Après Sun One, sa stratégie de services Internet, Sun propose JXTA (prononcer “juxta”), une technologie de point-à-point (peer to peer, ou P2P). Popularisée par Nap-ster, cette technique permet de partager la puissance de calcul ou de stockage de milliers d’ordinateurs reliés entre eux. C’est Bill Joy lui-même, le père de Jini, qui a annoncé en fanfare JXTA (abréviation de juxtapose), voulu par son charismatique créateur comme le standard du monde P2P. Créateur qui laisse entrevoir un monde où les PC, mais aussi les routeurs, les téléphones portables ou les agendas électroniques communiqueront entre eux sans la médiation de serveurs centralisés. Bref, une redite de Jini. “Nous voulons que JXTA soit aussi répandu et aussi disponible que TCP/IP et HTTP qui ont rendu Internet possible”, rêve Bill Joy, le directeur scientifique de Sun. Une belle vision, dont l’incarnation technique est promue avec force moyens, afin de rallier le maximum de développeurs. Il s’agit d’éradiquer la prolifération de sites d’échanges reposant sur des technologies propriétaires.
Une architecture ouverte, basée sur XML et Java
Encore à l’état d’ébauche et proposé en libre téléchargement, JXTA est composé de plusieurs briques applicatives. À la base, six protocoles indépendants de la couche de transport (TCP/IP, HTTP, Bluetooth…) sont chargés de découvrir, recenser, relier les machines entre elles et de leur permettre d’échanger des informations, soit le même principe que Jini. Sans surprise, JXTA repose presque entièrement sur XML, bien que tous les détails techniques ne soient pas encore connus. Les services de découverte et de liens entre les ressources distantes (processeurs, disques durs, utilisateurs, services…) sont décrits à l’aide de fichiers XML. Principal avantage, éviter les mises en ?”uvre nécessitant des API ou des langages de programmation propriétaires (les services JXTA pourront être écrits en Java, en C++ ou en Perl) et initier des partages de données entre machines munies de systèmes d’exploitation hétérogènes. Si l’identification proprement dite des ressources n’est pas encore bien finalisée, JXTA autorise la création de groupe de machines, les périphériques se découvrant eux-mêmes lors de la recherche d’un service. Les communications s’effectuent sous forme d’échanges asynchrones par le biais de tuyaux, des tunnels de communication dynamiques entre deux périphériques (pipes). Ces tuyaux peuvent transmettre des données assez variées : chaînes de caractères, applets ou composants Java. Un routeur JXTA assure l’affectation automatique des communications à chaque requête des postes distants. La sécurité du système est assurée par des processus d’authentification associés aux droits de chaque ressource.
Un appel aux développeurs est lancé pour faire grandir JXTA
JXTA ne prévoit cependant pas de mécanismes de sécurité pour crypter les données ou les communications. Côté client, un morceau de code Java gère les différents mécanismes du système. Sun reste très discret sur la quantité de bande passante requise. Le fabricant assure simplement avoir limité l’overhead, c’est-à-dire les informations de contrôle préalables aux échanges.Ce manque de précision est symptomatique de la démarche de Sun. Comme le dit Éric Mahé, responsable Java chez Sun France : “JXTA est vraiment une plate-forme technique, la plomberie nécessaire aux développements extérieurs”. La deuxième et la troisième couche se composent en effet de services et d’applications utilisant les protocoles sus-cités. Si l’éditeur propose certains services minimum (un moteur de recherche, d’indexation et de partage de fichiers), il laisse la porte ouverte à tous les déploiements extérieurs et encourage les développeurs à enrichir le système. D’ailleurs, JXTA est fournie selon les modalités de licence open source, inspirée de celle proposée avec le serveur HTTP Apache. “Nous n’essayons pas ici de répliquer notre système de licence appliqué à Java. Nous ne voulons même pas être le point central de JXTA”, explique Bill Joy. Contrairement à Microsoft, Sun n’a pas l’intention de soumettre JXTA à un quelconque organisme certificateur. Pour Éric Mahé, l’éditeur est “dans une démarche open source et la certification est un processus énorme qui obligerait à définir des spécifications. Or, des périmètres d’action trop étroits risquent à terme de figer la plate-forme”. Quant au modèle économique, il n’est pas encore défini. “Sun n’est pas philanthrope, constate Éric Mahé. Nous n’avons pas l’intention de rester inactifs sur le marché des postes clients encore exempts de Windows. JXTA sera aussi un moyen de vendre des serveurs. L’architecture point-à-point implique nécessairement une hiérarchisation des machines selon leur puissance. Les services de partage de fichiers ou d’indexation devront être abrités sur des serveurs dignes de ce nom.”
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