Je reçois quelques fois des e-mails bizarres. Celui-ci n’était pas mal dans le genre : “Hé ! mon gars Pierrot, veux-tu connaître le jour de ta mort ? Tape http://www.deathclock.com/ et tu sauras.” Si je n’avais pas lu l’adresse en haut du message, j’aurais poubellisé instantanément. Mais le message venait d’une amie.Bon. Après tout, je me suis dit, apprendre le jour de son trépas revêt un certain nombre d’avantages. Quelques jours avant, je pourrais, entre autres, faire de grosses factures, dire leur fait à tous les abrutis qui m’ont pourri la vie pendant toutes ces années. J’organiserais la veille une énorme fiesta sans courir d’autre risque qu’une gueule de bois. En sapin, ça suffira, avec des poignées en fer blanc.Me voici donc en ligne sur le site susnommé. Le questionnaire n’est guère subtil : pas besoin de rentrer poids et taille, de confier un amour immodéré pour la blanquette de veau, de confesser un passé de fumeur. Sexe et date de naissance, point. Je m’exécute en attendant nerveusement le verdict. Las, c’est Navigator qui rend l’âme le premier. Et mes autres tentatives restent lettre morte. Je sonne aussitôt le glas du croque-mort virtuel en mots bien sentis.Sa réponse est laconique : “Ou bien la version de votre navigateur Web tolère mal JavaScript. Ou bien vous êtes immortel.” Un coup de fil à la hot line de l’Académie française me la confirmé, la première proposition était la bonne. Moi qui me voyais déjà réécrire le dictionnaire… Je suis vert.
Quant à échanger Navigator contre Explorer, ça va pas, non ? Plutôt mourir.Prochaine chronique le samedi 2 juin 2001
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