Tout est dit sur tout à tout moment. Tout et son contraire, mais c’est pas grave : l’important est de dire, et de dire le plus tôt possible.Qui osera encore faire l’éloge du silence quand parler, c’est exister ? Soyons honnêtes (comme dirait le menteur), ce règne du tôt-dit tout-dit a quelques avantages : on apprend des choses ?” souvent
a contrario, d’ailleurs.Le charnier de Timisoara n’était pas à Timisoara ?” il était où, au fait ? ; l’Irak aurait pu créer des armes de destruction massive, et Bush être intelligent ; Juppé est un grand rigolo qui
s’ignore ; le clonage humain ne fabriquera pas de clones humains, on vous le jure ; le langage n’est pas né il y a quarante mille ans, mais il y a trois millions d’années ; ce n’est pas Gutenberg qui a
inventé l’imprimerie, mais le Chinois Pi-Cheng quatre cents ans plus tôt ; Graham Bell, fondateur de l’industrie des télécoms, a débuté en piratant les brevets du téléphone d’un immigré italien
?” les hackers d’aujourd’hui ont de qui tenir !…De l’info en veux-tu, en v’la. Oui, mais voilà : que comprends-je de tout ce qui m’assaille ? Suis-je plus heureux pour autant ? On en fait quoi, de tout ce qu’on sait, de ces technologies, ces
promesses, ces mirages ?Eh bien, on le sait maintenant, on n’en fait rien ! Les Américains appellent cela le syndrome IOIU (prononcez ‘ yoyou ‘) : information overload, information underuse
?” surcharge d’infos d’un côté, sous-utilisation de l’autre. Trois milliards de pages web et des millions de nouvelles pages tous les jours, que voudriez-vous qu’on en fît ?Notre cerveau est un disque dur à capacité limitée, estimée à 2 giga-octets. C’est vraiment pas grand-chose ?” de l’ordre de deux mille ouvrages de bibliothèque. On en a vite fait le tour,
n’est-ce pas ? Et quand ça déborde, c’est comme Windows : les vieilles releases partent à la corbeille et sont remplacées par les neuves.Et c’est ainsi qu’on oublie les chefs-lieux de département, mais qu’on connaît dix graphismes différents de smileys, comme l’indispensable {:-), qui veut dire bien sûr : ‘ J’ai une
raie au milieu ‘. Au milieu de quoi, je vous le demande.Bon, j’ai quand même une bonne nouvelle : notre cerveau n’est pas qu’un disque dur ; c’est aussi un processeur. Avec son cortex de 1015 synapses et dix mille contacts par cellule, il
est capable de traiter 1019 bits d’information, soit l’équivalent de 10 000 téraflops ?” quelques centaines de superordinateurs Cray X1. Ouf !Mettons vite cette capacité de traitement au service d’une programmation critique de notre environnement pour tenter de distinguer le vrai du faux, l’indispensable du superflu. En attendant qu’on y arrive, il
n’y a qu’à se taire.
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