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Surveillermonsalarié, un logiciel qui ne cache pas son jeu

Un jeune entrepreneur vient de lancer une solution pour permettre aux patrons de voir ce que font leurs employés sur leur ordinateur. Pour se faire connaître, il a misé sur un nom volontairement provocateur.

Les logiciels destinés à surveiller l’usage que font les employés de leur ordinateur sont légion. Pour sortir du lot, David Damour, un jeune entrepreneur du Loiret (1), a décidé de miser sur la provocation en baptisant sa solution Surveillermonsalarié.

Depuis une dizaine de jours un site Internet portant le même nom a été mis en ligne pour vanter les qualités de son logiciel espion. Il s’agit en fait d’une solution développée aux Etats-Unis, dont il a acheté les droits. Il n’a pas voulu révéler le nom de celle-ci pour des raisons de confidentialité commerciale, mais il s’agirait de Blazingtools.com.

Concrètement, une fois installé sur les ordinateurs des employés, ce logiciel agit comme un mouchard. Il enregistre les sites visités et les touches du clavier utilisées, prend des captures d’écran à intervalle régulier, envoie des alertes dès qu’un mot-clé interdit est employé dans un e-mail. Le tout est compilé dans un rapport qui arrive chaque jour dans la messagerie du patron. Le pack d’installation pour un PC est vendu 790 euros hors taxes, et les tarifs sont dégressifs en fonction du nombre de licences achetées.

Interrogé sur ses motivations à promouvoir une solution aussi intrusive, David Damour se défend d’être « méchant ». Il met en avant la dureté d’un marché où les entrepreneurs ont du mal à faire tourner leur société, faute de personnel efficace. Il s’appuie sur son expérience personnelle, huit ans d’entreprenariat, et sur celle de son entourage.

La législation impose de prévenir le salarié

Ses propos sont durs : « J’estime qu’on ne peut plus faire confiance à ses salariés. Les patrons se saignent, donnent beaucoup et ne reçoivent rien en échange. » Le fondateur de Surveillermonsalarié.com dénonce l’emploi un peu trop systématique par les employés de la connexion à Internet mise à leur disposition pour surfer, visiter les réseaux sociaux, tweeter, jouer en ligne… Des habitudes qui ont un impact direct sur la productivité, dénonce-t-il, mais qui ont aussi un coût. Car, à force de télécharger de-ci de-là, les machines se retrouvent bardées de virus. D’où la nécessité, alors, de faire appel à un service de maintenance informatique, qui n’est pas gratuit.

Le jeune entrepreneur conclut ainsi cet argumentaire bien huilé : « De toute façon, l’employé qui n’a rien à se reprocher ne sera pas gêné par la présence de Surveillermonsalarié. » 

La législation est très stricte en matière de surveillance des salariés. Ces derniers doivent en être informés, et l’employeur est dans l’obligation de faire une déclaration auprès de la Cnil. Surveillermonsalarié ne fait pas l’impasse sur cet aspect : sur le site, de nombreux extraits du Code du travail et de la loi Informatique et Libertés sont là pour rappeler aux éventuels acheteurs leurs obligations vis-à-vis de leurs employés. Ils trouveront même un modèle de lettre pour les informer de la présence du logiciel de surveillance.

(1) Le logiciel Surveillermonsalarié est commercialisé par Planète Informatique, une société créée en 2008 et qui affiche un chiffre d’affaires de 80 600 euros sur l’exercice 2009 (source : societe.com).

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Par : Opera

Coralie Cathelinais