Sony vient d’accoucher d’un monstre : après avoir poussé pendant 8 ans les appareils photo hybrides à capteur plein format, le champion japonais annonce aujourd’hui son Alpha 1. Une nomenclature qui, couplée à son prix record (pour Sony) de 7300 € boîtier nu, ne laisse aucun doute quant aux ambitions de Sony, à savoir produire l’appareil photo « ultime ».
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder trois composantes fondamentales dans les appareils photo modernes : la définition, la rafale et le mode vidéo. Et là c’est la démonstration de force : l’Alpha 1 affiche un capteur qui est à la fois super défini (50 Mpix !) mais aussi capable de shooter à 30 images par seconde avec suivi AF et une profondeur de mémoire tampon de 155 images RAW (165 JPEG). À ce mélange inédit de définition (paysage) et de rapidité (sport), s’ajoute le mode vidéo 8K, une première chez les Alpha de Sony – et peut-être une première « utilisable » pour l’industrie, l’EOS R5 de Canon ayant déçu par sa surchauffe excessive.
Annoncé comme le boîtier « à tout faire », l’A1 peut être perçu comme le mélange des séries A9 et A7Rx, infusé de l’ADN vidéo des A7S. Le genre de boîtier que jamais Canon ou Nikon n’ont voulu ou pu développer. Un niveau de performance rendu possible grâce à des composants uniques, à commencer par le capteur.
Capteur 50 Mpix sous stéroïdes
Le capteur plein format 24×36 mm de l’Alpha 1 est un ovni : il couple une très haute définition de 50 Mpix digne de la série « R » (entre les 42 Mpix de l’A7R3 et les 61 Mpix de l’A7R4) à des vitesses record. En une seconde, il shoote jusqu’à 30 images par seconde (avec un AF continu !) et effectue jusqu’à 120 mesures de l’image (exposition, balance des blancs). Il fait ainsi exploser la frontière entre les boîtiers « paysage/portrait » et les boîtiers « sport ».
Pour réussir cet exploit, Sony a développé un capteur à la fois BSI (rétroéclairé) pour récolter le plus de lumière possible, et à conception dite « empilée », c’est-à-dire qui intègre de la mémoire directement en son dos afin « d’avaler » les pixels le plus vite possible. Un flux qui pousse jusqu’à 1,5 milliard de pixels qui sont ensuite digérés par les deux processeurs d’image Bionz XR. Des puces à même de gérer l’impressionnante plage dynamique de 15 stops. Qui a dit qu’on ne pouvait pas produire un capteur à la fois défini, rapide, sensible (32.000 ISO extensibles à 102.400) et profitant d’une large plage dynamique ?
Vidéo 8K et 4K120p
L’Alpha 1 est le premier boîtier photo de Sony capable d’enregistrer des séquences en 8K. Pour l’heure, Sony n’a pas communiqué d’informations quant à un éventuel recadrage en 8K, ce qui laisse présager le meilleur, mais les amateurs d’ultra grand-angle devront attendre de voir apparaître les spécifications précises avant de crier victoire. En tous cas, Sony a indirectement taclé Canon avec sa présentation puisque l’appareil offre un enregistrement 8K continu garanti de 30 minutes – l’EOS R5 souffre de nombreux problèmes de surchauffe dans le domaine.
Très exclusif dans son usage, le format 8K impose une puissance de calcul qui peut être détournée pour réaliser d’autre choses, comme un débit amélioré en 4K : l’Alpha 1 profite ainsi d’un mode 4K120p qui, moyennant un recadrage de 10%, permet de réaliser de beaux ralentis sans efforts. Du côté de la qualité d’image, Sony précise que son mode 4K est issu d’une captation sans pixel binning et produit d’un suréchantillonage 5,6K, ce qui promet un très haut niveau de détails.
