Créée en 1995, Devoteam est une société de conseil en technologies axée sur les télécoms, les infrastructures réseaux et systèmes, la sécurité et les applications e-business. Rare valeur du secteur à conserver une croissance bénéficiaire, Devoteam a relativement surperformé le compartiment des SSII et le marché parisien. Stanislas de Bentzmann, président du directoire, explique pourquoi.Le chiffre d’affaires semestriel qui vient d’être publié (73,7 millions d’euros, avec l’intégration de Siticom) est conforme aux prévisions. Vous échappez à la crise ?Nous ne passons pas entre les gouttes. Le ralentissement, nous le subissons aussi, mais par contre nous avons une stratégie et un positionnement clairs et reconnus comme tels, un leadership sur nos niches et notre marché. Étant un des rares acteurs à faire de la croissance organique, nous gagnons des parts de marché. Mais comme on ne peut pas se contenter d’attendre le rebond de la conjoncture, nous allons nous aussi, en affinant, toucher à notre outil de production. L’objectif est de revenir à 7 % de marge en 2003.Le rachat de Siticom est perçu de manière ambivalente par les analystes, qui n’y voient pas d’amélioration de la visibilité du groupe…Cette opération renforce la partie conseil mais offre peu de visibilité : oui, cela n’est pas antinomique. Il est certain que nous avons acquis en bas de cycle une société créatrice de valeur. Je comprends la “paranoïa” des analystes en ce moment, à propos des fusions, et il est vrai que Siticom a encore un travail de procédures à mener avant d’atteindre la qualité de notre reporting. Mais nous n’avons pas enregistré de départs chez Siticom, et je suis toujours aussi enthousiaste sur cette opération.Quels sont vos rapports avec les analystes, aujourd’hui que vous êtes passés sous le seuil des 100 millions d’euros de capitalisation ?Nous sommes suivis par une dizaine de professionnels. Échaudés, certains se demandent si nous n’allons pas annoncer d’un jour à l’autre une grosse catastrophe. J’essaie de les rassurer. Nous avons de bons rapports, mais ce qui est difficile c’est que beaucoup d’analystes sont licenciés, ou changent d’affectation. La chute de la capitalisation n’a pour l’instant rien changé à notre rapport à la Bourse, d’autant que les volumes d’échanges restent bons. Il est vrai que nous avons, relativement, moins baissé que la moyenne du marché. La liquidité des grosses valeurs compte, c’est sûr, mais ce n’est pas leur seule question. Les fonds sont très intéressés à jouer des acteurs de rebond. Et Devoteam constitue, à ce titre, un acteur unique en Europe, de taille respectable mais pointu et sain.Quel discours tenez-vous à vos actionnaires institutionnels ?D’abord nos actionnaires historiques sont toujours là, et notamment de très grands fonds, issus d’institutions comme Fidelity, Axa, BNP-Paribas. Leur préoccupation est de savoir où ils vont avec nous, en terme de stratégie, d’activité, de marge. Le krach a eu lieu, les pertes sont là et il n’y a plus grand-chose à perdre. Ces investisseurs aujourd’hui jouent le rebond, et celui-ci sera forcément violent. Je m’attache donc à leur dire comment ils vont profiter du rebond avec nous. Par exemple, j’explique que notre stratégie est validée par la démarche des plus grands de notre métier. Ce que Cap Gemini ou IBM essaient de faire, au prix fort, nous l’avons déjà réalisé.Devoteam n’est-elle pas une société trop franco-française ?Aujourd’hui c’est un avantage. Mais à terme, bien sûr, nous tendons vers un rééquilibrage à 50/50, contre 70 % du chiffre d’affaires réalisé en France aujourd’hui. Lorsque la reprise sera là, les investissements repartiront autant chez Carrefour ou Société générale que chez Vodafone ou Siemens.Quand pensez-vous cette fameuse sortie de crise interviendra ?Mon objectif est de dégager un Ebitda normal dans le contexte actuel. Mais je ne crois pas qu’il faudra attendre 2004 pour une vraie reprise. Disons que je verrais bien un vrai mieux à partir du deuxième semestre 2003. Les besoins des clients ne peuvent pas attendre très longtemps.La recomposition du secteur est en marche. Comptez-vous continuer à y participer ?Le Nouveau Marché bruit de rumeurs, sur Valtech ou Fi System, dernièrement… Nous ne serons pas sur tous les dossiers. Valtech est par exemple une société complémentaire de la nôtre, mais qui demanderait des efforts d’intégration trop importants. A vrai dire, nous sommes plus intéressés par un renforcement sur des marchés étrangers. Mais les choses sont ouvertes en France. Puisque nous avons du cash et du papier à un niveau compétitif, je suis à laffût de très bonnes occasions, de sociétés à des prix aberrants.
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