Site 01net, 14 juin 2000, 16 h 11. Cela commence comme dans un film policier. Sous le titre “Objectifs optimistes pour Cap Gemini Ernst & Young”, on peut lire que “la nouvelle entité veut se réorganiser en 18 mois avec une croissance de plus de 20 %”. Des chiffres confirmés par Paul Hermelin lui-même. Dans l’article, il prévoit une “année d’accélération continue […] avec une marge de 10 à 11 %” sur l’exercice. Sur la question sociale, il n’est encore question que d’un “turnover [26 %, ndlr] beaucoup plus rapide qu’avant”, dû à la concurrence des dot-coms ! C’était il y a 2 ans pile. Le groupe avait même dû se renforcer de 4 000 personnes.Site 01net, 26 décembre 2000, 12 h 30. Cap Gemini “confirme ses prévisions de croissance en 2000”, mais note les “vagues de licenciements qui frappent actuellement les agences web” et un marché informatique “qui ralentit”. Site 01net, 9 février 2001, 00 h 00. Les vents contraires ne font encore l’objet d’aucun avis météo. Cap Gemini annonce pour l’année une croissance de 14 % et veut stabiliser son turnover. Personne ne songe que le formidable élan de l’an 2000 et son bogue-jackpot pourrait se briser sec.Site 01net, 26 juin 2001, 11 h 48. Cette fois, ça y est, ils ont lâché les mots qui fâchent, et 01net titre “Cap Gemini plonge après son profit warning”. La révision du chiffre d’affaires passe à 9 milliards d’euros au lieu de 9,6, l’action perd 22 % en une séance et 2 700 emplois, 4 % de l’effectif total, seront supprimés.Site 01net, le 12 octobre 2001, à 18 h 12. Cette fois, c’est Oussama Ben Laden qui mène le bal macabre. Le djihad et les services informatiques sont deux mondes fort éloignés, mais selon le site internet, “Cap Gemini se dit touché par les attentats”. Toute l’économie mondiale met un genou à terre. Chez Cap, les suppressions d’emplois continuent, la visibilité devient réduite et le directeur général, Geoff Unwin, indique que son groupe essaie de se “positionner pour faire face à la situation”, formule dont le côté multiusage est proportionnel au désarroi de celui qui la prononce. On voudrait bien que 01net nous reraconte le 27 juin les aventures de Cap. Mais à l’envers. Ça commencerait par “tout allait mal” et ça continuerait par “lorsque tout à coup…”
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