La gamme des hybrides à capteur plein format de Sony s’étoffe enfin d’un boîtier taillé pour attaquer frontalement Canon et Nikon : l’Alpha A9. Il aura fallu 3 ans et demi pour que le géant de Tôkyô prenne suffisamment d’assurance technologique – et de parts de marchés – et fasse le grand saut en dévoilant un appareil dédié à la la photo sport/action/nature, l’une des dernières chasses gardées des deux « grands ». Après avoir prouvé sa crédibilité dans les hautes définitions (A7R Mark II, 42 Mpix), les basses lumières et la vidéo (A7S Mark II, 409 600 ISO natifs), Sony s’attaque au segment des mitrailleuses à images fixes.
La promesse de l’Alpha 9 est alléchante : offrir une rafale de 20 i/s en 24 Mpix (avec AF continu) et une mémoire tampon permettant de capturer 241 images consécutives en RAW. Un photographe aux J.O. peut ainsi suivre un 100 m complet sans ralentissements tout en shootant dans la meilleure qualité d’image disponible (le RAW) à 20 images par seconde. Du jamais vu.
Processeur aux hormones
Du RX100 Mark V que nous avons testé il y a quelques jours, l’Alpha 9 reprend les deux atouts phares : un processeur d’image surpuissant, le Bionz X, et une structure de capteur d’image unique. Outre le fait que le CMOS plein format de 24 Mpix soit dit « BSI » (back side illuminated, rétroéclairé), c’est surtout la simplification de sa structure et l’intégration de mémoire vive directement dans son dos qui rend ce capteur unique. Plus sensible qu’un capteur classique (BSI), il offre une lecture d’image bien plus rapide que ce que proposent Canon et Nikon : 20 images à 24 Mpix représente un flot de 480 millions de pixels par seconde, un demi-milliard de pixels qu’il faut capturer, analyser, traiter (dans le cas du Jpeg) et enregistrer sur la carte mémoire. A titre de comparaison, le Canon 1DX Mark II shoote des images de 20 Mpix à la cadence de 14 i/s (en AF continu) avec un buffer de 170 images RAW, quand le Nikon D5 offre la même rafale que le Canon mais en 20 Mpix et pendant 200 images consécutives en RAW.
Le Sony Alpha 9 promet donc une meilleure définition, une bien meilleure rafale (presque 50% plus rapide que les références !), et plus de mémoire tampon. La domination technique en ce qui concerne la gestion du flux des données semble bien là, mais un appareil de sport se doit d’être irréprochable en termes d’autofocus et de visée. Et Sony ne semble pas l’avoir oublié.
Foire aux collimateurs, plus de passage au noir
En ce qui concerne l’AF, Sony a décliné pour la première fois son système prédictif 4D des Alpha 6xxx sur un boîtier plein format. Et offre à son Alpha 9 pas moins de 693 collimateurs couvrant 93% de la surface de l’image. Deux chiffres record qui promettent, sur le papier, des performances de top niveau. Il faudra cependant tester avant d’émettre un jugement : Canon et Nikon ont une expérience non négligeable dans le domaine de l’AF sport et cet exercice est le plus difficile avec celui de la gestion de l’AF dans les basses lumières.
L’autre force de l’Alpha 9 tiendrait dans son viseur numérique – hybride oblige – qui ne connaîtrait pas de passage au noir. La dalle OLED de 3,7 Mpix de ce nouveau champion serait en effet capable, outre son taux de rafraîchissement de 120 Hz, d’éviter ce fameux “blackout” entre deux images, lot de tous les viseurs électroniques jusqu’ici. On demande à voir, mais si la promesse est tenue, ce sera LA révolution tant attendue dans le domaine de la visée électronique. Et porterait peut-être le coup de grâce aux reflex.
Résistance et ergonomie
Appareil pro oblige, l’Alpha A9 bénéficie d’un corps boîtier en alliage de magnésium protégé par un ensemble de joints d’étanchéité afin de de protéger la précieuse électronique des aléas – poussières, humidité, etc. La robustesse sera un élément crucial de ce boîtier : les pros sont prêts à payer pour la solidité, il ne faudra surtout pas les décevoir.
