01 Informatique : Pourquoi, selon vous, si peu d’entreprises utilisent-elles réellement le grid ?Songnian Zhou : Il existe des freins technologiques. Mais, de ce côté-là, l’évolution suit son cours. Par contre, nous le voyons avec nos clients, le changement le plus important à mener concerne les mentalités. On
parle de partager des ressources. Or, lorsqu’on a toujours eu une organisation en silo, ce n’est pas facile. Nous observons la façon de travailler de nos quelque mille cinq cents clients, et nous travaillons sur une méthodologie.Y aura-t-il un facteur qui déclenchera l’entrée du grid dans l’entreprise ?Il n’y a pas de ‘ killer application ‘ du genre messagerie ou navigateur, en tout cas ! Les vraies applications clés du grid, ce sont les processus métier. Du côté applicatif, les web services joueront
le rôle de glu entre le PGI, la GRC, la gestion de la chaîne logistique, etc. Mais, du côté infrastructure, un serveur unique ne suffira pas, et la solution sera le grid.Quand accédera-t-on à l’informatique à la demande ?Ce concept fait référence à une infrastructure à grande échelle et multisite d’informatique distribuée pour la collaboration et le partage de ressources entre différents lieux. Certains pionniers l’utilisent. Mais on n’aboutira pas
véritablement à l’informatique à la demande avant au moins dix ans. Dans cinq ans, le concept de base du grid sera profondément enraciné et accepté. Mais pas forcément utilisé par tout un chacun. Le marché est tiré par la demande. C’est pourquoi,
après dix ans, nous ne comptons que quatre cents personnes et ne gagnons pas des milliards de dollars.Finalement, pour vous, qui êtes un pionnier du domaine, quelle est la meilleure définition du grid ?Il y a trop de bruit autour du mot lui-même… A cause d’une confusion avec des projets comme Seti@home, par exemple, les gens pensent que c’est une affaire d’illuminés ! Même la démarche de communication d’IBM apporte
parfois plus de confusion qu’autre chose. Le grid est tout ce qu’il y a de plus courant et ne cache rien de magique. Il s’agit de l’intégration de ressources différentes, hétérogènes et interconnectées. Des machines, du stockage, des périphériques,
etc. Ce n’est que de l’informatique distribuée. Il faut rester pragmatique, démarrer des pilotes, commencer modestement. Les grandes entreprises l’utilisent déjà, et la tendance est irréversible. C’est dans la nature humaine. On doit apprendre à
coexister, à se respecter les uns les autres… et à partager ses ressources.
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