Sony vient de frapper un grand coup : avec son Alpha A9 qui arrive tout juste en magasins, la marque japonaise propose pour la première fois un appareil dont la rafale et l’autofocus ambitionnent de rivaliser avec les boîtiers sports de Canon et Nikon. Enfin rivaliser, c’est pour rester poli : l’engin de guerre va plus loin que cela puisque l’A9 prétend offrir une rafale plus de 50% supérieure aux Canon 1DX Mark II et autre Nikon D5. L’annoncer c’était une chose, le prouver en est une autre et nous avons été conviés par la marque à mettre son boîtier à l’épreuve de courses hippiques. Et le résultat est rien de moins qu’ahurissant.
Un demi-milliard de pixels par seconde
480 millions : c’est la quantité de pixels que l’Alpha A9 est capable de traiter par seconde. Oui, les 24 millions de pixels du capteur ingurgitent jusqu’à 20 images par seconde, soit un tout petit peu moins d’un demi-milliard de pixels. Et puisqu’il s’agissait de séduire les photographes de sport, la rafale ne dure pas 1 seconde… mais 12 bonnes secondes à 20 i/s. En RAW. Un volume de données incroyable que le capteur et le processeur Bionz X avalent et traitent comme s’il s’agissait d’une opération triviale.
Si cette puissance de traitement va rendre les vendeurs de cartes mémoire et disques durs riches (aux dépens des photographes), elle offre une garantie encore plus forte d’avoir LE bon cliché au bon moment. Sur une épreuve d’athlétisme comme le 100 m par exemple, le photographe qui déclenche au moment du départ va ainsi pouvoir shooter tout du long de la course (et jusqu’à 2 ou 3 secondes de plus) à 20 i/s, ce qui lui garantit un volume de trames sans égal pour faire son choix. Charge à lui de bien régler l’appareil et de bien suivre la course dans son viseur.
Rafale d’un autre monde
Qu’apporte une rafale de 20 i/s ? Quasiment doubler du choix de clichés par rapport aux reflex de sport pro qui shootent aux alentours de 10-12 i/s avec AF continu. Ce surplus d’images nous a permis de sélectionner plusieurs clichés publiables à chaque passage des chevaux, avec parfois l’embarras du choix quant à la position des pattes de ces grandes bestioles, des pattes dont l’ajustement, très graphique, dicte bien souvent la bonne dynamique de l’image.
Ce qui est un peu perturbant pour un photographe habitué aux “clac-clac-clac” de son appareil, c’est qu’il est assez difficile au début de “sentir” qu’on a bien l’image que l’on souhaitait. L’obturateur électronique est en effet non seulement presque invisible (il n’y a pas de passage au noir, lire plus loin) mais en plus totalement silencieux. Une discrétion précieuse dans de nombreux environnements – on pense à la photo de plateaux de cinéma, de théâtre, etc. – mais qui fait un peu perdre de cette relation physique l’on entretenait jusque-là avec le boîtier.
Mais une fois ce changement accepté, le bénéfice de la rafale s’impose comme une révolution de la photo de sport. Bon sang, 20 images par seconde pendant 12 secondes !
Pas de blackout
Tous les écrans et viseurs des reflex comme des hybrides ont un blackout, un passage au noir. Pour les reflex, il s’agit du moment où le miroir remonte pour laisser passer la lumière vers le capteur (ou la pellicule), pour les hybrides, c’est le temps qu’il faut à l’obturateur (mécanique ou électronique) de recréer un “noir” afin d’être à zéro pour accueillir les informations de la prochaine image.
Mais l’Alpha A9 n’est pas de ce monde : Sony a réussi à développer un obturateur électronique qui ne nécessite aucun passage au noir. Une performance rendue possible par un capteur équipé de mémoire vive directement greffée sur son dos, doublé d’un processeur surpuissant, capable d’avaler les données du capteur sans avoir l’air de rien faire. Le résultat ? On regarde un flux vidéo continu sur l’écran (ou dans le viseur) et seul un petit clignotement du collimateur ou du cadre rappelle qu’on est en train de prendre des photos. Sans jamais quitter le sujet des yeux, ce qui représente, là encore, du pain bénit pour les photographes d’action qui doivent suivre une cible.
Nous pouvons affirmer sans trop nous mouiller que l’engin de Sony dispose de 6 à 18 mois d’avance technologique sur l’ensemble de la concurrence. Une avance que la branche photo de Sony doit en partie à sa sœur la division semi-conducteurs, Sony Electronics. Leader mondial de la production de capteurs CMOS et champion des puces de traitement des données et du signal, cette dernière à offert à Sony Imaging une arme fatale électronique qui met la compétition K.O.
AF pro convainquant
Dans un appareil grand public, l’autofocus est très important. Dans un boîtier de sport il est critique. Sur le terrain, en l’occurrence l’hippodrome de Vincennes, l’Alpha A9 a eu comme défi de suivre de gros équidés voraces (mais herbivores, ne craignez rien) lancés à 50 kilomètres heure – il s’agissait de courses de trot.
Si on analyse la limite de l’exercice, il faut rappeler que les chevaux vont moins vite que les engins motorisés et que leur course est moins erratique et plus facile à prédire que les mouvements des boxeurs ou les trajectoires des joueurs de sports collectifs type handball ou football. A cela il faut ajouter que chaque sport, chaque type de photo d’action a ses propres réglages fins.
Dans mon cas, j’ai mal choisi le premier type de suivi d’AF pour une course et j’aurais parfois dû régler manuellement la vitesse pour éviter des images trop floues à cause d’un temps d’expo un peu lent. Mais même avec ces erreurs et ajustements, mon taux de shoots nets et de qualité est très élevé. Grâce en soit rendue aux 699 collimateurs d’AF du capteur et aux algorithmes de suivi très efficaces.
Il faudra attendre les retours des photographes professionnels, notamment des indépendants spécialisés et des agences types AFP, AP, Reuters pour savoir si l’Alpha A9 est aussi à l’aise dans les autres sports, mais rien que dans les courses hippiques, le boîtier de Sony nous a paru aussi à l’aise qu’un Nikon D5 (testé à usage personnel). Mais délivrant un plus grand choix de clichés.
Plus que la somme des parties
Sur le plan de la photo d’action pure et dans le périmètre limité de la photo hippique, le Sony Alpha A9 nous a technologiquement soufflé. Sans compter que la qualité des images est tout à fait au niveau de la concurrence, nous y reviendrons dans le test complet.
Si les performances brutes de l’A9 sont bien d’un autre monde, il y a trois éléments qu’il faut garder à l’esprit. Primo, il n’est pas encore assez intelligent pour remplacer les réglages du photographe – ouf, nous ne sommes pas (encore) obsolètes ! Deuxio, le parc optique de sport de la monture FE est encore à des kilomètres de Canon et Nikon. Tertio, un appareil photo ce n’est pas que des performances, c’est aussi une ergonomie, aussi bien matérielle que logicielle.
Nous reviendrons plus en détails sur ces différents points dans notre très prochain test mais une chose est désormais sûre : Canon et Nikon ne sont désormais plus en sécurité sur la photo de sport. Et l’Alpha A9 leur a mis une déculottée technologique.
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