En 2024, Spotify a versé en moyenne 3 $ pour 1 000 streams aux artistes indépendants. Le service européen de streaming est à la dernière place dans ce domaine, derrière YouTube (4,8 $), Apple Music(6,2 $) et Amazon Music (8,8 $). Une position à laquelle la plateforme dominante est habituée : c’est elle la moins généreuse envers les artistes depuis (au moins) 2021, selon le rapport annuel de Duetti, qui permet aux artistes indépendants de monétiser leur catalogue en vendant des parts de leurs morceaux.
Spotify sort les griffes
Le rapport explique que Spotify continue d’afficher les taux de rémunération les plus bas en raison de sa dépendance aux abonnements financés par la publicité, à sa part de marché plus importante, sa répartition géographique ainsi qu’au programme Discovery Mode. Ce dernier permet aux artistes participants de bénéficier d’une plus grande exposition, contre une baisse de leur rémunération (de 30 %, il ne reste vraiment plus grand chose à la fin). Le niveau de rémunération de Spotify demeure d’ailleurs toujours aussi bas malgré la hausse des prix de ses abonnements !
YouTube a enregistré la plus forte augmentation annuelle (+0,5 $) grâce à l’apport des abonnements payants par rapport aux revenus publicitaires, même si les taux par écoute varient énormément en fonction des artistes et de la diversité des sources de revenus.
Apple Music maintient des paiements élevés grâce à sa présence dans des marchés à fort pouvoir d’achat et l’absence d’abonnement financé par la publicité. Enfin, parmi les grandes plateformes, Amazon Music continue de verser le taux le plus élevé aux artistes car ses services sont inclus dans les abonnements Prime.
Globalement, les artistes ne sont pas vraiment à la fête : en moyenne, 1 000 streams équivaut à 3,41 $, un chiffre en baisse par rapport à 2023 (3,46 $). Un chiffre en recul de 2 % d’une année sur l’autre, ce n’est pas une très bonne nouvelle, mais Duetti parle tout de même de « stabilisation ». Depuis 2021, la rémunération s’effondrait en effet de 7 % chaque année…
Piqué au vif, Spotify a vivement réagi à la publication de ce rapport. « Ces affirmations sont ridicules et infondées. Aucun service de streaming ne paie par écoute, car cette approche inciterait les services à minimiser les écoutes », a déclaré un porte-parole de l’entreprise. « Cela entraînerait un faible engagement, moins de connexions avec les artistes et des paiements globaux réduits ».
Le représentant estime que ce rapport ne « reflète pas » la réalité de Spotify et des autres services de streaming qui ne rémunèrent pas selon des « taux par écoute ». À la place, ils divisent un pool de royalties entre la musique jouée chaque mois, proportionnellement à la part des écoutes. Un artiste ou un label peut cependant diviser ses paiements par le nombre d’écoutes reçues pour calculer un total « par écoute ». C’est cette méthodologie qui est utilisée dans des études (comme celle de Duetti) lorsqu’elles publient des comparaisons basées sur les paiements par écoute.
Spotify rappelle aussi sur son blog le versement de 10 milliards de dollars à l’industrie du disque en 2024, soit un total de 60 milliards depuis 2014. La plateforme contribue en fait à un tiers du chiffre d’affaires du secteur, selon la Fédération de l’industrie phonographique (IFPI). Il y a dix ans, « environ 10 000 artistes généraient au moins 10 000 $ par an sur Spotify. Aujourd’hui, plus de 10 000 artistes génèrent plus de 100 000 $ par an sur Spotify ».
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