01net. : Il y a moins d’un an, vous lanciez Netvibes. Aujourd’hui, vous venez de lever 12 millions d’euros (15 millions de dollars) auprès de deux fonds d’investissement (Index Ventures et Accel), pour
accompagner le développement de ce projet. Qu’est-ce que Netvibes ?
Tariq Krim : C’est un portail Web personnel composé de petits modules d’information (flux RSS…) qui permet à tout un chacun de gérer sa vie numérique. Nous n’avons pas encore soufflé notre première bougie, et le service
compte déjà plus de 5 millions d’utilisateurs actifs dans le monde entier.
Le principe est simple : c’est celui de la personnalisation d’une page Web à l’infini. En pratique, n’importe quel internaute peut développer (en html) un module (météo, comparateur de prix, blog, cours de bourse, actualité en temps
réel…) et le proposer à l’ensemble des utilisateurs du service qui le reprendront ?” ou pas ?” sur leur page d’accueil Netvibes. Aujourd’hui, ce sont ainsi près de 4 500 flux qui sont proposés aux utilisateurs. En pratique, le succès de Netvibes doit donc beaucoup aux internautes…
Oui. L’idée de départ était de permettre aux internautes de prendre le contrôle de leur page d’accueil et de reprendre le contrôle sur l’information diffusée sur le Web. Vaste projet, mais nous avons compris dès le début que nous ne
pourrions pas tout faire. Nous gardons la main sur le back-office.
Mais Netvibes s’est également logiquement développé autour d’une approche communautaire (blog, wiki…). Par exemple ce sont des internautes enthousiasmés par le projet qui ont eux-mêmes traduits Netvibes à l’étranger. Et ce sont
eux qui nourrissent chaque jour le service avec de nouveaux modules. Le concept de personnalisation d’une page d’accueil, ce n’est pas nouveau. Yahoo!, Google et, plus récemment, Microsoft, se sont déjà essayés à ce type de service. En quoi Netvibes est-il différent des autres ?
Netvibes se situe à l’opposé de certains grands noms de l’Internet qui cherchent à façonner le Web autour de leur univers. C’est un service ouvert, neutre et indépendant, qui propose à ses utilisateurs une personnalisation à l’infini de
leur page d’accueil. Nous avons coutume de dire que nous sommes la Suisse du Web 2.0.
Le Web 2.0 étant ce stade d’évolution que nous vivons actuellement où, à travers des services comme Netvibes, Youtube et bien d’autres (barres d’outils, widgets…), l’utilisateur reprend le contrôle effectif de ce qui lui est
proposé.Quel est le modèle économique d’un service comme Netvibes ?
Netvibes s’inscrit dans ce que nous appelons une logique de ‘ déportalisation ‘. Nous pensons qu’à terme les grands portails tels que nous les connaissons aujourd’hui sont condamnés à exploser en de multiples
applications indépendantes que les internautes choisiront ou non d’intégrer dans leur page d’accueil ou à leur navigateur Web. Avec la ‘ déportalisation ‘, il n’y a plus de place pour la ‘ bureaucratie de
l’Internet ‘, c’est-à-dire pour tous ces services où vous perdez des heures à vous enregistrer avant d’accéder enfin à l’information que vous êtes venu chercher.
Dans cette perspective, nous devrions assister à une migration des revenus vers des services comme Netvibes, suivant le principe de la ‘ long tail ‘. Une théorie selon laquelle, à l’avenir,
ce ne sont plus 10 % des services qui généreront 90 % des revenus sur le Web mais, à l’inverse, une multitude de sites et de services qui se répartiront ces revenus. Ainsi, si vous achetez votre billet d’avion ou votre prochain baladeur
numérique en passant par Netvibes, le service touchera une commission sur les achats effectués.Quels sont vos projets pour Netvibes ?
Netvibes, c’est aujourd’hui une équipe de 15 personnes, basée à Paris et à Londres. Il y a quelques mois, Pierre Chappaz (fondateur de Kelkoo.com et de Wikio.fr), a rejoint notre conseil d’administration. Nous avons aussi accueilli de
nouveaux profils comme Freddy Mini (musicMe). La levée de fonds que nous venons d’effectuer est en quelque sorte la garantie de notre indépendance future.
D’un point de vue technique, nous sommes en train de réécrire le back-office pour rendre le site encore plus rapide, ce qui est assez ingrat car, du point de vue de l’utilisateur final, cette opération est totalement invisible. Nous
allons également nous implanter aux Etats-Unis et, à terme, je l’espère, dans les pays où le trafic de Netvibes est le plus important. Nous pensons ainsi organiser des sortes de ‘ conseils d’administration éditoriaux ‘
réunissant dans ces pays des blogueurs utilisateurs du service. Et nous devrions mettre sur pied dès cet automne, à Paris, la toute première conférence des développeurs Netvibes.
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