[Spécial Taiwan] Pour Thermaltake, le jeu PC n’est pas mort

Il y a les gamers et ceux qui les équipent. Thermaltake est de ceux-là. Monceaux de claviers et de boîtiers « gaming » sur une étagère, stickers colorés de MMORPG asiatiques sur un mur, robots géants à base d’appareils recyclés au sortir de l’ascenseur et posters de groupes asiatiques sur les murs : si l’immeuble de ce faubourg de Taïwan est plutôt classe et propre, nous sommes bien dans un obscur repaire de geeks à poil dur comme on les aime…

C’est bien à son ADN geek que Thermaltake doit les réussites de ses premières années : certains (vieux) nerds parmi vous se rappelleront sans doute du « Golden Orb », un dissipateur pour processeur sorti en l’an 2000 qui a fait le ravissement des AMD Athlon et autres Duron de l’époque. S’en sont suivi des boîtiers, des alimentations, des ventilateurs, etc. Ce premier coup d’essai s’est ainsi transformé en success-story avec, comme point d’orgue, une introduction réussie à la bourse de Taïwan en 2007. Depuis, la marque a ouvert 8 bureaux centraux dans le monde avec pas moins de 120 distributeurs régionaux. Notons d’ailleurs que les premiers bureaux étrangers ont été ouverts en 2003 en Australie, au Japon et… en France. Or, lorsqu’on se penche sur l’organigramme actuel de la société, on note que l’Europe est désormais dirigée depuis les Pays-Bas. Si nous n’avons pas eu d’explication claire quant à ce changement de latitudes, la fiscalité néerlandaise avantageuse apparaît comme une explication plausible, en tout cas plus que la qualité du fromage.

Le gamer et le geek adepte de l’assemblage de PC sont assez souvent une seule et même personne. Il était donc logique que la marque se lance dans le business du gaming. Et elle ne l’a pas fait à moitié puisqu’elle a lancé une marque dédiée, Tt esports, qui sponsorise des équipes de gamers et dispose même de sa propre équipe professionnelle, les « Tt Appolo » qui jouent, notamment, à Starcraft II. Tout ce sponsoring sert bien sûr à mettre en valeur ses produits : des souris, claviers, casques ou même des tapis de souris entièrement pensés pour les joueurs. Mais entre l’effondrement des ventes de PC de bureau, la domination des consoles et le jeu sur smartphone en embuscade, on pourrait ne pas donner cher de la peau du PC à monter soi-même voire du gaming. Ce serait faire l’impasse sur la culture asiatique du jeu vidéo, une région du monde où les matches de Starcraft II sont retransmis sur certaines chaînes et regardés… par des millions de personnes ! Le PC au format tour est donc toujours à l’ordre du jour dans cette région du monde, d’autant qu’il est aussi plus abordable.

Dans le domaine du gaming, nombreuses sont les coquilles 100 % marketing qui achètent des produits sur étagères et qui les signent de leur logo. Thermaltake n’est pas de ceux-là : si la marque ne possède aucune usine et avoue bien volontiers sous-traiter l’essentiel du savoir-faire autour de l’audio, la marque développe nombre de ses produits de A à Z et cherche toujours à se démarquer. Comme avec ce clavier équipé d’un ventilateur pour éviter de transpirer des doigts lors des longues sessions de gaming. Un gadget pour les Européens peut-être, mais apprécié dans l’Asie du Sud-Est « où il fait très chaud et où on joue beaucoup ! », nous explique un ingénieur en souriant. Dans une chambre de test, les équipes vérifient les premiers jets sortis d’usine et les qualifient avant la mise en production. Bancs de contrôle des alimentations, chambre de stress thermique pour les ventilateurs et autre système de refroidissement à eau (watercooling), etc. ce « lab » est une vraie sale de torture. « Certains de nos produits sont garantis 5 ans. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre sur le marché des produits médiocres, ce serait très mauvais pour l’image, justifie l’ingénieur. Alors on se doit de faire souffrir nos produits le plus possible ! », ajoute-t-il avec un sourire presque sadique. Les geeks et gamers seront donc ravis de savoir que, de l’autre côté de la planète, les ingénieurs qui conçoivent leurs produits sont au moins aussi passionnés – et tarés – qu’eux !