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Suisse : comment David s’affirme contre Goliath

Innover, être présent sur des marchés de niches, maîtriser sa chaîne de production. En Suisse, malgré des coûts salariaux les plus élevés d’Europe, l’électronique arrive tout de même à tirer son épingle du jeu. Exemples…

En Suisse, petit pays au marché national limité, la réussite industrielle a depuis toujours dû passer par une forte présence à l’international. Mais comment les sociétés d’électronique peuvent-elles surmonter les difficultés de la
mondialisation avec des coûts salariaux aussi élevés ? Premier exemple : Vibro-Meter ?” un chiffre d’affaires de 100 millions de francs suisses, dont 97 % à l’exportation, et 400 employés. Fondée en 1952, elle est
spécialisée dans les systèmes de surveillance de contraintes mécaniques dans l’aviation, le spatial, l’industriel et la marine.‘ Des niches qui se distinguent par des quantités de pièces homéopathiques, mais avec des longévités typiques de 40 ans et un cadre de développement réglementé par des
certifications ‘,
souligne Peter Kupferschmidt, vice-directeur responsable de l’ingénierie électronique. ‘ L’innovation est au rendez-vous, mais de façon mesurée : les technologies utilisées
doivent être matures, et l’obsolescence des composants et des technologies doit être gérée encore plus sévèrement que dans l’automobile. ‘
Parmi les exemples de ses réalisations figurent, par exemple, des systèmes de contrôle moteur (notamment sur l’A380), de surveillance de structures aéronautiques ou de sous-ensembles (systèmes de freins, composants de moteurs, etc.)
et de détection (vibrations, étanchéité, chaleur, incendie, pannes). Vibro-Meter est intégrée au groupe britannique Meggitt depuis 1998 et a racheté diverses sociétés, notamment en France (Sensorex et Ecet), regroupement qui lui a permis de garder
une taille critique suffisante. La société vise plutôt la différenciation que l’innovation et offre des solutions uniques, voire incontournables. Elle peut ainsi garder une production locale bien que non automatisée. Seule la fabrication des parties
non critiques est sous-traitée.

Miser sur l’intégration verticale

L’intégration verticale marque aussi la stratégie industrielle du groupe horloger Swatch. La face visible du groupe, ce sont dix-huit marques de montres. Sa face cachée recouvre sept sociétés proches de l’électronique au chiffre
d’affaires cumulé de plus de 500 millions de francs suisses, aussi diverses que Lasag (lasers YAG pour traitement de matériaux), Micro Components (moteurs, composants micromécaniques, injection plastique), Micro Crystal (quartz et
oscillateurs), EM Microelectronic Marin (circuits intégrés), Oscilloquartz (références de temps/horloge atomique, résonateurs, oscillateurs), Renata Batteries (piles bouton) et Sokymat Automotive (transpondeurs RFID).Dénominateur commun : l’un ou l’autre composant entre dans la fabrication d’une montre électronique. Mais les sept sociétés sont aussi actives sur d’autres marchés. La fécondation croisée au sein du groupe porte sur la
miniaturisation, la précision, la baisse de la consommation électrique et la compétitivité. ‘ L’effet groupe se traduit par la synergie avec l’industrie horlogère mais aussi par une proximité culturelle et géographique.
L’innovation au niveau du produit final passe par l’innovation au niveau de tous ses composants. Grâce à notre stratégie, nous pouvons réunir en une demi-journée tous les experts des différents composants d’une montre ‘,

précise Mougahed Darwish, membre de la direction générale du groupe Swatch.Le sous-traitant Valtronic se bat, lui, sur un secteur où la concurrence est très forte. Créée en 1982, cette société est aujourd’hui spécialisée dans les microsystèmes médicaux implantables ou non, surtout dédiés aux applications de
neurostimulation pour traiter des problèmes de dos, de surdité profonde ou de déficience du système nerveux. ‘ Suite à des difficultés compétitives au début des années 1990, une étude nous a orienté vers le marché de
l’instrumentation médicale, qui avait, à ce moment-là, un grand besoin de microsystèmes. La miniaturisation est devenue notre cheval de bataille, avec des produits phares comme les prothèses auditives, les glucomètres ou encore les moniteurs
cardiaques. Mais, là encore, la concurrence nous a rattrapé ‘,
se souvient Georges Rochat, président et fondateur de la société.Une solution aurait pu consister à délocaliser complètement la production dans des pays à très bas coûts salariaux. Valtronic a, pour sa part, préféré faire évoluer son outil de production, ses technologies et ses équipes de
développement pour investir de nouveaux marchés plus exigeants, avec une forte valeur ajoutée. Cela en s’appuyant sur d’indispensables ressources complémentaires hors Suisse.

Rester créatif

La Roumanie et les Etats-Unis pour la R&D, le Maroc et les Etats-Unis pour la production, l’Asie pour les achats de composants. Mais 60 % de la production est restée sur le sol helvète. Cette répartition permet non seulement
d’utiliser les meilleures ressources possibles pour chaque tâche, mais aussi de répartir les risques en offrant des doubles sources sur quasiment la totalité des activités. Pour Georges Rochat, le maintien d’une production en Suisse est nécessaire
pour rester créatif.A court terme, le plus grand challenge de la société est de développer, puis produire (très certainement en Suisse), la première prothèse de vision : elle devrait permettre à un non-voyant de se déplacer dans un environnement qui
ne lui est pas familier. Sa commercialisation est prévue pour 2008.Prochaine chronique jeudi 29 juin

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Elisabeth Feder