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Sus à l’e-mail, cet importun

Le téléphone vient tout juste de nous laisser en paix, c’est au tour des messages électroniques de nous bouffer la journée. Halte au diktat !

Dring !” Allô, c’est Marcel ? “” Ah ! bonjour Marie-Sophie, je suis très occupé et… “ Et impossible d’échapper à Marie-Sophie, ses nouvelles mille fois ressassées, sa litanie d’événements crus époustouflants mais surtout futiles. Ce temps-là est bien fini. Avec la présentation du numéro, l’identification du correspondant si son nom figure dans le répertoire, le renvoi vers le répondeur intégré pour les indésirables, nous piégeons les importuns au lieu d’être piégés par eux.Si l’on arrive à échapper aux appels téléphoniques superflus, on n’est pas à l’abri des e-mails. Les messages importants disparaissent dans la marée des envois Limpidol ou Post-it, des spams, des alertes virales à 90 % bidon, des infos techniques produits, des communiqués de presse, des réponses issues des forums, des abonnements aux lettres gratuites effectués par des proches bien intentionnés… Soit on se transforme en tamis de bonne qualité, soit on est débordé.C’est sans parler du sans-gêne des émetteurs. Depuis qu’ils ont une connexion permanente à haut débit ?” ADSL, ligne spécialisée, SDSL ou même routeur Numéris ?”, ils n’arrêtent pas ! Ces importuns-là comptent bien sur votre propre connexion permanente et sur les alertes clignotantes et sonores de votre logiciel de mail pour solliciter votre attention à tout instant.Même doté d’une force morale exceptionnelle, il est difficile de ne pas s’interrompre pour voir de quoi il retourne. Identifier l’enquiquineur n’empêche pas de lire sa prose inepte. Seul réflexe à acquérir : ne pas répondre ! Le moindre signe de vie vous garantirait trois autres missives affligeantes dans l’heure. A croire que certains confondent outil de communication avec psychothérapie numérique.Mais savez-vous que l’on peut échapper au diktat des e-mails ? Il suffit de désactiver l’interrogation automatique de sa boîte (ou ses boîtes) aux lettres. Et d’interdire à votre logiciel de courrier électronique toute forme de signal à l’arrivée d’un message. La meilleure règle d’hygiène, c’est d’interroger ses boîtes à son rythme. En plus, ça rappelle les connexions par modem, quel bonheur pour un nostalgique de mon acabit.Ajoutez à cela une bonne pile de scripts qui poubellisent tout ce qui n’est pas essentiel, vous échappez à 95 % des messages reçus ! Ne sombrez pas dans l’autisme pour autant. Les e-mails vraiment importants, répondez-y dès que vous les découvrez… sans oublier de les lire jusqu’au bout avant d’écrire.Une telle thérapie de choc vous vaudra bien quelques coups de fil pénibles. Ce sera l’occasion de faire un peu de pédagogie, aussi bien pour les vrais casse-pieds que pour les amis qui confondent travail et loisirs. A ce propos, je me demande souvent combien d’entre eux bossent au ministère des Phares et Balises… parce que moi, avec mes deux fois 35 heures par semaine, j’ai pas le temps de pousser l’e-mail comme d’autres la chansonnette.La preuve ? Ce matin, j’étais avec mes enfants sur la plage de Donnant. Avec un coefficient de marée de 108 à 12 h 05, on n’a jamais tant vu de rochers et de trous deau à marée basse… Mes e-mails pouvaient bien attendre la fin du jusant.Prochaine chronique le 16 septembre.

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Jean-Christophe Courte