C’est aussi discret que de manger des asperges (paf ! encore une métaphore agricole ; on sent l’influence de José Bové et de Jean-Pierre Coffe). Les asperges, quand vous les avez grignotées (même les vertes, Jean-Pierre ?), personne ne peut le savoir. Sauf si on vous suit aux toilettes. Au moment de rétablir votre bilan hydrique en surplombant la cuvette, votre vessie lâche quelques signaux olfactifs. Ils sont assez forts pour que votre entourage devine que vous avez consommé des asperges à midi.Sur Internet, c’est en gros la même chose, l’odeur en moins. Tout exploitant de site à l’affût de données personnelles récupère très facilement des tas d’infos durant votre visite : l’âge de votre navigateur, votre route sur le Web, votre e-mail, l’adresse IP de votre micro, le système d’exploitation embarqué et, évidemment, la liste des pages vues, le temps passé sur chacune d’elles, etc.Certains de ces collecteurs de données privées en apprennent encore plus : d’où vous êtes venu, ou vous êtes allé après, quel a été votre dernier achat en ligne. Il y a même des professionnels (si, si, des professionnels) qui profitent de la voie ouverte pour entrer dans votre machine, faire l’inventaire de son contenu, récupérer vos signets. Que sais-je encore ?Tout cela se passe avec l’aide involontaire, ou volontaire on ne sait pas, de votre micro. Ouvrir la porte de votre micro pour aller vous balader sur le Net, c’est laisser la voie ouverte aux curieux de tout poil pour entrer et visiter votre petit chez vous. Difficile, dans de telles conditions, de prétendre que vous étiez sur amazon.com alors que vous matiez quelques jeunes créatures dévêtues…Et il n’y a pas que les sites visités qui peuvent ainsi vous déshabiller. Votre micro, examiné hors connexion à Internet, parle sans qu’on lui demande ; tous les logiciels proposant des mises à jour automatiques (antivirus, systèmes d’exploitation, suites bureautiques) le pratiquent au quotidien.Et que font-ils, ces sacrés accumulateurs, de toute ces infos collectées à l’insu de votre surmoi ? Des bases de données gigantesques qui sont louées très cher à tous ceux qui souhaitent avoir une idée des internautes fréquentant tel ou tel site pour leur refourguer une camelote quelconque. Cela vous turlupine ? Souvenez-vous ! Il y a de très bonnes stations de radio qui diffusent des programmes de qualité. Et là, même avec un simple transistor à galène branché sur un radiateur en fonte, cest écoutable sans être repéré ni examiné sous toutes les coutures. Ah ? Vous préférez écouter la radio sur le Net ?
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