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Sony ZV-E1 : le vlogging passe au capteur plein format et à l’IA

Dédié à la production vidéo, le ZV-E1 est une version plus haut de gamme des précédents modèles de Sony. Qui emprunte le capteur plein format de l’A7S III et la puce IA de l’A7R V. Un boîtier entièrement dédié à la production vidéo personnelle qui veut devenir le king du vlogging.

Si vous pensiez que le vlogging n’était qu’une mode, le coup d’accélérateur de Sony dans le domaine vous donne tort. Après avoir expérimenté le marché avec un genre de RX100, être monté en gamme avec des hybrides APS-C, Sony lance aujourd’hui son modèle vlogging le plus haut de gamme jusqu’à présent avec le ZV-E1. Un boîtier qui se révèle être, comme ses prédécesseurs, un mélange de technologies recyclées (dans le sens positif du terme) çà et là dans les autres gammes de Sony. Pour produire ce qui semble être l’hybride vlogging ultime.

Vlogging Sony ZV-E1

Caméra vidéo avant tout, le ZV-E1 est le fruit de choix relatifs aux usages cibles : pas de viseur électronique – les opérateurs cadrent avec l’écran –, pas d’obturateur mécanique (gain de place) et un corps boitier le plus compact possible… qui n’est pas sans rappeler l’Alpha A7c ! L’autre recyclage, c’est le capteur qui provient de l’Alpha A7S Mark III. Un modèle 24×36 mm (plein format ou full frame) de 12 Mpix initialement taillé pour être le « roi de la 4K ». Avec de si grandes photodiodes, la vidéo de nuit est possible non seulement possible, mais s’avère aussi de qualité, avec un bruit numérique minimal. La plage dynamique – capacité de voir simultanément dans les hautes et les basses lumières – est de 15 stops, une valeur très élevée pour l’industrie. Ce n’est pas pour rien que Sony est le « grand empereur des capteurs ».

Lire aussi : Sony, le grand empereur des capteurs (2017)

Outre ses compétences techniques pures, ce grand capteur a comme atout la nature de son rendu lié à sa taille : des arrière-plans flous plus intenses que ce que les ZV-1 (type 1’’) et ZV-E10 (APS-C) ne peuvent produire, avec leurs capteurs bien plus petits.

Stabilisation (enfin !) intégrée et écran sur rotule

C’était une des déceptions du ZV-E10 sorti en 2021 : l’absence de stabilisation mécanique, justifiée à l’époque pour des raisons d’intégration et de coût. Point de souci de ce côté pour le ZV-E1, car avec un prix de 2999 €, les ingénieurs de Sony avaient largement de la marge pour intégrer cette technologie ! Loin d’être anecdotique, la stabilisation mécanique – le capteur est placé sur un mécanisme corrigeant ses déplacements – est un must pour la capture vidéo. Notamment dans l’exercice du vlogging, où les YouTubers et autres vidéastes sont amenés à (se) filmer en marchant.

Une fois encore, si le ZV-E1 peut faire des photos, ce n’est pas un appareil photo dédié – ce n’est pas une caméra traditionnelle, mais bien une caméra de vlogging. Gardant cela à l’esprit, Sony a donc équipé son appareil d’un écran orientable sur rotule qui se place sur le côté de l’appareil en mode face caméra. Comme ses prédécesseurs, un cadre rouge ceint le contour de l’écran une fois appuyé sur Rec. Permettant ainsi à l’acteur-opérateur d’être certain que l’appareil enregistre.

ZV-E1 microphone à 3 capsules
En matière de son, outre la prise MI qui permet d’insérer des micros à connexion numérique ou la prise jack 3,5 mm pour les micros filaires, le ZV-E1 intègre en son sein un microphone à trois capsules paramétrables (avant, arrière, omnidirectionnel).

Ciblant des femmes et hommes orchestres qui sont autant amenés à filmer qu’à se filmer, le ZV-E1 doit répondre à un problème : comment être sûr que l’appareil fera bien le point sur vous ? Comment saura-t-il vous suivre ? Et puisqu’il n’offre pas de viseur, comment être sûr qu’il identifie bien les sujets et se fixe dessus ?

Une puce IA en charge de la mise au point, du suivi… et du recadrage

AI Processing Unit Sony ZV-E1

C’est là qu’intervient un autre recyclage technologique : le ZV-E1 intègre la même puce IA qu’inaugurait l’Alpha A7R Mark V. Une puce spécialisée dédiée (on parle de puce ASIC) qui est à même de gérer efficacement des algorithmes issus de l’apprentissage profond de manière plus efficace (rapidité et consommation d’énergie) que des cœurs CPU ou GPU classiques. Et pour avoir eu l’A7R V dans les mains, cette puce est très efficace. Et cette efficacité devrait se retrouver à l’identique dans le ZV-E1. Et les bénéfices d’une telle puce sont impressionnants.

Le premier est la reconnaissance et le suivi des sujets. Capable de gérer des modèles plus complexes que les processeurs d’image classiques, le processeur IA reconnaît les humains bien sûr, mais aussi les animaux (chats, chiens, oiseaux, chevaux, souris, insectes) et certains véhicules (voitures, trains et avions). Mieux encore : dans les cas des humains, il reconnaît non seulement leur visage, mais aussi les parties du corps – identifiées comme des blocs. Ainsi, il n’est pas trahi quand le sujet tourne le dos et peut maintenir la mise au point sur lui.

