Spotify a annoncé, mercredi 13 mars, saisir la Commission européenne contre Apple pour abus de position dominante sur le marché de la musique en ligne.
Dans une lettre ouverte, Daniel Ek, le co-fondateur de la plate-forme d’écoute en ligne accuse la firme américaine d’avoir « introduit des règles dans l’App Store qui limitent intentionnellement le choix et étouffent l’innovation […], agissant à la fois en juge et partie pour désavantager délibérément les autres développeurs d’applications ».
En parallèle, la société suédoise a tapé fort en créant un site dédié « Time To Play Fair » pour dénoncer une « accumulation » de restrictions de plus en plus nombreuses jugées « abusives » dans un format illustré et pédagogique.
My thoughts on Platform neutrality and how we ensure a level playing field. https://t.co/64xob6mdAN
— Daniel Ek (@eldsjal) March 13, 2019
Un obstacle à la concurrence
Le numéro un mondial de l’écoute de musique en ligne reproche notamment à la firme américaine, propriétaire à la fois du système d’exploitation iOS et de l’App Store, d’imposer un droit de 30% aux services de musique en ligne qui vendent leur abonnement via sa boutique, enchérissant d’autant le coût de l’abonnement pour les utilisateurs.
Afin d’amortir le surcoût induit, « cette taxe nous obligerait à augmenter artificiellement le prix de notre abonnement Premium bien au-delà du prix de l’abonnement Apple Music. Pour garder des prix concurrentiels, nous ne pouvons pas nous le permettre », ajoute Daniel Ek.
Spotify blâme également le géant à la pomme de prendre des mesures de rétorsion en cas de contournement de sa boutique, en empêchant les mises à jour d’applications et en bloquant son utilisation sur son assistant vocal Siri, son enceinte connectée HomePod et l’Apple Watch.
Un différend qui remonte à 2010-2011
À Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne a confirmé à l’AFP « avoir enregistré [la] plainte et [la] traiter selon [ses] procédures ». Mais le géant suédois trépigne puisque le différend remonte à plus de huit ans. La timeline du site « Time To Play Fair » en retrace l’historique – dont les tentatives infructueuses de dialogue directe avec l’entreprise de Tim Cook.
Une plainte « informelle » avait déjà été déposée il y a trois ans au niveau européen. Or, les délais étaient trop longs selon la firme suédoise puisque cette fois-ci, Spotify a déposé une plainte « formelle ».
Objectif : mettre la pression sur l’institution européenne. Elle peut décider d’instruire ou de rejeter la plainte. Si elle la rejette, cette décision est attaquable par le plaignant devant le tribunal européen de justice. Il n’y a pas de délai précis pour une décision.
Mais, le directeur des affaires juridiques du groupe suédois, Horacio Guiterrez a assuré qu’il ne s’agissait pas pour « Spotify d’engager un bras de fer avec Apple ».
Ce recours européen fait écho aux dernières propositions de « démanteler » les Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) d’Elizabeth Warren, candidate démocrate à l’investiture de 2020 aux États-Unis, qui ont fait polémique.
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