Steve Jobs est seul sur scène, avec ses traditionnels blue-jeans et son pull à col roulé. Il tient à la main une bouteille d’eau qu’il finit par abandonner sur une table et se tourne vers les applaudissements du public, aussi nombreux que pour Notre-Dame de Paris ou le dernier concert de Charles Aznavour.Pendant une heure et demie, pour l’ouverture d’Apple Expo, il va enchaîner les présentations de nouveaux modèles, les démonstrations et les tests comparatifs ?” “On va plus vite que n’importe quel processeur Intel ” ! Le très charismatique président d’Apple joue avec l’humeur de la salle : il évoque l’implication de Microsoft et la prochaine version d’Office 2001, la salle siffle, le hue ; il annonce que la carte graphique ATI Radeon est disponible sur les nouveaux modèles G4 et le public applaudit à tout rompre.Jamais patron de société informatique n’a connu un tel succès. Mais jamais un patron de société informatique ne s’est autant attaché à démontrer les capacités d’innovation de sa société. Il va jusqu’à faire la ” démo ” des nouvelles fonctionnalités d’iMovie2 avec un film sur ses enfants.Steve Jobs anime quasiment seul chacun des événements importants de la marque à la pomme : MacWorld aux Etats-Unis en janvier et en juillet, Apple Expo à Paris en septembre. Celui qui a accepté le poste de président d’Apple en août 1997 ?” “Le temps de rétablir la situation ” ?” est toujours là et il semble prendre bien du plaisir à cette mission intérimaire.Reste que son show d’aujourd’hui entérine l’appartenance d’Apple au champ du grand public et confirme son abandon des marchés professionnels, à l’exception de la création graphique et multimédia. Seuls les éditeurs Sage et sa filiale Ciel annoncent encore des logiciels professionnels de comptabilité ou de gestion pour l’environnement Mac.Les participants à l’exposition, tout comme le look des visiteurs, confortent la sensation qu’Apple joue aujourd’hui dans la même catégorie que Nintendo ou Sega, mais n’a plus grand-chose à voir avec Compaq ou Hewlett-Packard, ses concurrents des années quatre-vingt-dix. L’informatique grand public y a gagné en esthétique, le marché professionnel y perd certainement en créativité et une ” manière de penser différente “.
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