« Fabriquer quelque chose de simple n’est jamais simple ». Cette phrase mise en avant par Sonos à propos de sa nouvelle enceinte Playbase aurait pu être prononcée par Steve Jobs. Comment les ingénieurs font-ils pour concevoir un produit qui génère d’immenses contraintes ? C’est ce que nous avons cherché à savoir en nous rendant à l’invitation de Sonos dans leur laboratoire de développement de Boston (Massachusetts).
Avec sa faible épaisseur de 58 mm, il n’est a priori pas évident de tirer une acoustique satisfaisante de la Playbase. Mais les designers se sont montrés intraitables quant à son design : « Quand nous avons demandé à nos utilisateurs de nous montrer comment ils avaient installé leur Playbar, notre précédent modèle , nous nous sommes rendus compte que beaucoup ne l’accrochaient pas au mur sous leur téléviseur (lui-même fixé au mur), explique Michael Papish, directeur du marketing produit chez Sonos. En fait 70 % des téléviseurs sont posés sur un meuble ». La marque se devait donc de concevoir une réponse aux LG Soundplate, Cabasse Stream Base et autre Bose Solo 15 qui peuvent déjà se glisser plus ou moins discrètement sous le pied d’un téléviseur.
Pas plus de 6 centimètres d’épaisseur
Et l’épaisseur – précieuse pour permettre un bon rendu des basses – n’était pas négociable : « Au-dessus de 6 centimètres, nos clients trouvaient que la Playbase n’était pas esthétique, trop voyante », constate l’intraitable vice-président de la marque en charge du design, Tad Toulis. Les ingénieurs ont donc dû faire face à un double challenge : trouver un système permettant de doter l’appareil de basses suffisantes et faire en sorte que le refroidissement des composants soit efficace ; le tout sans utiliser de ventilateur générateur de bruit.
Pour y parvenir, l’équipe de développement est donc partie du bon vieux système de bass-reflex : un évent permet la diffusion des sons présents dans l’enceinte et amplifie ainsi les basses générées par les haut-parleurs. Mais autant dire que leur premier prototype ne collait pas vraiment aux canons esthétiques de la marque, ni aux dimensions désirées pour cet appareil.
Pour y parvenir, l’évent sera donc déformé en un S pour conserver sa longueur dans un minimum d’encombrement. « Il a fallu bien étudier la forme du S pour faire en sorte que les ondes émises par le woofer (le haut-parleur de basse) s’échappent de manière fluide sans créer de perturbations », détaille Ian Popken, directeur du design matériel.
Le casse-tête du refroidissement passif
Et en l’absence de ventilateur, pourquoi d’ailleurs ne pas profiter de ce déplacement d’air pour refroidir les composants électroniques ? C’est exactement ce qu’a imaginé l’équipe de Ian Popken. « Le flux et reflux d’air entre le woofer à droite et l’évent à gauche permet au processeur, à la mémoire et au module Wi-Fi situés entre les deux d’être refroidis naturellement ; en complément de la plaque de dissipation thermique sur laquelle ils sont fixés », explique-t-il.
Reste que si le principe était acté, il fallait encore parvenir à caser dans ce bloc compact 6 autres haut-parleurs aigus et 3 médiums. Condition sine qua non pour obtenir la qualité désirée aussi bien en mode home cinema qu’en écoute de musique. « C’est un produit que nous avons mis presque quatre ans à concevoir », raconte Giles Martin, responsable de l’expérience sonore de la marque et accessoirement ingénieur du son reconnu et fils de George Martin, le producteur historique des Beatles.
Les 690 pièces de la Playbase ont toutes été conçues par Sonos.
Le big data, invité suprise de la Playbase
Pour arriver à mettre en pratique cette volonté de performances aussi bien en home cinema qu’en musique, c’est Hilmar Lehnert, directeur de l’ingénierie audio qui s’est attelé à la tâche. Pour y parvenir il a fallu trouvé un équilibre : « il était important de mettre en avant des voix pour les dialogues tout en offrant un bon rendu des autres fréquences pour l’écoute musicale ». Ce sont ainsi entre 300 et 400 paramètres de fréquences qui entrent en jeu dans ce fin accordage. Une étape qui fait appel d’abord à l’expertise humaine, mais qui s’aide également d’un invité surprise : les données récoltées auprès des utilisateurs.
« Nous proposons le système Trueplay sur tous nos produits. Il permet d’affiner le réglage de nos enceintes en fonction de la configuration de la pièce dans laquelle elles sont placées. Nous pouvons alors recouper les données de nos utilisateurs pour obtenir la signature sonore moyenne de leur domicile. Je serai bien incapable de vous dire à quoi ressemble leurs pièces ni quelle est leur taille, mais au moins nous pouvons nous approcher de la meilleure configuration d’origine possible sur nos enceintes », dévoile Hilmar Lehnert. Ou quand le big data devient la touche finale de la conception d’une enceinte.
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