La grande caractéristique de la nouvelle économie, c’est l’accélération de la circulation des signes et donc des capitaux financiers. La grande caractéristique des mutations économiques antérieures, c’était l’accélération de la circulation des hommes et des marchandises, grâce à l’ouverture de nouvelles routes commerciales ou à la découverte de nouveaux territoires.En établissant ce parallèle, Kenichi Ohmae intitule ses réflexions sur les transformations en cours Géographie secrète de la nouvelle économie. Le web devient un nouveau continent qui, à l’instar de l’Amérique de jadis, se peuple d’audacieux, d’aventuriers et de visionnaires illuminés. Cherchant à analyser la nouvelle économie à la lumière de cette métaphore, dont il use et abuse, il n’arrive pourtant pas à se défaire d’un constat paradoxal : la politique économique du futur devra moins au développement des technologies de l’information qu’aux conséquences des politiques menées dans les années soixante.En effet, en multipliant les déficits budgétaires au nom de la lutte contre le chômage, les dirigeants imprégnés de keynésianisme de ces années-là ont encouragé l’inflation qui a fait exploser le système monétaire international. Depuis, les changes flottants, dont les conséquences ont été amplifiées par l’informatisation, dirigent l’économie mondiale. Ce système a fait naître des techniques de gestion des risques de plus en plus élaborées. La conclusion implicite de Kenichi Ohmae est que la nouvelle économie et la politique économique qui la régit sont le fruit du dynamisme de Bill Gates et de ses semblables, mais aussi de l’entêtement inflationniste de Keynes et de ses épigones.
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