Décision Micro & Réseaux: Quel est le positionnement d’Imation ?
Stephen Carter : Imation résulte d’une scission de 3M en juillet 1996. La société est spécialisée dans la fabrication de médias de stockage amovibles. Parmi nos principales réalisations, on peut citer le SuperDisk, tous les types de CD et plus particulièrement le CD-R, ainsi que les bandes de stockage pour lecteurs Travan et DLT. Nous détenons aussi les deux tiers des parts de marché du stockage sur bande pour mainframe.En tant que responsable stratégique, que pensez-vous de la réussite du SuperDisk ?C’est un échec marketing devenu un succès. Dans un premier temps, nous avons été fortement déçus par les performances marketing de ce support. Nous étions sûrs d’avoir eu la bonne idée : un seul lecteur pour une disquette standard et une disquette haute capacité. Initialement, notre plan consistait à le proposer pour tous les PC et ordinateurs portables. Ainsi, contrairement à des lecteurs externes de type Zip, l’utilisateur pouvait avoir, n’importe où, un lecteur polyvalent. C’était une bonne idée, mais prématurée. Notre chance a été le lancement de l’iMac par Apple. L’absence de lecteur de disquettes a entraîné une forte demande pour ce type de périphérique. Au début, nous n’arrivions pas à le fournir en quantité suffisante. Et Apple nous relançait sans cesse pour nous demander d’augmenter nos fréquences de livraison. D’après nos chiffres, 50 % des iMac sont maintenant équipés de SuperDisk. Par ailleurs, grâce à cette image de marque nouvellement acquise, nous avons dépassé Iomega en termes d’unités installées sur les ordinateurs portables. Mais, nous n’en sommes qu’au début. La mode des PC ” legacy free “, débarrassés de lecteurs de disquettes, tels que ceux présentés par IBM, Siemens, HP ou Compaq devrait faire exploser la demande. On peut donc dire qu’Apple a sauvé le SuperDisk.Quel est l’avenir des supports de stockage amovibles actuels ?Selon moi, les supports optiques sont et seront encore plus dominants à l’avenir. Aujourd’hui, cette technologie représente plus de 50 % des médias vendus. Bien maîtrisé, ce type de support est le seul à proposer d’aussi faibles coûts de production. L’enjeu est maintenant de s’appuyer sur ces technologies et de les décliner pour les rendre plus performantes ou moins onéreuses. Ainsi, nous travaillons actuellement à la mise au point de nouveaux substrats, verre ou plastique, pour les incorporer dans des équipements grand public de type décodeur pour web TV et autres magnétoscopes numériques.Est-il plus vraiment plus intéressant de décliner ces supports plutôt que de chercher de nouvelles voies ?Pour nous, oui. Notre objectif n’est pas de faire de la recherche fondamentale au même titre que des laboratoires universitaires ou certains fabricants comme IBM, mais de pouvoir réaliser un produit commercialisable dans un délai raisonnable. Ainsi, quand nous voulons mettre une nouvelle technologie au point, nous recherchons d’abord le type d’applications visé. Ensuite, nous étudions la faisabilité du projet et l’investissement nécessaire. En interne, nous faisons essentiellement de la R&D commerciale. Pour le reste, Imation travaille en collaboration avec des laboratoires partenaires.Comme celui de Lucent ?Tout à fait. Nous avons d’ailleurs fait une annonce conjointe concernant un support holographique, de type CD, sur lequel nous arrivons à stocker 500 Go. Techniquement, on s’appuie toujours sur la technologie optique et sur un matériau standard, mais nous jouons sur l’épaisseur de celui-ci ainsi que sur les changements de phase et l’angle de réflexion. En quelque sorte, nous stockons les données en 3D dans l’épaisseur du substrat. Par ailleurs, nous collaborons avec la firme TeraStor sur leur procédé Near Field Recording. Leur technologie est aussi très intéressante, mais nous nous heurtons à un obstacle : comment stabiliser la lecture avec une tête flottante à près d’un centième de pouce au-dessus du plastique, qui est loin d’être totalement plat ?Le stockage en réseau, SAN ou NAS, gagne en notoriété. Explorez-vous cette piste ?Oui, nous avons créé, au sein de notre division Services, un département consacré au SAN et un laboratoire indépendant pour tester toutes les machines proposées par les constructeurs. Cette division se propose d’aider les utilisateurs à choisir. Avec la multiplication des plates-formes matérielles, les clients sont perplexes. Et surtout, ils sont démunis face à la complexité d’administration de matériels différents et de technologies souvent propriétaires et incompatibles. Dans ce cadre, nous travaillons avec des éditeurs de logiciels, comme Microsoft ou Sun, pour tenter de fédérer ces plates-formes. Nous avons mis au point une interface logicielle unique, baptisée ” Virtualized “, qui permet à un utilisateur d’extraire des données indépendamment du support où elles se trouvent (bande, disque optique, disque dur…). À notre avis, les problèmes liés au SAN sont surtout logiciels et non pas matériels.
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