01 Informatique : Quelles leçons tirez-vous du retard de Longhorn ?
Steve Ballmer : Il nous aurait fallu être bien plus souples dans la conception de l’architecture des logiciels pour rendre le développement plus agile et introduire de nouvelles fonctions dans un temps raisonnable.
C’est ainsi que Longhorn est devenu aussi modulaire. Nous avons aussi appris qu’il y a des bonnes idées qui doivent d’abord être incubées avant d’espérer les intégrer rapidement. Il faut donc savoir ne pas toutes les lier
au projet principal. C’est le cas du système de fichiers WinFS, que nous avons décidé de proposer indépendamment.Pourquoi ne pas diffuser graduellement vos technologies ?
Procéder à de nombreux petits lancements tous les six mois, c’est trop. Je ne pense pas que ce soit ce que nos clients attendent. A l’inverse, si nous proposions des nouvelles versions tous les cinq à six ans seulement, ils
nous répondraient que ce n’est pas assez. Pour un système d’exploitation, je pense que le bon rythme est d’introduire une version majeure tous les deux à trois ans.Avez-vous changé d’avis sur les brevets depuis
l’affaire Eolas ?
Non. Les brevets sont très importants pour protéger la propriété intellectuelle. Mais il faut réformer le système, le rendre plus flexible. Et s’adapter aussi bien aux petites entreprises qu’aux grandes. Nous avons déjà
beaucoup payé en matière de brevets. Mais nous persistons à croire qu’ils servent avant tout de protection.L’année dernière, vous avez signé un accord de coopération de dix ans
avec Sun. Quels en sont les fruits ?
Nous avons accompli beaucoup de progrès. Par exemple, nous sommes capables d’administrer un serveur Sun à partir de notre console
MOM. Le 13 mai, je tiendrai une conférence avec Scott McNeally pour faire le point sur le chemin parcouru tant sur l’interopérabilité que sur les standards. Sun et
Microsoft ont appris à travailler ensemble. Cela a pris du temps, mais je suis assez satisfait de notre première année.Symantec, votre partenaire historique, semble devenir votre premier concurrent. Jusqu’où irez vous en matière de sécurité et de stockage ?
La sécurité de l’information est une question cruciale. La majorité des utilisateurs n’a pas d’antivirus. Demandez-vous si proposer un antispyware dans Windows est une mauvaise idée pour Microsoft. Nous avons tous
intérêt à ce que Symantec reste fort et bien portant. Mais est-ce bon ou mauvais pour nos clients que Microsoft innove dans la sécurité ? Et si Symantec joue la compétition, je préfère me focaliser sur notre coopération.Microsoft peine toujours sur des marchés comme les progiciels, les téléphones ou les moteurs de recherche. Pourquoi ?
Les gens s’imaginent que, quoi que nous fassions, nous obtiendrons rapidement, une position dominante. C’est faux. Nous devons à chaque fois travailler dur et nous battre. Tous les marchés ne sont pas comme Office ou Windows.
Nos concurrents s’étaient endormis quand nous avons lancé ces produits. A part OS/2, personne n’a vraiment attaqué Windows avant Linux. Et tous les concurrents d’Office ?” Lotus, Novell ?” ont fait de mauvais
choix. Nous ne pouvons plus compter sur les erreurs de nos concurrents.Les DSI craignent une dérive grand public de Microsoft. Longhorn, par exemple, semble un peu trop ludique…
Le grand public adopte plus rapidement les nouvelles technologies. Regardez la recherche sur internet. Les améliorations des moteurs viennent du grand public. Beaucoup de technologies couvrent les deux mondes. C’est pourquoi il est
important d’avoir un maximum de cohérence. Certes, il faut parfois optimiser ces technologies pour les professionnels ou le grand public. Mais qui voudrait d’un système d’exploitation différent à la maison et au
bureau ?Comment abordez-vous la concurrence avec la Chine ?
Il y a d’un côté le marché, de l’autre la concurrence. Pour l’instant, nous n’avons pas beaucoup de concurrents chinois. En revanche, la Chine est un grand marché. Et la propriété intellectuelle n’y est
pas respectée. Le taux de piratage y est d’ailleurs plus élevé qu’ailleurs. Cette année, le marché des PC en Chine sera trois ou quatre fois supérieur à celui de la France. Mais celui du logiciel ne représentera que le tiers ou le
cinquième du marché français.
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