Illustrée par la vidéo ci-dessus, cette fonctionnalité est séduisante et s’appuie sur des algorithmes d’amélioration de l’image très avancés. Mais elle devra être utilisée avec modération. Car le capteur a le défaut de ses qualités : sa faible définition le rend plus sensible en basses lumières, mais limite la qualité d’image quand il doit recadrer dans les pixels. Un déplacement du sujet de quelques mètres est gérable, mais au-delà le zoom numérique pourrait sérieusement dégrader la qualité d’image. Sony a cependant prévu le coup et permettra de conserver la séquence non recadrée au cas où le résultat final ne soit pas au niveau.

4K120p dans l’année, des équipements manquent à l’appel

Du point de vue des spécifications vidéo, le ZV-E1 travaille jusqu’en 4K, définition pour laquelle il pourra monter jusqu’à 120 images par seconde… un peu plus tard dans l’année, via une mise à jour du firmware. À son lancement, le boîtier commencera sa carrière en 4K60p, comme cela est déjà arrivé chez certains boîtiers concurrents (comme Panasonic). La raison de ces lancements d’appareils « incomplets » est sans nul doute que le « time to market », c’est-à-dire la rapidité de la mise sur le marché est de plus en plus pressante. Ce qui force les ingénieurs à finir le travail dans la foulée.

Au rang des manques, on note l’absence de second emplacement pour carte SD – qui, du reste, n’est pas compatible avec les CF Express comme le sont les deux emplacements de l’A7S III. À cela s’ajoute un élément bien plus gênant : l’absence de sortie HDMI plein format (dit Type A), qui est pourtant le standard du monde de la vidéo. Il faudra se contenter d’un Micro HDMI (Type D), moins robuste et qui nécessite un adaptateur pour être connecté à des téléviseurs/moniteurs. Autre manque : alors que l’appareil gère des fonctions « pros » comme le 10 bits 4:2:2, les S-Gamut3.Ciné/S-log3 et S-Gamut3/S-log3 ou encore le chargement de LUT personnalisées, point d’enregistrement ProRES disponible. Ce format de fichier, pourtant pris en charge par les autres caméras vidéo haut de gamme de Sony (lire ci-dessous), est un standard apprécié notamment par les monteurs.

Sony inarrêtable en vidéo ?

Si on prend un peu le temps de regarder les gammes de Sony, on voit que le japonais semble déchainé en matière de vidéo. D’une part, avec son Alpha A7S Mark III, il propose un appareil photo en termes d’ergonomie, ultra-doué en vidéo 4K et qui reste le mètre étalon en matière de photo de nuit. Ensuite, Sony dispose aussi de sa gamme professionnelle FX, que la FX3 est venue démocratiser. Un boîtier bien moins cher que les versions haut de gammes classiques, et destiné à être intégré avec les accessoires des tournages professionnels. Le genre de corps de boitier (uniquement vidéo) avec lequel les jeunes peuvent se faire les dents avant de se jeter dans des appareils plus onéreux. Finalement, il y a la gamme ZV dont le présent ZV-E1 est le dernier rejeton (et le plus haut de gamme jamais lancé). Un autre type d’appareil pour un autre type d’utilisateurs – les vloggers – qui reprend toutes les technologies développées pour les publics photo et vidéo classiques, intégrées dans un boîtier à l’ergonomie (et aux fonctions) adaptées à cet usage spécifique.

Chronologie des caméras vlogging de Sony

ZV-1, compact à capteur Type 1 pouce (mai 2020)
ZV-E10, hybride à capteur APS-C (juillet 2021)
ZV-1F, compact capteur Type 1 pouce (octobre 2022)
ZV-E1, hybride à capteur plein format 24×36 (mars 2023)

Quand on dézoome encore un peu, et qu’en plus de Sony, on regarde les offres des compétiteurs, on perçoit que dans le marché de la photo/vidéo, le géant de l’électronique fait feu de tout bois. Et s’avère être l’acteur qui lance le plus de boîtiers et le plus de déclinaisons de ses technologies. Une manière de diversifier ses terrains de chasse, Canon revenant très fort dans la photo pure. Grâce, notamment, à son énorme parc d’utilisateurs de reflex qui peuvent enfin recycler leurs optiques sur des boîtiers hybrides de qualité – EOS R6 II, EOS R6, EOS R5, EOS R3, etc.

Presque totalement orienté sur la production vidéo à un seul opérateur (même s’il fait des photos RAW et Jpeg avec une rafale allant jusqu’à 10 i/s), le ZV-E1 est le boîtier dédié au vlogging le plus avancé techniquement qu’aucun constructeur a lancé sur le marché. Et cela a un prix : 2999 € pour une disponibilité mi-avril. Un prix élevé qui le cantonne aux YouTubers les plus fortunés et qui sont prêts à payer un supplément pour avoir la qualité du tournage avec un grand capteur, sans les embarras.

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