Taïwan avait déjà des lois abritant le savoir-faire en matière de composants électroniques en limitant, voire interdisant aux entreprises chinoise de « chasser » ses ingénieurs localement. Le petit pays du Sud-Est asiatique vient de durcir son arsenal juridique avec une nouvelle loi, cette fois rangée sous l’ombrelle de l’espionnage.
Les parlementaires taïwanais ont voté à l’unanimité un texte qui protège les technologies stratégiques du pays. Tout « pillage » découvert sera désormais passible de 12 ans d’emprisonnement. Si la nature des technologies stratégiques n’a pas encore été publiée, nul doute que le savoir-faire en matière de semi-conducteurs sera le premier à rentrer dans la liste.
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Non seulement la domination de Taïwan en matière de semi-conducteurs lui permet de gagner beaucoup d’argent, mais c’est aussi une arme de soft power pour se faire reconnaître à l’étranger ainsi qu’un outil de protection. La doctrine de Défense du pays fait en effet explicitement référence au « Silicon Shield », une stratégie qui vise à se rendre irremplaçable par de nombreux pays – surtout les États-Unis – afin de pouvoir compter sur une aide étrangère en cas d’attaque.
Une attaque qui ne peut venir que d’un seul endroit : la Chine. Alors que l’Empire du Milieu n’a jamais ni administré, ni possédé Taïwan – ou fugacement via des traités – la Chine de Xi Jingping est de plus en plus agressive pour mettre la main sur l’île. Tant du point de vue militaire – violations répétées de l’espace aérien, discours menaçants, opérations militaires explicites (entraînements de débarquements amphibies, etc.) – qu’économique.
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Taïwan n’est pas dupe et une partie de ses entreprises ont un pied, voire carrément le corps – les usines Foxconn notamment – sur le « continent ». Mais le pays entend ne pas se laisser faire sur son territoire. Les autorités taïwanaises avaient déjà pris arrêtés des individus dans des opérations de « braconnage » local de ses ingénieurs par des entreprises chinoises déguisées en firmes locales. Pas moins de 26 enquêtes ont été menées l’an dernier, menant à de nombreuses arrestations.
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Le savoir et la maîtrise industrielle que Taïwan a acquis dans le domaine des puces est le fruit d’un travail de plusieurs décennies qui attise les convoitises. Autant par la Chine, qui a vu son champion Huawei se faire court-circuiter par les Américains, que par le reste du monde qui a mesuré sa dépendance aux puces électroniques de pointe pendant la pandémie.
Devenue plus que jamais stratégique, la production de semi-conducteurs est, plus que les F-16 et les frégates, l’arme de défense principale de Taïwan dans cette période trouble. La nouvelle loi anti-espionnage en est la preuve la plus évidente.
Source : NHK
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