, restent zen. Ils ne sont pas très nombreux à utiliser un antivirus payant, alors que la moitié d’entre eux ont déjà subi un préjudice en ligne. Ce qui semble davantage préoccuper cette sous-population, c’est de ne pas être gêné pendant la consommation. C’est elle, en effet, qui dispose du taux d’équipement le plus élevé au niveau des bloqueurs de pub.
Enfin, les consommateurs occasionnels naviguent entre les deux. Ils sont moins exposés aux préjudices en ligne, utilisent peu d’antivirus payants, mais beaucoup de bloqueurs de pub. Ce qui caractérise le plus cette population, c’est leur volonté à quitter ces sites sulfureux. Ils sont 79 % à vouloir réduire ou arrêter leur consommation illicite, contre 46 % seulement chez les consommateurs réguliers. Ils estiment sans doute que, vu leur faible niveau de consommation, le risque n’en vaut pas la chandelle.
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