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Survivor

Autrefois, c’était la chanson des Bleus, du temps de leur gloire ; aujourd’hui, I Will Survive, de Gloria Gaynor, est devenu le credo de Serge Tchuruk….

Autrefois, c’était la chanson des Bleus, du temps de leur gloire ; aujourd’hui, I Will Survive, de Gloria Gaynor, est devenu le credo de Serge Tchuruk. Mais, plus fort que la chanteuse, le patron d’Alcatel prétend que s’il n’y en a plus qu’un, ce sera Alcatel. Pour tenir cet objectif, avec un cynisme que n’aurait pas renié Winston Churchill, Serge Tchuruk aura supprimé 40 000 postes d’ici à la fin 2003. Pour lui, “il est impossible de faire le dos rond en attendant.” En attendant quoi ? Le client.En clair, pour sauver des emplois et requinquer les capitalisations boursières des grands équipementiers, il ne faut plus se cantonner à passer des coups de fil. Ce n’est pas en continuant à utiliser en père tranquille les bonnes vieilles lignes de France Telecom que ça va décoller. Sinon, il n’y a plus qu’à bazarder, à envoyer à la casse toutes les technologies optiques, les brasseurs de données, les routeurs du futur et les logiciels d’aiguillage. Il faut qu’indépendamment d’une économie mondiale en chute libre, consommateurs et entreprises embrassent sans frein les data-communications. Il faut 100 % d’internautes partout envoyant chacun cent SMS et dix e-mails lardés de pesantes pièces jointes chaque jour. Il faut que les usages de la bande passante se décuplent, que les entreprises dématérialisent totalement leurs process papier, au même titre que les administrations. Et puis il faut le faire d’urgence, car visiblement, de Serge Tchuruk à John Chambers, il n’est pas question d’attendre des mois sans songer encore à de nouvelles saignées sociales. Ce “potentiel formidable”, Serge Tchuruk l’a perçu dès 1997, tout en reconnaissant que tous ceux qui se sont risqués à des prévisions se sont beaucoup trompés. Il estime donc, très justement, que les pouvoirs publics, pris les doigts dans le confiturier avec les licences UMTS, pourraient relancer un peu la bécane en démocratisant les technologies de l’information et l’internet rapide. Bien vu. Mais l’État français et ses pairs européens en ont-ils les moyens alors que la menace de récession ?” perspectives de guerre en Irak aidant ?” s’accroît ? Pas sûr. Le privé semble mieux armé pour continuer à casser le prix des appareils multimédias et de l’accès rapide à internet. Ça paye en Inde, ça paye en Chine. Pourquoi pas ici ?

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Philippe Bonnet