Sony oblige, on rappelle que l’extraordinaire mise au point en temps réel sur l’œil (EyeAF) est opérationnelle en vidéo de même que la stabilisation mécanique du capteur (jusqu’à 5,5 vitesses, en photo comme en vidéo). À cela s’ajoute la traditionnelle prise numérique MI sur la griffe, un enregistrement interne 10 bit 4:2:2 et une prise HDMI capable de sortie un signal vidéo RAW sur 16 bit. Autant dire qu’avec le bon équipement (enregistreur externe, optiques, etc.) il s’agit là d’une caméra de cinéma…
Un viseur sans équivalent dans l’industrie
Vous vous rappelez du viseur 9,44 Mpix de l’A7S Mark III ? Sony l’a encore amélioré pour son A1. Si la définition reste la même (de même que les propriétés optiques de magnification, etc.) ses propriétés électroniques dépassent, là encore, les limites actuelles. Non seulement il s’agit du capteur le plus défini de l’histoire, mais c’est aussi le plus rapide, avec un rafraîchissement à 240 Hz. Et en plus, il ne souffre d’aucun passage au noir (blackout) comme c’était déjà le cas chez les A9 et A9 Mark II.
S’il faut voir à l’usage si le viseur est capable de réunir toutes les propriétés simultanément – 240 Hz sans black-out en pleine définition –, les différents types de photographes ont déjà le choix des meilleures spécifications du marché – vitesse, définition et absence de passage au noir. Sony démontre ici l’avantage d’être non seulement capable de développer, mais aussi de produire ses propres composants.
Un boîtier ultra complet
Du côté des nouveautés électroniques on note l’arrivée du RAW compressé sans perte et de la prise en charge du remplaçant du Jpeg, le HEIF 10 bit. En cela, Sony les traces de Canon. Mais Il va plus loin en termes de maîtrise électronique puisque l’Alpha 1 est le premier boîtier hybride à proposer une synchronisation flash au 1/400e en plein format, une vitesse qui peut être poussée au 1/500e en recadrage APS-C. Ce sont les photographes en lumière contrôlée qui vont être contents. L’EyeAF a encore été amélioré est se décline désormais sur les animaux et les oiseaux, ce qui devrait faire plaisir aux photographes spécialisés dans le genre. Et l’Alpha 1 intègre évidemment les nouveaux menus introduits par l’A7S Mark III. Pas d’écran sur rotule par contre, son ADN « photo avant tout » a poussé Sony à conserver le mécanisme classique d’orientation verticale.
Côté connectique, outre une prise USB 3.2 à 10 Gbit/s au format USB C qui permet à la fois de décharger les photos ou de recharger le boîtier, on retrouve la prise RJ45 gigabit déjà présente sur l’A9 Mark II et très cher aux photographes sportifs sur les événements majeurs (J.O., coupes du monde, etc.) Et pour profiter des vitesses maximales d’écriture des médias photo et vidéo, le système de double emplacement hybride de cartes mémoires qui prennent en charge indifféremment des cartes au format SD ou au format CF Express A. Côté conception du boîtier, Sony assure un boîtier encore plus résistant à l’humidité et aux poussières, avec un châssis toujours en alliage de magnésium et équipé d’un obturateur mécanique renforcé.
A la lecture de la fiche technique, l’Alpha 1 est l’équivalent d’un « tapis » au poker : Sony a mis toutes ses cartes maîtresses, du super capteur sorti du chapeau, en passant par le viseur de compétition au système de double processeur d’image, etc. sans que l’on puisse à aucun moment détecter un quelconque bridage marketing. A 7300 € boîtier nu on a envie de dire « encore heureux », mais il faut souligner que nous n’avons jamais vu un boîtier pousser toutes les spécifications techniques aussi haut dans tous les domaines. S’il tient toutes ses promesses, le Sony Alpha 1 pourrait bien recevoir sa couronne d’appareil photo ultime.
L’Alpha 1 sera disponible en Europe à partir du mois de mars à 7300 € TTC.
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