La carte Star64, dont nous vous avons déjà parlé, pourrait-elle être celle qui fera de sa maison mère Pine64 un succès similaire à la fondation Raspberry Pi ? L’avenir seul nous le dira. Une chose est sûre en revanche, la Star64 fera date. Quand elle sortira d’ici à quelques semaines, elle sera la première carte de type « Single Board Computer » (SBC) accessible à intégrer un CPU de type RISC V. Et elle pourrait marquer l’avènement d’une vraie concurrence à ARM dans le segment des SoC à bas coûts.
Architecture de processeur ouverte et open source dont le développement est mis dans la main d’une fondation suisse, RISC V est vu par beaucoup comme une alternative de plus en plus sérieuse à ARM et x86. Son ouverture permet aussi bien de faciliter le travail des étudiants en ingénierie et informatique (elle est d’ailleurs tirée d’un travail universitaire !) que de donner de la visibilité aux industriels sur ce qui se passent dans les puces… Elle peut même leur permettre de plus facilement développer ou faire développer leurs propres semi-conducteurs. Comme Western Digital qui a développé son propre contrôleur de disque dur qu’il déploie depuis des années sur tous ses disques. Avec une carte comme la Star64 à la fois peu chère, compacte et équipée d’un processeur aux performances « suffisantes » (StarFive JH7110 avec quatre cœurs FU740 de chez SiFive cadencés à 1,5 GHz), l’entreprise Pine64 a peut-être accouché de la première représentante d’une longe lignée.
Visant un marché très pointu dans un premier temps, plutôt que de masse comme les Raspbery Pi, Star64 a quelques attributs spécifiques. À commencer par un emplacement pour carte PCIe ou encore une prise 12 V qui alimente non seulement l’ordinateur, mais aussi une éventuelle carte PCIe insérée. Les pins GPIO sont présents pour répondre aux besoins des bidouilleurs de la partie électronique, l’affichage se fait par la prise HDMI ou par une nappe, le son sort en Jack 3,5 mm et aux deux prises réseau Ethernet Gigabit s’ajoutent quatre prises au format USB A (x2 USB 2.0 et x2 USB 3.0). Le réseau sans-fil est pris en charge par un contrôleur RTL8852BU intégré, gérant à la fois le Wi-Fi 6 et le Bluetooth 5.2. À la mémoire vive intégrée (4 Go ou 8 Go) il faudra ajouter du stockage soit au format eMMC amovible, soit avec une carte Micro SD.
Solution toujours exotique, RISC V pouvait faire peur côté logiciel il y a encore deux ans. Mais les choses commencent à bouger, notamment du côté des systèmes d’exploitation « experts ».
Linux commence à prendre les puces RISC V en charge
La question de l’écosystème des SBC est un élément critique de leur succès. Si le Raspberry Pi est si populaire, ce n’est pas pour sa puissance : des alternatives comme son clone le Banana Pi sont théoriquement plus performantes. Mais avec une énorme communauté derrière lui, le Raspberry Pi profite d’un soutien logiciel, de drivers compatibles, etc. Ce que n’ont pas les clones.
La prise en charge du CPU StarFive JH7110 par les distributions Linux Debian et Fedora est donc un élément fondamental du potentiel succès de cette carte (ou des suivantes). Avec un atout de poids pour le monde informatique universitaire : RISC V oblige, le fonctionnement du CPU est 100% ouvert et transparent. L’ouverture du processeur ainsi que le prix modéré de la solution (estimé par certains à moins de 100 euros) seront des éléments clés de sa popularisation. Mais Pine64 reproduira-t-elle le même succès que la fondation Raspberry Pi ? Impossible de répondre à cette question, mais les briques technologiques à la page comme les parties réseaux (Wi-Fi 6) ou encore le GPU mettent toutes les chances du côté de Pine64.
Un GPU moderne qui peut monter en puissance
Si le GPU du Raspberry Pi a profité de récents progrès graphiques comme la création de drivers certifiés compatibles Vulkan, la puce vidéo intégrée au SoC de Broadcom (VideoCore IV) reste peu performante et technologiquement datée. Il en va tout autrement du BXE-2-32 intégré au SoC de la carte Star64. Sans être un foudre de guerre, cette puce est théoriquement bien plus puissante. Et son architecture est non seulement moderne (2020), mais sa structure permet une montée en puissance.
Développé par Imagination Technology, entreprise à l’origine des PowerVR et des GPU originels des iPhone, le BXE-2-32 est en fait une brique GPU fondamentale qu’un constructeur peut agréger en des GPU de plus en plus puissants. Dans sa forme « super guerrier », l’architecture de PowerVR peut former un GPU appelé BXT-32-1024 de 6,0 TFLOPS, qui gère 192 Gpixels/s et développe jusqu’à 24 TOPS pour les opérations IA (inférence, etc.). Si cette architecture est fermée (en attendant le GPU ouvert de la fondation RISC V), contrairement à la partie CPU RISC V, elle est cependant la garantie que les opérations graphiques (et IA) de la carte seront bien prises en charge. L’architecture en cœur GPU que l’on peut agréger permet d’imaginer de facilement développer des machines plus puissantes. Une fois que les développeurs se seront fait la main sur une carte plus simple comme la Star64.
Il faut désormais attendre le prix officiel des deux versions 4 Go et 8 Go qui devrait tomber d’ici à quelques semaines. Et voir si Pine64 a réussi à produire suffisamment de cartes dans un environnement toujours limité par des pénuries de composants.
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Source : Pine64