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Le Barbu - Roi de c?"ur
Stock-options : le “non mais…” des start-up
27 avril 2000 à 18:59
(Mise à jour) Difficile de trouver un patron de la Net-économie enthousiasmé par le projet de taxation des plus-values de stock-options. Mais tous ne tirent pas à boulets rouges pour autant. Réactions à chaud.
Les déçus Pierre Reboul, président de l’ Electronic Business Group : ” C’est moins pire que ce qui était prévu. Si le projet passe en l’état, ce sera un texte de compromis, on ne descendra pas dans la rue. De plus, il semble que le statut des BSCPE n’a pas changé. Le 18 mai prochain, nous allons réunir plus d’une centaine de présidents de grandes entreprises françaises. Le ministre de l’Economie et des Finances est invité à s’exprimer devant les responsables d’entreprise. “
Loïc Le Meur, PDG de l’incubateur Internet Business Pace, 27 ans : ” Pour les petites entreprises, il aurait fallu rendre pérennes les BSPCE. Les deux cents salariés des sociétés que nous avons créées en ont tous, certains jusqu’à 10 millions de francs. Par ailleurs, la limite du million de francs (pour les stock-options, Ndlr) me choque. Les start-up ont très peu de moyens financiers et les stock-options leur sont indispensables pour recruter, des collaborateurs de haut niveau en particulier. Sans quoi, leur compétitivité internationale diminue. Les stock-options rémunèrent le risque d’entrer dans une petite entreprise. Pour une de nos sociétés, nous avons débauché un consultant de 39 ans, d’Andersen Consulting, au salaire élevé. Il n’aurait sûrement pas accepté de le diviser par trois sans stock-options . “
Jérôme Jaunasse, directeur général de Business Objects (90 % des salariés ont des stock-options) : ” Je suis plutot déçu. Le système des stock-options est très positif pour les entreprises et permet de créer de la richesse. Mais je crois que les enjeux n’ont pas été suffisamment expliqués. Et comme, par ailleurs, certains abusent des stock-options, elles sont perçues très négativement. A travers l’association Croissance Plus dont nous sommes membres, nous cherchons à montrer qu’elles peuvent être utilisées à bon escient. Il s’agit de partager l’esprit d’entreprise avec tous les employés. Ce n’est pas un moyen de rémunération, mais un outil de motivation et de fidélisation des salariés. Mais il est difficile aussi de faire comprendre qu’une stock-option peut ne représenter que 0 franc 0 centime. Chez Business Object, les plus pénalisés sont ceux arrivés il y a sept ou huit ans lorsqu’il n’y avait qu’une cinquantaine de personnes et que c’était le plus risqué. “
Les indifférents Paul Klein, directeur marketing de Tableau de Bord (stock-options depuis août 1999 en compensation de baisses salariales consenties par les salariés ) : ” Honnêtement, on s’en moque. Cela ne changera rien à notre activité. Ce sont les hommes qui constituent le c?”ur de Tableau de Bord. Si nous souhaitons les rémunérer plus, il existe toujours des solutions. La valeur n’existe qu’à partir du moment où l’entreprise dispose d’une valorisation boursière. Et dans ce domaine, les gens confondent Bourse et Loto. “
Raphaël Durand, directeur général chez Himalaya (stock-options pour tous les CDI, sous forme de BSA, bons de souscription d’actions. Au total : 5 à 7 % du capital) : ” Je n’ai pas examiné le projet en détail. C’est un compromis politique. Je n’ai pas d’opinion à émettre. Dans le débat, je ne sais pas si on a consulté les entreprises concernées. Ce qui est surprenant, c’est que le débat porte sur les stock-options et non pas sur les plus-values réalisées avec les plans d’épargne entreprise. On ne va pas descendre dans la rue, ni partir à Bruxelles. On n’a pas le temps. Si le gouvernement veut consulter les entreprises concernées, nous sommes prêts. Le vrai débat consisterait à harmoniser les législations en Europe, pour éviter de voir les entreprises quitter la France. “
Pierre Chappaz, PDG de Kelkoo : ” Du point de vue d’une start-up, ces mesures ne sont pas critiquables car elles visent les plans de stock-options destinés aux cadres supérieurs des grandes entreprises. En revanche, le maintien du BSPCE me semble essentiel. C’est un outil parfaitement adapté à une start-up. C’est le seul qui nous permette d’attirer de grands noms dans une aventure risquée comme la création d’une start-up. Tant que l’on ne touche pas au BFCE, tout va bien. “
Les opposants Bernard Seité, directeur général Europe du Sud d’Akamaï : ” Je trouve ça désastreux, ils n’ont rien compris au capitalisme populaire. Chez nous, tous les salariés ont des stock-options pour compléter leur salaire. Même les assistantes de direction. Les produits boursiers comme les Sicav sont taxés à 26 %. Pourquoi les stock-options devraient-elles l’être à 50 % ? Ce sont des Sicav à haut risque. Le salarié prend un risque, on ne peut pas le taxer comme pour l’impôt sur le revenu, où l’on taxe un salaire sûr et régulier. Il faudrait une régulation européenne pour harmoniser la taxation des stock-options. Sinon, l’économie française va être pénalisée. “
Bruno Vanryb, PDG de BVRP Software (les 450 salariés bénéficient de stock-options) : “ Je suis déçu, il aurait fallu une loi simple et intelligente. Mais, finalement, on traite la question comme s’il sagissait d’une pratique immorale. Le problème, c’est que cette loi a été conçue par des gens qui n’ont toujours pas vraiment compris ce qu’est une stock-option. Par exemple, on passe de cinq à quatre ans pour la durée. Mais, en même temps, on impose un portage de deux ans après la levée de l’option pour bénéficier du taux réduit d’imposition. On arrive donc à une durée totale de six ans, ce qui n’a pas de relation avec les cycles d’emploi de la nouvelle économie. Avec cette durée de portage, on favorise en fait les gens les plus riches, car il faut racheter l’option, puis attendre deux ans avant de pouvoir vendre le titre. La surtaxe, c’est aussi un frein au réinvestissement. En pratique, dans la nouvelle économie, celui qui bénéficie le plus des stock-options réinvestit pratiquement toujours. La dynamique de la nouvelle économie exige que largent circule. Dans ma société, le projet va défavoriser nos salariés français par rapport aux Anglais et aux Américains. “
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Propos recueillis par la rédaction de 01net.