Pendant plusieurs années, Sun a pu se targuer de posséder l’un des plus beaux slogans de l’industrie informatique : “The Network is the Computer”. C’est simple, efficace, clair et néanmoins intrigant, visionnaire enfin : ce slogan date d’une dizaine d’années et à l’heure du grid computing il semble plus d’actualité que jamais.Pourtant, il y a deux ans, en plein boom du commerce électronique, l’importance du réseau était devenue une évidence et il fallait un peu toiletter l’image de la marque et surfer sur la bonne vague. Sun est alors devenu le ” point dans point-com “. Astucieuse à l’époque, cette ligne n’a pas résisté aux événements et il fallait d’urgence revenir à la technologie, la seule bouée véritablement fiable dans la tempête.Retour à la techno, retour au réseau donc, avec une campagne basée sur le “net effect”, l’effet réseau, et un slogan abscons ,“take it to the nth” (“passez à la puissance n”). On est loin de la limpidité des slogans précédents, et une petite explication de texte s’impose.Pour Sun, le développement de l’informatique n’est plus régi par la loi de Moore (la puissance des processeurs double tous les dix-huit mois), mais par la loi de Gilder : la bande passante du réseau double tous les seize mois. La capacité du réseau croît donc plus vite que celle des machines qui le compose. Les futures applications, les futurs services numériques se baseront sur cette évolution. Et plus le réseau se développera, plus il sera nécessaire d’en tirer parti pour être compétitif : c’est le“network effect”.Ainsi, plus que jamais, le réseau sera l’ordinateur. Sauf que Sun ne pouvait plus le dire ainsi et la société de Scott McNealy s’est donc retrouvée dans une situation curieuse : avoir à rivaliser avec son propre slogan, alors que celui-ci reste insurpassable. Pour avoir cédé aux sirènes de la nouvelle économie et s’être fourvoyé dans la communication “dot-com”, Sun doit désormais tenter un périlleux retour vers le futur en réactualisant une vision qui n’a jamais été périmée. Le résultat est mitigé et le constructeur a perdu son slogan marteau-pilon. Cest le problème avec les visionnaires : à regarder trop loin devant, on risque toujours de se prendre les pieds dans le tapis de la mode.Prochaine chronique le jeudi 5 avril
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