Côté format, l’A9 ressemble, sur les photos d’illustration, à ses petits frères les A7 et se distingue des boîtiers sport traditionnels de Canon et Nikon avec leur carlingue intégrant un grip vertical. Sony a préféré un format à la 5D/D800 et propose en sus un grip optionnel pour les photographes qui préfèrent la prise en main grand format.
Outre l’écran orientable – et tactile, c’est une révolution pour Sony ! – et le Wi-Fi, on note la présence d’une prise réseau Ethernet qui est là pour faire du pied aux agences (AFP, Getty, Reuters, etc.) dont les photographes qui couvrent les grands événements sportifs (J.O., mondial de foot, etc.) travaillent en mode connecté afin que les éditeurs s’emparent et diffusent au plus vite les images – lire « Les coulisses de la photo sportive ».
Vidéo : l’avantage hybride
Si Canon fut précurseur de la Full HD et si le Nikon D5 propose un mode 4K (très limité et bridé), Sony et son Alpha 9 enfoncent la concurrence des reflex dans le domaine de la vidéo. Comme ses frères de la génération « Mark II » les A7R II et A7S II, l’Alpha 9 tourne en 4K bien sûr, mais sans recadrage, dans un codec professionnel (XAVC S), avec de nombreuses options pros (zébras, ralentis 120 i/s, etc.), sans changement de focale, etc. Et comme l’A6500, super performant en vidéo, l’A9 propose des fichiers 4K issus d’une captation du capteur en 6K, un mode de sous-échantillonnage (downsampling) qui produit des fichiers vidéo de qualité supérieure par rapport à une simple captation 4K.
Stabilisation mécanique
Depuis la génération Mark II des A7, Sony stabilise désormais les capteurs de ses hybrides. Un procédé qui se couple à la stabilisation des zooms, essentiellement les téléobjectifs (le dernier 24-70 mm G Master n’est pas stabilisé). L’Alpha 9 reçoit bien évidemment cette stabilisation sur 5 axes, un dispositif qui renforce encore un peu sa puissance en vidéo notamment.
Nouvelle batterie, nouveau chargeur
Les Alpha 7 brillent dans de nombreux domaines mais, comme tous les hybrides, pêchent dans celui de l’alimentation. Avec un capteur toujours alimenté et une dalle (viseur ou écran) qui sert à la visée, un hybride consomme nécessairement plus d’énergie qu’un reflex. Sony a donc développé une batterie plus endurante pour cet A9, la NP-FZ100. Selon la fiche technique de Sony, elle encaisserait 480 images avec le viseur et 650 images avec l’écran LCD. En vidéo et en enregistrement réel non continu (plusieurs séquences), la batterie tient entre 105 et 120 minutes (viseur/LCD). Ces valeurs, un record dans l’industrie des hybrides, sont à doubler dans le cas d’un usage avec le grip optionnel qui permet de rajouter une batterie (pourquoi pas 3 comme sur le X-T2 de Fujifilm ?), ce qui donne jusqu’à 960 images avec le viseur (usage le plus crédible en sport) et 240 minutes en vidéo avec le LCD (usage le plus crédible là aussi). On commence enfin à pouvoir être un peu à l’aise côté énergie : espérons que le test valide ces promesses !
Gamme optique qui s’étoffe (un peu)
Le boîtier c’est bien, mais sans les optiques adaptées, il n’aurait pas de sens. Il ne fait aucun doute que le parc de Sony est largement inférieur à ceux de Canon et Nikon et qu’il reste encore beaucoup de travail à Sony pour étoffer sa gamme. Mais le nouveau 100-400 mm f/4.5-5.6 OSS de la gamme G Master (SEL100400GM) est un bon début de réponse. Mais entre les 200-400 mm f/4, les téléobjectifs à focale fixe super lumineux (300 mm f/4 & f/2.8, 400 mm f/2.8, etc.) les deux acteurs historiques ont un portfolio plus qu’exhaustif. Sony a développé le boîtier, il va falloir l’habiller pour être vraiment crédible.
Et pour aller vraiment taquiner les pros, il va falloir mettre en place les services et la logistique qui s’impose – notamment lors des événements sportifs.
Le Sony Alpha A9 sera disponible à partir du mois de juin 2017 à 5300 euros boîtier nu.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.