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Sous le Web, la plage… en 3D

La 3D, tout le monde connaît. Le Web aussi. Désormais, les deux domaines vont faire bon ménage.

C’est encore expérimental, et ça ne sert pas encore à grand-chose, si ce n’est à être joli ! Google travaille à l’introduction de la 3D dans le navigateur Internet. Grâce à sa technologie O3D, un site Web peut se transformer en île tropicale (par exemple) dans laquelle l’internaute va se promener avec les touches du clavier. Un monde virtuel, à la manière de Second Life, que l’on visite sans quitter le navigateur.Limités à quelques liens hypertextes bleus sur un fond gris dans les premiers temps, les sites Web d’aujourd’hui ressemblent parfois à s’y méprendre à des logiciels. Une mutation qui tient à l’évolution des technologies du Web, tant du langage HTML que de JavaScript (inclus directement dans les pages pour y ajouter de l’interactivité), mais aussi à la puissance des navigateurs de nouvelle génération. Toutes les dernières versions des navigateurs misent ainsi sur la rapidité d’exécution des programmes JavaScript.Pour Google et bien d’autres, comme la fondation Mozilla ou le Khronos Group, la 3D est une des prochaines étapes naturelles du Web.

Le précurseur VRML

La 3D, on y est habitué au cinéma depuis la sortie du film Jurassic Park en 1993 ou Toy Story en 1995.Sur PC, la 3D est déjà présente depuis longtemps, avec des logiciels permettant de créer des images de synthèse, dont de nombreux gratuits, comme POV-Ray (www.povray.org). Dès 1994, à l’occasion de la World Wide Web Conference, une équipe constituée de vétérans, dont des membres de la société Silicon Graphics, constructeur d’ordinateurs dédiés au calcul d’images en 3D, présente le VRML (Virtual Reality Modeling Language). Comme le HTML, c’est un langage de présentation.Le VRML permet de décrire une scène, et donc tout un monde virtuel, afin qu’un logiciel dédié l’affiche. Ce que l’on trouve dans un fichier VRML (reconnaissable à son extension.wrl), ce sont des informations telles que : “ une forme géométrique cylindrique de rayon 2, de hauteur 5, avec des côtés, mais ni haut ni bas, dont la matière est de couleur rose et reflète la lumière brillamment ”. Le tout, bien sûr, dans une syntaxe informatique codifiée. Le logiciel utilisé pour regarder la scène interprète le fichier et crée la vue décrite, dans laquelle il est possible de se déplacer, à la souris ou au clavier, d’interagir avec les éléments du décor en cliquant dessus, tout comme des liens sur une page Web.A l’époque, on prévoyait un brillant avenir à cette technologie. Mais, outre la relative pauvreté des contenus créés, un problème de taille subsistait : pour visualiser une scène 3D, il fallait un logiciel spécifique, distinct du navigateur Web. Avec le temps, des plug-in sont apparus, pour bénéficier du VRML dans la plupart des navigateurs.Vous pouvez toujours essayer le plug-in Cosmo Player (http://cic.nist.gov/vrml/cosmoplayer.html) pour voir les quelques restes de VRML qui traînent encore sur Internet (par exemple à l’adresse http://web3dart.org). Mais concrètement, le VRML est mort, essentiellement lorsque les technologies Shockwave et Flash d’Adobe ont commencé à permettre la création de petites animations en 3D. Google a déjà tenté l’aventure de la 3D, avec un monde virtuel, Lively. Un échec pour le moteur de recherche qui a fermé le service le 1er janvier dernier.

Du renouveau avec la O3D

Mais, en avril, Google repart à l’attaque, avec la O3D. Encore dans les cartons des laboratoires de recherche de Google, il s’agit d’un produit destiné pour l’instant aux programmeurs. La O3D, c’est un langage de programmation 3D qui utilise des technologies déjà employées exclusivement sur le Web (c’est-à-dire le JavaScript), et un plug-in à installer dans le navigateur pour y visualiser les graphismes 3D. Le langage et le plug-in sont fournis gratuitement et en open source (on peut les utiliser et les modifier à loisir). Google compte ainsi sur l’engouement des développeurs pour enrichir son projet.Avec la O3D, il est possible de créer des scènes en 3D complexes, des hautes définitions, avec des éclairages, des ombrages, des textures dignes des rendus auxquels les jeux vidéo nous ont habitués. Comme tout cela est écrit en JavaScript, toutes les interactions classiques du Web 2.0 sont possibles : les programmeurs peuvent sans peine permettre de cliquer sur les objets pour les déplacer, créer des menus, etc. La seule limite est l’imagination.Reste que, pour l’instant, les navigateurs ne sachant pas exploiter directement les capacités des cartes graphiques, un plug-in s’avère toujours nécessaire. Mais Google promet que les futures versions de Chrome s’en passeront. Et si Google parvient, avec la O3D, à créer une norme 3D pour le Web, elle pourrait être incluse dans le HTML. Dans ce cas, tous les navigateurs seraient capables, d’origine, d’afficher les scènes en 3D. Prenons tout de même notre mal en patience : une telle évolution n’est pas prévue avant plusieurs années

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Stéphane Viossat